CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Stefan Ruiters
(chant)
-Robert Ruiters
(guitare)
-Jeroen Haverkamp
(guitare)
-Lucas van Slegtenhorst
(basse)
-Jason Köhnen
(batterie)
Guests :
-Edith Mathot
(violon)
-Sylvester Piyel
(claviers)
TRACKLIST
1) Cherish My Pain
2) The Merciful
3) In Sweet Bitterness
4) Ophelia
5) Together in Solitude
6) Mother of All Passions
7) Flowerskin
8) Afterglow
9) For Eternity
DISCOGRAPHIE
Se jeter à corps perdu, avec toute la maladresse que cela implique, sans se soucier du qu’en-dira-t-on… Avec le recul dont on dispose maintenant, il est peu de dire que The Crestfallen EP et As the Flower Withers ont suscité des vocations. L’un des groupes les plus fervents et les plus rapides à suivre les traces larmoyantes des deux géants anglais, c’est Celestial Season. Les jeunes gens plongent comme des morts de faim dans l’univers fraîchement descellé du gothic-doom-death, le temps d’un album, pouvant prêter à sourire – à rire ? – pour un auditeur n’ayant pas connu les débuts de cette scène.
Oui, il faut bien le reconnaître. Tout comme Pyogenesis dans sa jeunesse, nos amants fraîchement sortis de l’adolescence, sont patauds. Maladroits. Et regardez-moi cette pochette ! Difficile de faire plus peyrave sans s’en remettre aux crayonnages dignes d’un mauvais élève de maternelle ornant bon nombre des pochettes de notre genre favori. Et cette sensation de mauvaise coordination entre batterie, guitare et voix ? Ça sent le débutant, non ? Et je ne vous parle pas de certains ratés en live avec le violon qui, ne trouve pas encore sa place… Et pourtant. Si tout amateur de perfection musicale peut aller faire un tour autre part, ceux qui pleurent en écoutant Angellore, Draconian et tous leurs amis, doivent tenter ce Forever Scarlet Passion de mon cœur. Eux comprendront, il me semble. Ils pardonneront toutes ces erreurs de jeunesse et ne retiendront que le principal : Celestial Season émeut et écrase. Les bataves pleurent des larmes écarlates en riffant lourd. Ils appuient tout, avec cette délicieuse outrance si propre au goth-metal, qui fait de l’excès sa marque d’excellence.
Tout est sur-joué : les séquences violons ("The Merciful"), le chant tristos – autant le clair que le growlé –, la moindre frappe du batteur, les claviers – on a certainement dû changer les touches après l’exécution de "For Eternity" et, bien sûr, les guitares. Les Hollandais sont pesants et enchaînent les riffs sur un mid-tempo conférant au tout un côté un peu plus groovy et accessible que la moyenne ("In Sweet Biterness", "Together In Solitude"). Résultats des courses : seul le pâle "Afterglow" n’est pas frappé sous le sceau de la magie candide et heavy des apprentis gothic-doomsters. Pour le reste, tout fan, oublieux des imprécisions mentionnées plus haut, devrait apprécier l’intensité de l’affaire, verser sa petite larme sur la seconde partie de "In Sweet Bitterness / Ophelia" - il s’agit en fait d’un seul morceau, ne vous avisez pas d’écouter l’un sans l’autre, et secouer furieusement la tête sur le break à la "Pity the Sadness" de "For Eternity". Romantique en diable, Forever Scarlet Passion est le parfait remède contre le cynisme ambiant.
Deux évènements feront que j’arrêterai de me passer en boucle cet album : la mort – quoique… –, la catastrophe écologique provoquant l’arrêt de la production électrique mondiale - et encore... Tous ses défauts écornent à peine la candeur et la magie d’une des premières œuvres du genre. Forever Scarlet Passion, c’est le premier dessin que vous dessine votre gamin. Inoubliable.