CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Susanna Vesilahti
(chant)
-Jari Hautala
(guitare)
-Harri Hautala
(guitare+claviers)
-Teemu Vähäkangas
(basse)
-Jukka Hantula
(batterie)
TRACKLIST
1) Birch of Fornjot
2) Kainun kuningas
3) Jack's Feast
4) The Masks of Enchantment
5) Pan the One
6) Druids Are A-Coming
7) Slow Moving Creatures
8) Visionnary's Last Breath
9) Suo (Kantaa Ruumiit)
10) The Forest
DISCOGRAPHIE
Unshine, c’est un peu François Hollande.
Ça c’est de l’accroche hein ? C’est le genre d’affirmation qui attise au plus haut point la curiosité du lecteur. En tout cas, c’est ce qu’on m’a dit dans mon cours de marketing. Mais pas de malaise : je m’explique. Hollande, c’était la présidence « normale » - et les motocyclettes aussi, mais c’est une autre histoire. Unshine, c’est le metal à chanteuse normal – ou « druid metal » normal pour reprendre leur propre appellation.
« Confessor est le groupe anti-hipster par excellence. » Cette phrase, pêchée au détour d’une conversation metallique sur un réseau social impliqué particulièrement à la mode en ce moment, énonce une grande vérité. Confessor est peut-être le groupe le moins clinquant de l’univers – ce n’est d'ailleurs pas un défaut. Mais dans le monde du metal sympho avec une dame dedans, Unshine fait également assez fort. Comme son nom l’indique, le groupe ne brille pas. Il joue sa musique, simple, efficace, sans faire grand bruit, sans tenues de cuir ni décolletés pigeonnants. L’album Dark Half Rising contient une demi-douzaine d’excellents titres, accrocheurs mais sobres, mettant parfaitement en valeur le chant de Susanna. J’y avais particulièrement apprécié sa justesse de ton. Cinq longues années après, voilà les Finlandais qui reviennent, sur la pointe des pieds, comme d’habitude. Dire que j’attendais l’album avec une ferveur digne des processionnaires de la Sainte Vierge dans les rues de Séville serait mentir, mais la perspective de me replonger dans cet univers m’a tout de même émoustillé un peu. Après une dizaine d’écoutes, le plaisir est-il au rendez-vous ? Globalement, oui. Vous attendez le « mais » ? Il va venir. Avant cela, parlons des points positifs. Susanna chante toujours aussi juste. Unshine sait toujours composer de manière efficace et Astrala n’est pas l’album de la révolution.
Les artistes insistent cependant plus sur le côté pesant de leur musique et ce nouvel album sonne plus doom que l’antérieur. C’est vraiment flagrant sur l’excellent "Jack’s Feast" , où la rythmique évoque par moments le premier Cathedral. Ce surplus de lourdeur, accompagnant les mélodies faciles chères au groupe est également un atout sur "Pan the One", ou le magnifique "Slow Moving Creatures", où il fait ressortir, par contraste, la luminosité du plus beau refrain que le groupe ait jamais composé. Néanmoins – nous y voilà -, si aucun des morceaux n’est mauvais – pas même le titre final de dix minutes, alors que le même exercice constituait l’un des rares points faibles de Dark Half Rising - , alourdir l’ensemble confère une certaine mollesse à l’album. Et, malgré les blast-beats présents sur "The Masks of Enchantment" - si, si, je vous assure ! -, on a un peu l’impression que le groupe se traîne. Pas que l’aiguille du compteur atteigne la zone en bas à gauche, réservée au funeral doom. On a plutôt l’impression que le groupe pèche par manque de conviction. "Druids are A-Coming" est peut-être une exception, mais pour le reste, on aurait envie d’administrer une injection de caféine en intraveineuse à notre équipe et l’on en vient à regretter l’aspect "sautillant" de l’œuvre précédente. La sensation globale reste très positive et les très bons titres évoqués précédemment soutiennent l’œuvre, mais de temps en temps, on se seent gaaaagné paaar un coooup de mooou, vous voyez ?
Astrala est une œuvre plus que correcte, dans la lignée de l’opus précédent, et réserve quelques moments vraiment magiques, notamment "Slow Moving Creatures". Néanmoins, à plus insister sur la lourdeur qu’auparavant, le groupe perd paradoxalement en intensité et, si l’album reste fort plaisant, il emballe moins que le précédent. Il n’empêche que si vous cherchez plutôt du solide que du bling-bling, n’hésitez pas à écouter les mélodies de ces Non-brillants scandinaves.