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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Andrea "Andy" Marchini
(chant+basse)

-Tommaso "Tommy" Talamanca
(guitare+claviers)

-Marco "Peso" Pesenti
(batterie)

TRACKLIST

1) Nadir
2) Breathin' Cancer
3) Enslaver of Lies
4) Sometimes They Come Back
5) Hell in Myself
6) Desert Divinities
7) Sadist
8) Happiness 'n' Sorrow

DISCOGRAPHIE

Above the Light (1993)
Tribe (1996)
Hyaena (2015)
Spellbound (2018)

Sadist - Above the Light
(1993) - death metal - Label : Nosferatu



Morbid Angel, Napalm Death, Obituary, Entombed, Cannibal Corpse et... Death, bien sûr: les grands noms du genre homonyme du dernier collectif cité, apparus au mitan des années 1980, sont confortablement installés dans la Comté métallique en cette ultime décennie du millénaire – plus qu'une demi-douzaine d'étés avant l'apocalypse selon Nostradamus. Que d'ambitieux disciples s'aventurent hors des âpres territoires balisés par les géomètres du Mordor découle d'une certaine logique. Dès lors, il faut s'attendre à tout. Du Malmsteen death metal, quelqu'un ? Les gars de Sadist disent banco.

Pour être tout à fait exact, et fort logiquement du reste, c'est surtout Tommaso Talamanca alias « Tommy », le titulaire de la six-cordes ET du clavier, qui relève le défi et entraîne sa troupe dans l'exploration d'un coin de forêt primaire où personne, ou presque, n'avait jugé utile de poser ses Dr. Martens, hormis quelques têtes brûlées ayant osé les synthés dans la réprobation voire l'indifférence des custodes chevelus de la brutalité musicale qui ne jurent que par bends et fast picking: Nocturnus, Amorphis ou encore les novateurs Bataves épiques de The Gathering bricolent ainsi leur death arrangé, imprégné de fragrances surprenantes auxquelles succombe une frange non négligeable du public underground. Le système D est désormais de mise en 1993, les grosses maisons de disque se désintéressant du death metal au potentiel commercial trop limité, laissant le champ libre à une cohorte de petits labels locaux désargentés, tel Nosferatu qui recrute les Génois sur la foi d'une poignée de démos prometteuses. Sans surprise, la production de leur premier essai longue durée intitulé Above the Light ne se distingue pas par une puissance démesurée et pourtant, le son compressé de la section des cordes ne remet pas en cause une densité âcre contrastant avec la clarté des soli, que ce soit ceux exécutés à la guitare ou aux synthés. Ces derniers, ni narrateurs fiévreux façon The Gathering, ni draperies interstellaires à la Nocturnus, s'inscrivent le plus souvent dans une veine classique, essentiellement baroque, proche de celle qu' Yngwie Malmsteen – on y vient - avait exploitée sur ses réalisations initiales.
Sauf que sur Above the Light, les claviers ne font pas simplement office de raffinés faire-valoir mais occupent une place aussi importante que l'instrument de prédilection de Joe Satriani, avec lequel ils guident tour à tour les mélodies concoctées par Tommy, qui joue parfois des deux instruments simultanément – de quoi rendre dingue de jalousie Tony MacAlpine, autre double virtuose à l'approche plus traditionnelle. « Pardon, vous avez dit « mélodies » ? » Oui, jeune fan de Suffocation, il est possible de marier riffs abrasifs et motifs harmonieux tout en entretenant une atmosphère dense et inquiétante. Expositions à tiroirs, accélérations foudroyantes – généralement sur les couplets – piano temporairement apaisant, clavecins qui cavalent: la majorité des pistes progressent en une sarabande intense tout en ruptures, donnant l'impression d'un patchwork sonore qu'une inspiration rarement prise en défaut parvient à rendre cohérent - ok, la fausse flûte sur "Hell in Myself" est sans doute too much. Certes, les « refrains », quand ils existent, manquent un peu d'accroche. Mais avec des compositions aussi marquées par Bach et ses amis contrapuntistes – ainsi que le Coroner période surspeed - il ne faut pas s'attendre à de la ritournelle gavée de leitmotiv tournant en boucle.
Toutefois, certaines occurrences marquent plus durablement le cortex, à l'instar du mélancolique "Sometimes They Come Back". Sur ce titre, les vocaux râpeux d'Andy, qui a remplacé le hurleur précédent quasiment au pied levé, contribuent pleinement à l'ambiance sulfureuse régnant par ailleurs sur la totalité de l'enregistrement, que cet autre polyvalent jeune homme agrémente d'interventions habiles à la basse, dialoguant avec le clavier qu'il complète judicieusement. Peso, en provenance du groupe culte Necrodeath, bastonne ses fûts avec une vigueur indéniable et d'autant plus méritoire que sa prestation n'est pas celle qui est la plus mise en valeur sur Above the Light. Épaulé de ce dextre duo, Tommy peut se laisser aller aux développements vertigineux qui hantent la majorité de cette œuvre impressionnante. Cependant, c'est lorsque le propos se ressert autour de deux thèmes superbes que le prodige ligure lâche ses plus belles créations - toutes deux instrumentales: l'ultra-réverbéré "Nadir" en ouverture et le paroxystique "Sadist", bandes-sons enivrantes et oniriques que l'on pressentirait volontiers pour illuminer une adaptation de l'irréel Roi en Jaune de R.W. Chambers.


Avec Above the Light, Sadist s'invite dans le cercle très fermé des formations de death metal technique et mélodique – Atheist, Pestilence – aussi talentueuses qu'isolées. Également porté sur la vitesse et les plans alambiqués, le trio italien emmené par l'époustouflant pianiste-guitariste Tommy puise quant à lui dans le répertoire classique afin de tisser des pièces hautes en couleur, tantôt rugueuses comme un riff de thrash old school tantôt délicates comme un sonate de Scarlatti. Brillants, vigoureux, virevoltants, les débuts grand format de Sadist, à l'instar de ceux de The Gathering, Cradle of Filth et Pan.Thy.Monium entre autres sections audacieuses, annoncent une ère particulièrement féconde du metal extrême.


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