CHRONIQUE PAR ...
Fromage Enrage
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Oli Brown
(chant+guitare)
-Aaron Spiers
(basse)
-Kev Hickman
(batterie)
TRACKLIST
1) Wanna Feel You
2) Come With Me
3) Inside
4) Hero
5) Supernova
6) Walls
7) Oh My Love
8) Madeline
9) Hate
10) Out of the Rain
11) Eternity
DISCOGRAPHIE
J'aime bien les chroniques de premiers albums. Pas d'interminables changements de line-up à détailler, nul besoin de replacer l'album dans un contexte particulier... et puis, il y a l'excitante perspective de se dire que l'on est peut-être en train d'évoquer les premiers pas d'un futur géant... qui sait ? C'est donc plutôt guilleret que je m'attaque à Nova, premier effort longue durée des britanniques RavenEye. Let's go !
Attention : ce n'est pas parce qu'il s'agit d'une chronique sur le premier album d'un groupe qu'il convient de faire n'importe quoi. Une petite présentation s'impose pour vous, qui entendez sans doute parler pour la première fois de l'existence de ce groupe dans ces colonnes. RavenEye est un trio originaire du Royaume-Uni, qui après un premier maxi autoproduit (Breaking Out, paru en décembre 2015), sort son premier album en septembre 2016. Nos petits anglais versent dans le hard rock léché et très mélodique, à la frontière du rock alternatif, avec même un petit chouïa de stoner. D'agressivité ici il ne sera donc point question, le disque dégagerait plutôt une saine et libératrice fougue (nuance !). Pour un premier effort, le groupe a su mettre les bons ingrédients en place : du refrain qui tâche, un chant convaincant (nous y reviendrons plus bas) et des riffs bien pensés. En d'autres termes, Nova n'est pas le genre d'albums qu'il va falloir écouter cinquante fois avant d'accrocher. Et c'est tant mieux ! Onze titres pour cinquante minutes de musique, le menu est copieux. Trop copieux ? Lisez plutôt !
La "stratégie" que choisit le groupe pour nous faire entrer dans l'album est pertinente : tout commence sous les meilleurs auspices avec "Wanna Feel You" : rythmique à la fois ample et lente, riff incandescent à la lisière du hard et du rock... c'est également le premier contact avec la voix d'Oli Brown, une voix medium capable de quelques belles montées dans les aigus, un timbre chaud, sincère, plein d'une emphase rock'n'roll de bon aloi. Le style du groupe est posé avec ce titre lent et lourd. Et soudain... changement d'ambiance, RavenEye décide d’accélérer un bon coup le temps d'un "Come With Me" rapide et beaucoup plus enjoué, afin qu'aucune monotonie n'ait le temps de venir s'installer. Ça pourrait paraître anecdotique, mais c'est une entrée en matière intelligente finement manœuvrée de la part du groupe. Malheureusement, en dépit de toutes ses bonnes intentions et de son énergie, Nova échoue à maintenir l'adrénaline de l'auditeur à un taux constant durant cinquante minutes. Et si RavenEye a su démarrer son album de belle manière, on ne peut hélas pas se montrer aussi élogieux quant à ses derniers titres. "Out of the Rain", lourdingue, joue les prolongations avec une bonne minute de trop. Et pour "Eternity"... disons sobrement que RavenEye ne brille pas dans l'exercice de la power-ballade.
Un début prometteur, une conclusion plus maladroite... et entre les deux, alors ? Oh, rassurez-vous il y a du très bon : "Hate", portée par le chant d'un Oli Brown particulièrement en verve. Mention spéciale au refrain et au pont, redoutables de sauvagerie. Il y a aussi du moins bon... en fait, passés les quatre premiers morceaux très pêchus, l'enthousiasme diminue progressivement, les morceaux s'enchaînant sans vraiment se démarquer les uns des autres. "Supernova", semi-ballade, est anecdotique. "Walls", qui suit, est du même tonneau : pas déplaisante mais dans le fond assez oubliable. "Oh My Love" est un cas d'école assez frustrant : le groupe en profite pour s'éloigner un peu des sentiers balisés du hard pour proposer quelque chose de plus proche du rock alternatif. L'initiative est louable autant que rafraîchissante, mais la durée excessive du morceau vient entacher ce bel élan créatif. L'album présente ainsi un "ventre mou" assez dommageable, heureusement compensé par "Hate".
Il est temps de conclure. Que dire ? Je déteste être condescendant, en particulier à l'encontre des jeunes groupes débordant de patate et de candeur. Honnêtement, Nova m'a fait passer un bon moment, et recèle quelques titres bien écrits et interprétés avec talent. À côté de ça, les autres compositions, bien plus faibles ou simplement trop longues, font pâle figure. RavenEye a du potentiel, c'est certain. Mais il a encore du chemin à parcourir avant de s'imposer pour de bon. Mais après tout, peu de groupes ont su accoucher d'une tuerie certifiée dès le premier essai...