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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 17/20

LINE UP

-Jessie Chaton
(chant+claviers)

-Mohamed "Mom" Yamani
(chœurs+guitare)

-Ramon "Rae Mone" Pavez
(chœurs+basse)

-Antoine Goussard
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-Yan Gorodetzky (Gush)
(chœurs sur "Flesh Reflex")

-Xavier Polycarpe (Gush)
(chœurs sur "Flesh Reflex")

-Vincent Polycarpe (Gush)
(chœurs sur "Flesh Reflex")

-Jean-Max Méry
(claviers sur "Fancy Nation")

-Hervé Salters (General Elektriks)
(claviers sur 5 et 10)

TRACKLIST

1) Fancy Nation
2) Don't Stop Rockin'
3) Shock Me
4) 69

5) Daddy Played Music And Mommy Sang The Rock'N'Roll
6) Star Of The Month
7) Flesh Reflex
8) The Only One
9) All Night Long
10) My Girlfriend
11) Hollywood Now!

DISCOGRAPHIE


Fancy - Fancy Machine
(2015) - rock hard rock glam - Label : Police Records



Bon sang, les revoilà. Huit ans après la sortie de l'invraisemblable Kings of the Worlds – l'un des meilleurs enregistrements des années 2000, pour mémoire – on avait fini par se persuader que jamais son successeur ne verrait le jour, qu'après le succès du tube interplanétaire "D.A.N.C.E." et les tournées avec General Elektriks, Jessie avait lâché l'affaire, bref que c'était foutu et que Fancy resterait pour toujours une fulgurante et frustrante comète dans l'horizon du rock français. Et là, paf, sans prévenir ou presque, les mecs ressortent les amplis. Khôl, rouge à lèvres, strass et futes en spandex jaillissent de l'armoire, les fans sont aussi excités que Gene Simmons au Salon de l'Arrogance, tandis que « les mondes entiers » retiennent leur souffle, impatients de découvrir le contenu de cette œuvre inespérée. Sauf que tout ne va pas se passer exactement comme prévu.

Il fallait sans doute s'y attendre. Une réussite aussi étourdissante que Kings of the Worlds ne pouvait se répéter. Du moins, pas à l'identique. On s'en doutait, mais tout de même, les premières notes de "Fancy Nation", tourbillon de synthés évoquant le vieux néo-prog des années quatre-vingt ressuscité par un claviériste-shreddeur fou, sèment le doute quant aux intentions pacifiques du collectif francilien. Ce dernier aurait-il basculé dans les gouffres capiteux du kitsch au bord desquels il dansait naguère effrontément ? Si le public qui suit le groupe était aussi nombreux que celui de Metallica, polémiques, invectives et anathèmes n'auraient pas manqué de fleurir, à l'instar des empoignades verbales qui accompagnèrent la sortie du Black Album dont le virage stylistique n'avait pas plu à tout le monde. Rappelons au passage que Jessie Chaton, le charismatique chanteur de Fancy, est un adorateur absolu de la bande à Ulrich & Hetfield, de Motörhead, de Mötley Crüe, et même si ses appétences metal ne transparaissent pas dans la musique qu'il concocte avec ses trois camarades, l'urgence et l'outrance caractéristiques du genre dynamitaient chaque seconde du recueil inaugural. Heureusement, les craintes s'estompent sous les coups de boutoir d'une batterie en mode baston que survolent les harangues pleine de morgue du frontman, dont la coupe afro aurait rendu Phil Lynott dingue de jalousie. Moins de trois minutes au compteur, le timing est respecté et le soulagement s'installe doucement - enfin, « doucement » façon de parler, étant donnée l'allure à laquelle a déboulé l'engin.
Le tempo du suivant est plus mesuré, laissant saillir les courbes chromées d'un rock-hard fm choral où harmonica, guitare et claviers y vont chacun de leur solo. Solo ? Il n'y en avait aucun sur la réalisation précédente. Le ressenti initial trouve alors sa confirmation. Fancy a muté. Pas radicalement, mais l'évolution se révèle suffisamment significative pour s'imposer telle une évidence : la sensualité vigoureuse des années soixante-dix a laissé la place à l'érotisme glacé de la décennie suivante. Le Van Halen de 1984 a remplacé celui de 1978, le funk chaleureux teinté de disco s'est effacé au profit de la version âpre jadis véhiculée par Prince. L'influence revendiquée de ce dernier se retrouve ainsi dans la lourdeur salace, les claviers grinçants et les percussions saturées de "Shock me", illuminé par un refrain plus subtil que son intitulé ne le laisse supposer, parsemé de tendres vibraphones et encadrés de chœurs judicieusement placés pour faire grimper la température. Ces éléments garnissent la majorité des pistes, selon un dosage délicat qui déçoit rarement. Certes, quelques mélodies un peu moins marquantes que celles auxquelles les Parisiens nous avaient habitués empêchent de totalement s'enthousiasmer sur certaines chansons. Les bidouillages électroniques qui s'incrustent ça et là, censés appuyer la touche rétro, ne sont pas toujours du meilleur effet – comme sur l'interlude "Star Of The Month" ou le trop relâché "My Girlfriend", grevé d'une chorale nasillarde. Mais chaque morceau recèle une trouvaille qui au pire le sauve du quelconque – le suave refrain du dernier nommé, par exemple – au mieux le bonifie.
Ainsi le tonique "69" - non, il ne s'agit pas d'un hommage à Lyon et sa banlieue - bénéficie de l'amour immodéré de Chaton pour les synthés vintage et son sens du gimmick immédiatement mémorisable, tandis que le solaire "All Night Long", gorgé d'arrangements cristallins, rayonne d'une insouciance que l'on croyait perdue. Et c'est au bord de l'extase que mène "Flesh Reflex" avec ses chœurs allègres qui dopent les couplets, son pré-refrain parfait dans son rôle d'hyper tenseur avant que ne retentisse un thème aussi évident qu'imparable. On se met alors à rêver de l'effet que ces petites beautés auraient produit si elles avaient été parées d'une guitare un peu plus provocante et de graves au galbe affirmé – à se demander parfois si Rae Mone a réellement joué de la basse sur ce LP (encore un point commun avec Metallica...). Ainsi, la tentative de rock à la Chuck Berry "Daddy Played Music And Mommy Sang The Rock'N'Roll" tombe à plat essentiellement en raison d'une six-cordes aux crocs trop limés - inhabituelle erreur d'appréciation de la part de ces esthètes revival. Heureusement, sur "Hollywood Now!" le quatuor remet les pendules à l'heure de manière magistrale avec une hargne retrouvée : initié par la punition qu'inflige Antoine Goussard à ses fûts - histoire de bien faire comprendre que la pause câlin est terminée - le titre de clôture explose grâce à une fulgurante intervention au feeling van-halenien de Mom qui avait déjà donné un trop bref aperçu de ses dextres aptitudes sur "The Only One". Poussé à l'arrière-train par ses compères déchaînés, Chaton crache dans son mic comme aux plus beaux moments de Kings of the Worlds et met fin aux hostilités dans un ultime accès d'ultra-stridence. Quel plaisir de constater que la conquête des States, et donc du monde, figure toujours au programme !


Finie l'hibernation, l'intrigante créature Fancy s'est réveillée et bien que son virage eighties à fond les synthés lui fasse perdre un peu de son pouvoir de fascination, elle demeure suffisamment énergique et inspirée pour faire chavirer bien des cœurs et des corps dans un récital de mélopées aussi emballantes que suggestives. Ah oui, au fait, on a failli oublier : si des sujets allergiques aux voix de castrat déformées par l'hystérie passent dans le secteur, qu'ils ne s'attardent surtout pas - le risque pour eux de développer un œdème de Quincke de la taille d'une montgolfière avoisine les 200%. Les auditeurs de goût n'auront quant à eux qu'une question après cette nouvelle réussite qui s'est tant fait désirer : faudra-t-il attendre aussi longtemps pour savourer la suivante ?



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