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CHRONIQUE PAR ...

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Fromage Enrage
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 15/20

LINE UP

-Joseph E. Martinez 
(chant+guitare+claviers+basse)

-Drew Speziale 
(vocaux sur "A Mass For Metaphysicians" et "Clean The Beast"

-Dana Filloon
(batterie+percussions)

TRACKLIST

1) March of the Samsara 
2) Beyond the Pale Societt 
3) A Mass for Metaphysicians 
4) Clean the Beast 
5) All That Is, Is of the One 
6) The Queen's Constellation 
7) Telepaths & Pyramids 
8) Masquerade in Veils 
9) Heresy of the Free Spirit 
10) Black Sarcophagus 

DISCOGRAPHIE


Junius - Eternal Rituals For The Accretion Of Light
(2017) - post rock (et bien plus encore...) - Label : Prosthetic Records



Il existe plusieurs façons d'attendre un album. D'abord, il y a les grosses sorties qui nous rendent fous, celles pour lesquelles on guette la moindre annonce, le moindre bout d'information à se mettre sous la dent. De l'autre côté du spectre, il y a les artistes dont on ne se soucie plus et dont on regarde les albums défiler avec une indifférence glacée. Et quelque part au milieu de tout cela, il y a les bonnes surprises, les groupes que l'on estime mais que l'on avait un peu oubliés, et dont chaque nouvel album est comme un beau cadeau que l'on n'espérait plus. Vous l'aurez compris, ce troisième album de Junius s'inscrit dans la dernière catégorie. Sans quoi cette introduction n'aurait aucun foutu sens.

Junius. Un cas plutôt épineux. Groupe vaguement culte, trop méconnu sous nos latitudes, mais très apprécié par une petite fanbase plutôt fidèle. Plus délicat encore est le problème de la classification du groupe. D'aucuns leur accolent l'étiquette post-rock. Franchement, les gars...? Les compositions de nos américains sont loin d'avoir quoi que ce soit en commun avec les fresques apocalyptiques de Godspeed You! Black Emperor ou les plages électro-atmosphériques grisonnantes des écossais de Mogwai (pour ne citer que deux pointures du genre). Du post-rock, Junius conserve tout de même la force de frappe – guitares puissantes et jeu de batterie déchaîné – pour l'enrober dans une approche plus « chansons ». Et il aurait justement été dommage que, tout comme nombre de formations post-rock, Junius se contente d'être un groupe instrumental. Nous aurions alors été privés de la voix céleste de Joseph E. Martinez. Tour à tour psalmodiées, susurrées ou envoyées avec une force inébranlable, ces interventions vocales sont toujours une source de frissons. Et surtout, elles sont là pour renforcer l'aspect mystique de musique du groupe.
Mystique. Oui, le mot est fort. Mais il paraît indissociable de l'identité musicale de Junius. Chaque morceau du combo joue au funambule sur une ligne mince, entre fureur et ferveur, le son résonne comme dans un lieu de culte, les thèmes abordés sont graves. Les mélodies au clavier, toujours très recherchées, apportent une emphase et une touche de mystère incomparables dans la furie rock que distillent les autres instrumentistes. Écouter Junius, c'est chercher à voir plus grand, plus loin, à comprendre ce qui nous dépasse. Ce troisième album ne fait pas exception, et l'on reconnaîtra sans difficulté aucune cette aptitude à créer des morceaux à l'atmosphère de messe stellaire. Vous pardonnerez cet enchaînement de phrases pompeuses, mais décrire le son du groupe au néophyte est loin d'être chose aisée. Pour ceux qui, au contraire, seraient déjà accoutumés des précédentes réalisations, le chemin est d'ores et déjà balisé. Junius sonne toujours comme Junius, et comme personne d'autre.
Et là est le problème. Si The Martyrdom Of a Catastrophist déployait sa fraîcheur et faisait éclater le style unique du groupe avec brio, si Reports From the Thresholds of Death sonnait comme une confirmation de grande qualité, Eternal Rituals for the Accretion of Light (ces titres à rallonge, bon Dieu) ne peut quant à lui pas jouir du statut privilégié que peuvent avoir les premiers ou deuxièmes albums. La fraîcheur, la puissance de la découverte ne sont plus des atouts que le groupe peut faire valoir. Bien sûr, retrouver Junius est toujours un petit événement, mais la surprise n'est cette fois-ci plus au rendez-vous. Pour ne pas être d'une mauvaise foi totale, citons quelques micro-nouveautés, comme ces quelques vocaux plus agressifs et plus sombres. Discrets et fondus dans les chœurs du refrain sur ''A Mass For Metaphysicians'', plus en avant sur ''Clean the Beast''. On retrouvait déjà pareille tentative de durcir le propos sur le précédent EP. Junius effectue un timide pas en avant. ''Telepaths & Pyramids'', elle aussi, s'extirpe de la palette habituelle de Junius pour peindre un tableau plus atmosphérique, plus inquiétant aussi, à coups de mélodies rampantes et de vocalises spectrales. Enfin, ''Masquerade in Veils'' part vers des horizons plus acoustiques. Joli, mais pas la réussite majeure de l'album.
Pour ce qui est du reste... nous sommes peut-être en territoire connu, mais bon sang, que c'est beau ! Junius tutoie les étoiles avec des compositions sublimes telles que ''The Queen's Constellation''. C'est simple, l'association guitares tempétueuses / claviers de cristal n'a jamais aussi bien fonctionné que sur ce titre. Et que dire de la dernière section instrumentale, toute en tension mais d'une très grande délicatesse. Même l'interlude, exercice que Junius n'a pas pour habitude de réussir, est de belle qualité cette fois-ci, avec ''All That Is, Is Of the One'' (quand je vous disais mystique...). Et bien sûr, impossible de ne pas faire mention des deux derniers titres, qui achèvent l'auditeur déjà conquis. ''Heresy of the Free Spirit'' est porté tout du long par l'une des mélodies les plus lumineuses et les plus intenses dont Junius ait jamais accouché, sans parler des vocaux de Martinez, à leur meilleur. ''Black Sarcophagus'' quant à elle se rapproche un peu du post-rock que nous évoquions en début de chronique, par sa volonté de construire un crescendo. Et que c'est réussi. Junius est dévastateur lorsqu'il s'aventure dans des compositions plus longues, et quelle plus belle preuve que ce dernier morceau, doté d'un build-up crépusculaire et d'une conclusion d'apocalypse ?

Les groupes qui ont « leur » patte posent toujours un dilemme. Album après album, doit-on célébrer la confirmation d'un vrai talent créatif bien affirmé ou au contraire, sanctionner un groupe qui s'embourbe, s'enferme dans le style qui est le sien ? Il n'y a évidemment pas de réponse toute faite. Mais compte tenu de la qualité déployée par Junius sur Eternal Rituals for the Accretion of Light, difficile de ne pas pencher en faveur de la première réponse. Bravo.


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