Les membres de Stormwarrior sont forts. Non, mine de rien, c'est quand même un sacré tour de force de réussir à asseoir une solide réputation sur la scène speed mélodique en ne faisant que du sous-Kai Hansen, et ce sans aucune évolution perceptible. Bon cette réputation, elle a surtout été acquise à grands renforts de collaborations avec le bonhomme suscité avec forces reprises issues de Walls of Jericho, galette dont le combo doit se nourrir tous les matins au petit déjeuner.
Le problème avec ce genre de formations, c'est qu'on a un peu l'impression qu'elles ont raté le train. Bah oui, le revival true metal, c'était à la fin des années 90, pas en 2008. Bien au contraire, diraient même certaines mauvaises langues qui oseraient supputer que le genre s'essouffle sévèrement, et ce depuis une bonne poignée d'années maintenant. Car force est de reconnaitre que la copie est soignée. Autant des fois ça ressemble furieusement à l'original, avec un "Metal Legacy" dont le titre parle de lui-même, autant il y a carrément de la bonne vieille repompe, et ce dans les grandes largeurs, avec "Ragnarök". D'ailleurs, tant qu'à pomper, autant pomper respectueusement en ne mettant aucune patte personnelle et copions aussi le timbre de la référence, qui est déjà loin d'être un modèle dans le genre. Peu de formations peuvent se targuer de réussir l'exercice de mimétisme de manière aussi impressionnante, et ce n'est pas faute d'avoir essayé!
Le problème, c'est que Stormwarrior, c'est rarement intéressant. Dans cet exercice vain de donner une suite au légendaire Walls of Jericho qui reste en lice dans le cœur des fans pour le titre de meilleur album d'Helloween mais qui n'a pas eu droit aux faveurs d'un Part II, le combo se casse sévèrement les dents. Oui, c'est sûr: l'original, ce n'est pas n'importe quoi aussi! Mais ça n'empêche que certaines erreurs ne devraient plus être permises, comme par exemple, faire des albums conceptuels basés sur la mythologie nordique, ce qui a été fait et refait des dizaines de fois, et qui n'est donc plus à faire. Autre exemple: en 2008, nommer une chanson "Metal Legacy" sont des choses qui ne se font plus, et qui prêtent encore légèrement à sourire, même si la blague commence un peu à lasser. Surtout avec des paroles aussi parodiques et une musique ne faisant preuve d'aucune once d'originalité.
Pourtant, ce n'est pas faute d'y mettre les moyens. La production est léchée et travaillée par un duo composé de Piet Sielck (Iron Savior, Savage Circus) et de Tommy Hansen (Helloween, Hammerfall), respectivement au mix et au mastering, rien que ça! Et niveau musique, ça part dans tous les sens, c'est complexe, rapide, épique, mélodieux... Mais la sauce ne prend que très rarement. Quelques bonnes idées fourmillent ci et là, et l'on peut reconnaitre à certains titres une accroche évidente, à l'image de "Lion of the Northe" et son introduction plus douce, une bénédiction pour les oreilles dans cette avalanche de riffs, et ses passages instrumentaux à tiroirs. Hélas, tout cela reste bien loin qualitativement parlant des références qu'il tente vainement de sublimer, et pire, ça lasse. Les rares moments où l'album vit réellement sont quand la musique arrive à vous faire ressentir cette nostalgie de la grande époque d'Helloween, et ils sont rares.
Voilà donc bien un album qui n'est pas sorti la bonne année, ni même la bonne décennie. Nul doute que 20 ans auparavant, le combo aurait peut-être trouvé son public. Et encore, il n'aurait pas totalement convaincu, la faute à un sujet même pas parfaitement maitrisé, non pas techniquement, mais qualitativement parlant. Le groupe, s'il a su trouver un public outre-Rhin, aura bien du mal à s'imposer avec cette recette dans notre plus capricieuse patrie, et c'est bien compréhensible. Pourtant, il y a incontestablement quelques sursauts de talent chez Stormwarrior, qui ne sont clairement pas utilisés à bon escient pour le moment...