CHRONIQUE PAR ...
Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-S
(chant)
-V
(guitare)
-J
(guitare)
-G
(basse)
-P
(batterie)
TRACKLIST
1) Hanging Despair
2) Everlasting Cycle Of Self-Destruction
3) The Skies Are Open...
4) Ocean's Embrace
5) ...And The Great Ones Are Falling
6) Homicidal Echoes
7) Unseen Nightmare
8) Moonside Lake
DISCOGRAPHIE
A vous de voir comment vous voulez aborder cette chronique. Un groupe de post-black, à tendance dépressive, ça vous évoque très certainement le froid. Mais si on vous dit qu’il vient d’Espagne, de Catalogne, et même de sa capitale, Barcelone ? Ça fleure bon le soleil et la chaleur d’un coup, non ?
C’est sûr que ça change des pays scandinaves. Et c’est cela même qui attire l’attention, tant les pays septentrionaux disposent d’un contexte assez solide et rationnel pour composer une musique aussi froide et noire. A contrario, qu’est-ce qui peut pousser cinq personnes habitant dans une ville réputée pour son tourisme et son emplacement côtier, à composer dans cette direction ? Une belle prouesse déjà. Après s’être rassemblés en 2014, les Catalans sortent donc ici leur premier opus sous le nom d’Insight, arborant une couverture bichromatique mêlant univers de Tolkien et légende scandinave médiévale. Cette sortie se fera d’ailleurs en deux temps, puisqu’on la retrouvera d’abord uniquement sur leur Bandcamp en téléchargement libre le 25 octobre 2016, avant qu’elle ne voie le jour en version physique (en édition limitée), deux mois plus tard, la veille du jour de l’an 2017. Alors oui, un groupe de black metal dont le nom finit par le suffixe -um, ça rappelle inévitablement Burzum. Raccourci un peu trop étroit, mais inéluctable.
Alors en quoi cette auto-production, dépassant de peu la demi-heure, peut nous rappeler les plages de la côte catalane ? Pour être franc, aucun élément ne nous le permettra. Du moins, parmi ceux que l’on met à notre disposition. Car seuls les titres le sont. Les paroles étant introuvables, on se contentera du champ lexical de ces derniers. Même les patronymes des artistes ne sont pas très explicites. Tournons-nous donc vers les instruments. Le post-black que délivre Vallum ne se détourne pas des postulats du genre. Une musique froide, pas forcément agressive, ni au bord du désespoir, comme Silencer ou autre Psychonaut 4, mais jouant plutôt dans le registre de la mélancolie. La voix de S, bien qu’indéchiffrable, n’est pas extrême pour le genre, mais suffisamment rauque pour vous percer les tympans. On trouve très peu de blasts chez nos amis ibériques qui préfèrent mettre l’accent sur les mélodies entêtantes et les arpèges discrets et convenus, comme sur les deux premiers titres "Hanging Despair" et la sublime "Everlasting Cycle Of Self-Destruction" dégoulinante à souhaits de nostalgie.
Malheureusement, ces deux – trop – courtes chansons contrastent avec les six autres, dont deux interludes musicaux reliés ("The Skies Are Open…" et "…And The Great Old Ones Are Falling") propres au genre, mais qui n’apportent pas grand-chose au schmilblick. Ils sont entrecoupés par un "Ocean’s Embrace" dont la teneur du riff principal est impossible à dissocier de Varg Vikernes dans ses grandes heures. Les trois dernières pistes alternent entre la médiocre "Homicidal Echoes" manquant totalement d’originalité, et beaucoup trop redondante pour marquer l’attention, l’acceptable "Unseen Nightmare", et l’intéressante "Moonside Lake" qui, forte de ses six minutes, nous prodigue des structures légèrement plus travaillées et étoffées, ainsi qu’un tempo général agréable, tout en insérant un charmant et lancinant solo au beau milieu. Ce qui prouve que le quintet en est donc capable. Dommage qu’il ne le fasse qu’à trois reprises sur huit tentatives.
On est encore loin des Vanhelga, Ofdrykkja, Lifelover et Psychonaut 4, c’est sûr, mais on sent, avec les deux premiers titres, qu’il y a un potentiel certain qui peut être exploité si les pistes prennent un peu plus de consistance, sous tous les angles. Le groupe a au moins le mérite de se distinguer de la masse par rapport à son style et sa provenance, alors on ne va pas tirer sur l’ambulance. Qu’est-ce qu’ils ne feraient pas pour leur indépendance ces Catalans tout de même…