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CHRONIQUE PAR ...

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Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Masha "Scream" Arkhipova
(chant+claviers)

-Sergey "Lazar"
(guitare)

-Vladimir "Wolf" Reshetnikov
(instruments folkloriques)

-Ruslan "Kniaz"
(basse)

-Andrey Ischenko
(batterie)

Guests :

-Anatoliy Pakhalenko
(chant)

-Radimir
 (narration)

-Bogdan
 (narration)

-Robert Engstrand
 (piano)

-Alexander Kozlovskiy
(violoncelle)

-Alexander
(tuba)

TRACKLIST

1) Mantra (Intro)
2) Shtorm
3) Tseluya zhizn'
4) Rebionok bez imeni
5) Khram
6) V pogonie za beloj ten'yu
7) V ladonyah bogov
8) Volchitsa (Vedan Kolod cover)
9) Mantra (Outro)

DISCOGRAPHIE

Vo Slavu Velikim (2005)
Goi, Rode, Goi! (2009)
Slovo (2011)
Stenka Na Stenku (2011)
Yav (2014)
Khram (2018)

Arkona - Khram
(2018) - folk pagan metal - Label : Napalm Records



Pour qui est versé dans le pagan metal, le nom d’Arkona est loin d’être inconnu. Les Russes sortent régulièrement des disques et Khram est déjà le huitième au compteur, neuvième si l’on inclut le réenregistrement de Vozrozhdenie paru en 2016. Souvent marquées du sceau de la qualité, leurs livraisons sont appréciées par les amateurs de metal extrême teinté de folk. Cette nouvelle pièce viendra indubitablement renforcer un édifice discographique déjà solide. 

Les premières écoutes ne laisseront planer aucun doute. Avec Khram, Arkona présente une facette de sa personnalité bien plus sombre qu’auparavant. Dès l’introductif "Mantra", avec la présence vocale d'Anatoliy Pakhalenko de Nytt Land, le ton est donné. Vous voici plongé dans un univers inquiétant, empreint de mysticisme. Masha se fait la prêtresse de ce temple qu’est Khram, envoûtante et sinistre à la fois. Avouant avoir donné au public une part d’elle-même, se dévoilant en proposant des thèmes profonds, la chanteuse offre une prestation remarquable. Toujours aussi à l’aise et alternant chant clair et vocaux extrêmes, celle qui personnifie souvent le groupe est une fois encore à saluer comme une excellente artiste. Elle magnifie des compositions pourtant déjà captivantes. Parlons d’ailleurs de ces titres qui sont très réussis. Plus agressifs et violents qu’à l’accoutumée, ils montrent un groupe qui se laisse aller à des élans de fureur comme sur "Shtorm". Mais les Russes ne se contentent pas de jouer la carte de l’agressivité. Ils élaborent des morceaux qui s’étirent souvent, laissant libre cours à leur créativité. Les dix-sept minutes de "Tseluya zhizn'" se développent avec une facilité déconcertante. Mélodique, puissante, avec des passages plus posés, cette composition intègre une narration enfantine, à l’instar du dernier Wardruna, œuvre des enfants de Masha et de son mari Sergey "Lazar". Cette pièce est tout simplement excellente et prouve que le groupe possède des ressources que l’on ne soupçonnait peut-être pas. 
Arkona parvient en effet à surprendre, sans dérouter. L’étonnement vient de la propension de la formation à donner vie à des pièces très cohérentes, dans lesquelles chaque détail a été pesé, le tout finement ciselé par une très bonne production. S’éloignant un peu de ce que le public avait l’habitude d’entendre, à savoir un pagan metal de qualité mais parfois trop joyeux, les Slaves réussissent le tour de force de bâtir des titres bien plus tragiques, ce qui devrait plaire aux amateurs de sonorités plus extrêmes. A ce propos, les parties purement folkloriques sont des plus sérieuses. Semble révolu le temps des passages gais évoquant une ambiance fête médiévale. Désormais, les interventions de Vladimir "Wolf" Reshetnikov, sont marquées par une certaine gravité et sonnent toujours justes. Comprenez que les compositeurs ne se sont pas forcés à plaquer ses apparitions pour donner un aspect folk attendu. Lorsque flûtes ou gaita gallega apparaissent, ils apportent toujours quelque chose au morceau. Et pas envie de danser. Les mélodies composées sont au contraire plutôt mélancoliques, renforçant dès lors l’aspect brumeux de l’album. D’autres instruments viennent enrichir le discours des Russes. Une guitare sèche laisse parfois quelques arpèges s’échapper, comme par exemple pour clore le morceau éponyme. Plus surprenant, le piano qui ouvre "V ladonyah bogov", mais qui s’avère finalement être élégant, sans oublier les discrèts, mais réussis, passages de claviers hypnotiques. Après une reprise d’un titre de Vedan Kolod, groupe de folk russe, l’ensemble s’achève comme il avait débuté, invitant l’auditeur à se replonger dans les méandres de cette livraison, encore et encore. 

Khram est, vous l’aurez saisi, un excellent disque. Aux yeux de beaucoup, il deviendra rapidement le meilleur de la troupe russe. Véritable plongée dans un univers cafardeux, il se découvre lentement, demandant un effort et de nombreuses écoutes pour en saisir toutes les subtilités. Mais quel plaisir alors de se laisser guider et de s’évader dans les tréfonds de ce temple. Arkona vient assurément d’offrir l’une des plus belles choses de la scène pagan, qui ne manque pourtant pas de représentants talentueux. Impressionnant.


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