Monsieur Ray Bell est le seul membre cette société unipersonnelle à gros death illimité. Entre quelque EP et split le bonhomme a déjà sorti deux albums : Rituals of Murder en 2013 et Collection of Dead Flesh en 2014. L’Américain musicien sait donc s'y prendre pour composer et organiser un LP. Cette nouvelle mouture conceptuelle se sert des survival horror movie de type Détour Mortel (et sa palanquée de suites) comme propos à illustrer musicalement. Force est de constater que de ce point de vue la release est réussie puisque toutes les introductions ou ajouts sonores aux parties musicales ont le don de foutre la trouille à l'auditeur ou du moins laisser s'installer une saloperie de malaise. Même si la recette est largement entendue et éprouvée cette partie est réussie (l'introduction de "Left To Rot" ou la dernière partie quasi insoutenable si l'on lâche son imaginaire de "Awaiting the Slaughter").
Et la musique dans tout ça ? La musique sera principalement (et évidemment) en mid-tempo, lourd, très lourd afin de bien opprimer et lier le fond avec la forme. La production est d'ailleurs plutôt bonne et équilibrée tant et si bien que l'album d'apparence réservé à un public underground peut s'installer sans avoir à rougir auprès de productions bien plus onéreuses sur le papier. Bell grogne de la bonne façon et on identifie rapidement ce conteur au malade qui nous court après dans la forêt pour essayer de nous éviscérer. Par contre et de l'usage linéaire du riff et du tempo les cinquante minutes se révèlent un peu longues. Même en y ôtant le dernier titre plutôt générique de fin (pour le coup on oublie de death metal) les quelques trois quarts d'heure finissent par lasser un peu. Dommage.
Dommage car au final tous les ingrédients sont présents pour passer un bon mauvais moment. Pour qui veut se démonter le moral autrement qu'en écoutant de la fausse musique dépressive extrême. Il suffisait de « Ring my Bell » pour s'envoyer un album où notre imagination nous embarquerait au gré des compositions malsaines et s'imaginer ainsi son propre horror-movie sur une belle dose de death metal sachant glisser vers quelques ascendances brutales et slam bien senties. Soyons indulgent avec le recul, car l'exercice est plutôt difficile et ce type de tentative finit souvent dans la caricature basique et finissant labelliser en goredeath sans originalité. Encourageons plutôt son compositeur à poursuivre son travail et espérer un nouvel épisode car finalement on ne se sent jamais aussi vivant qu'une fois que l'on affronte de près la mort et a fortiori l'espèce de malade qui en veut à nos boyaux tout du long de l'album.