CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
08/20
LINE UP
-Mona Miluski
(chant)
-Ingwer Boysen
(guitare)
-Christian "Shi" Pappas
(guitare)
-Constantin Wüst
(basse)
-Thomas Wildelau
(batterie)
TRACKLIST
1) A Silver Heart
2) Darkest Days
3) The Gatekeeper
4) Blinders
5) Portrait Mind
6) Gods
7) Down to the Sky
8) Scars & Crosses
DISCOGRAPHIE
High Fighter, à peine éclot, a réussi ses premiers pas. Pour rappel, son premier EP, The Goat Ritual, avait engendré des critiques élogieuses de la part des amateurs de musique lourde. Adoubés par l’un des maîtres du genre, John Garcia, le quintet entend bien transformer l’essai, grâce à son premier album longue-durée, présenté en juin 2016. Après avoir suscité beaucoup d’espoir, que faut-il attendre des allemands ?
Au rayon des bonnes nouvelles, le groupe propose toujours un stoner metal empreint de quelques passages violents. Mais rapidement, des défauts sautent aux oreilles. Plusieurs écoutes plus tard, ces derniers sont toujours là : où est donc passée l’agressivité primaire de leur premier enregistrement ? Une désagréable sensation s’empare en effet de l’auditeur qui ne retrouvera plus cette hargne qui avait pu lui plaire. Non pas que le groupe ait radicalement changé de style, nulle composition sirupeuse n’apparait ici, mais l’ensemble est plus aseptisé. La production, plus claire, y est pour beaucoup. Les guitares sont moins tranchantes, les riffs moins bruts, ce qui rend le tout moins sauvage. Dommage, car le côté bestial des Hambourgeois était un de leurs points forts. Pour preuve, les vocaux de Mona Miluski sont moins virulents que par le passé, l’essentiel de sa partition étant constitué d’un chant clair. Les quelques incursions de hurlements sont de plus moins bien amenés que sur The Goat Ritual. La prestation de la demoiselle en pâtit, pouvant au final plus agacer que convaincre.
Les titres se suivent sans qu’aucun ne parvienne à réveiller un tant soit peu votre serviteur. Sans être mauvaises, ces pièces manquent malgré tout cruellement de relief. Plus convenues, elles ne sont en rien originales et ne se démarqueront pas de la kyrielle de sortie de ce genre. Soyons cependant honnête et reconnaissons aux teutons leur capacité à marier stoner et sludge de façon habile, comme sur l’enlevé "Blinders", plutôt de bonne facture. Maigre consolation lorsque l’on se remémore les compositions de l’EP. Certains ne partageront pas l’avis émis ici et verront dans Scars and Crosses une bonne sortie. Il n’empêche qu’il est difficile de s’enthousiasmer pour des morceaux au mieux corrects. Ou comment gâcher un potentiel pourtant bien réel en cherchant à adoucir son propos. Les allemands ne parviennent pas à se renouveler, ni même à sublimer leurs primes idées. Le temps n’y fait rien, c’est la déception qui l’emporte ici. L’album a-t-il été sorti trop rapidement ? Le quintet n’aurait-il pas mieux fait de peaufiner ce dernier, pour proposer quelque-chose de plus racé ?
Scars and Crosses est, vous l’aurez saisi, une amère désillusion pour qui attendait les allemands au tournant. Peu de rage et de virulence dans cet album qui tombe dans une platitude peu excitante. Espérons que la formation saura retrouver un peu de sauvagerie et d’audace dans le futur, au risque de demeurer à tout jamais dans les limbes du stoner, en compagnie de centaines d’autres groupes, perdus dans l’oubli.