CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Philippe Charny Dewandre
(chant)
-Pierre Danel
(guitare)
-Nicolas Hørbacz
(guitare)
-Jihane "JJ Groove" Langlois
(basse)
-Morgan Berthet
(batterie)
A participé à l'enregistrement :
-Rick Graham
(guitare sur "GLHF")
TRACKLIST
1) Stone of Mourning
2) GLHF
3) Episteme
4) Episteme Part II
5) 'Til the Ground Disappears
6) A November Day
7) Dominique
8) Ropes of You
9) Bittersweet Guilt
10) Seven (the Stick Figures)
DISCOGRAPHIE
Pour les amateurs de djent et de metal progressif qui traînent dans les bas-fonds des concerts parisiens, les Franciliens de Kadinja ne sont pas des inconnus. Tournant un peu en Île-de-France, les Parisiens avaient ouverts pour The Algorithm en 2013 lors de la sortie de leur premier EP éponyme. Ils avaient ensuite été remarqués en Allemagne en jouant à l’Euroblast en octobre 2015, se laissant le temps de se faire la main et peaufiner leur style pour enfin sortir en 2017, après deux EP, leur premier album Ascendancy. Et pas sur n’importe quel label, puisqu’il s’agit de Klonosphère ! Alors grosse découverte dans le style très codifié du djent ou simple pétard mouillé ?
Ascendancy fait partie de ces réalisations qui bluffent à la première écoute. Morceaux bien maîtrisés, gros riffs de tueurs permettant de headbanguer comme un fou, chanteur très correct que ce soit en chant clair ou en growl, musiciens bien techniques et possédant un vrai sens de la mélodie, il n’y a pas grand-chose que les Français ne maîtrisent pas. Car l’écoute de ce premier LP s’inscrit vraiment dans la droite lignée de sections de djent rentre-dedans. Les guitares se veulent massives et le mix frontal. Tout est fait pour que l’auditeur se prenne à chaque titre des parpaings dans la gueule que ce soit par les riffs djent, les hurlements ou la batterie qui cogne comme une folle furieuse. Pour autant, la mélodie n’est pas oubliée, que ce soit par l’alternance growl / chant clair ou par la présence de refrains ultra pop qu’un Periphery ne renierait pas. Même les guitaristes jouent le jeu en étant tantôt axées riffs qui butent, tantôt ultra mélodiques ("Seven (The Stick Figures)") agrémentant la plupart des morceaux des jolis soli ("GLHF", "Bettersweet Guilt"). L’amateur de mélodies et de gros riffs djent prog devrait ainsi s'y retrouver.
Car clairement le quintet n’a pas décidé d’appuyer sur la pédale de décélération pendant les cinquante minutes du disque. Du coup les morceaux s’enchaînent aisément, sans pour autant créer un sentiment ou de trop plein à la fin de l'album, notamment grâce à une bonne maîtrise de couplets hurlés et de refrains plus calmes. Mais cela pose tout de même certains problèmes quand à l’identité du collectif. Il arrive régulièrement de penser à Textures (l’excellente "‘Til the Ground Diasppears", les riffs piégés d’"Episteme"), mais surtout à Periphery ("Episteme Part II", "GLHF") notamment dans cette volonté d’alterner parties propices aux headbangs et parties mélodiques. D’ailleurs, certains morceaux suivant cette logique fonctionnent particulièrement bien ("A November Day" et ses chœurs, les parties presque rappées de "GLHF"). Mais on appréciera davantage les pistes plus couillues comme la très directe "Dominique" (et son début drôle et bien trouvé) ou "Ropes of You" sur laquelle plane une menace permanente. En réalité, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce premier effort longue durée si ce n’est un son de batterie mat qui ne rend pas justice au travail de Morgan Berthet.
Ascendancy constitue un très bon recueil de djent metal progressif. Classique dans son approche, l'œuvre file en ligne droite, distribuant les riffs brises-nuques, les refrains pop et les mélodies accrocheuses. Avec un tel album et des musiciens aussi talentueux, l’aventure Kadinja est promise à un bel avenir pour peu que le groupe arrive à davantage se détacher de ses influences. En attendant, Ascendancy se hisse au-dessus de la mêlée des productions de djent, ce qui n’est pas un mince exploit !