CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Sean Jenkins
(chant)
-Sacha Laskow
(guitare+chant)
-James Duncan
(guitare)
-Nick Foster
(basse+chant)
-Brett Duncan
(batterie)
TRACKLIST
1)Induce
2)Power Control
3)Plasma
4)Methodic
5)Modern Prophecy
6)Strain
7)The Unending
8)Chasm
9)The Diarist
10)Neuro Tyrant
DISCOGRAPHIE
Vous l'aurez sûrement remarqué : la métaphore est l'amie du chroniqueur. Rien de mieux qu'une bonne petite image bien parlante quand on en a marre d'aligner des adjectifs et des adverbes pour décrire le contenu d'un album. C'est ainsi que Crowbar développe une musique de coups de pelle dans la gueule, que la production d'un album de Townsend est un mur de briques que l'on percute à grande vitesse, ou qu'un album de heavy allemand évoquera sans explication réelle un match de ligue 1. Quant à cet album de Divinity il laisse l'embarras du choix : un tsunami ? Une avalanche ? Un cyclone ? Un ouragan tropical ? Difficile de trancher...
Une chose est sûre : on choisira un événement dont on ne saurait sortir indemne, et qui se caractérise plus précisément par une tendance à déborder, malmener puis engloutir la personne qui le subit. L'écoute d'Allegory laisse en effet l'auditeur groggy, sonné par la masse de notes, de breaks, de violence, de mélodie et de haute technique qu'il s'est pris dans la tronche. C'est bien simple : le black mis à part, Divinity pratique tous les styles de métal existants, l'idée étant de coller un maximum de plans les uns aux autres et de varier le contenu sans cesse. Un passage-type de l'album se compose ainsi : riff énorme de type thrash / death mélo avec moult variations sur une rythmique asymétrique, puis blast-beat soudain et effrayant (Brett Duncan est à ce propos une machine de guerre), puis mélodie heavy-metal en harmonie, puis retour au premier riff mais en modifié, puis solo de guitare supersonique, puis re-blast, puis beat-down écrasant, puis plan de death technique, puis start-stop hardcore, etc... chaque titre comportant assez d'idées et de plans pour remplir un album. Et la production étant à la fois massive et limpide, on peut distinguer les performances de chaque musicien tout en s'en prenant plein les dents.
Comme pour les autres instruments le chant est maîtrisé et ultratechnique : des vocaux hurlés aigus à la suédoise hyper saturés laissent parfois la place à un growl death des profondeurs, et de temps en temps à un chant clair de type metalcore ("Power Control"). Divinity peut aller très loin dans l'extrême grâce aux blasts éparpillés sur tout l'album (mention spéciale à "Plasma"), mais aussi dans l'approche mélodique, certains riffs et soli de lorgnant très clairement du côté Helloween / Angra ("Modern Prophecy"). Dans cette déferlante de riffs, de technique et d'idées on trouve aussi du Scarve, du Strapping Young Lad, du Maiden, du Slayer, du Fear Factory... mais à aucun moment on ne trouve du Divinity. Les Canadiens n'ont maheureusement pas réussi à éviter l'écueil évident lié à cette approche puzzle : le manque d'identité. Cette tare s'étend aux différents titres qu'il est impossible de distinguer les uns des autres si l'on n'a pas le track-listing sous les yeux, l'album s'apparentant à une masse informe où la division en segments semble totalement aléatoire. Le niveau de jeu et l'habileté pour tout enchaîner étant ce qu'ils sont tout ça est très impressionant, mais au final ça ne ressemble à rien.
On a donc l'impression d'assister à un exercice de style virtuose mais vain. Allegory est un album qui peut donner envie à n'importe quel musicien de raccrocher les gants, mais qui confortera également beaucoup de compositeurs dans l'idée qu'il ne suffit pas d'envoyer le bois comme un furieux et en permanence pour accoucher d'un album convaincant. Car une idée + une idée + une idée + une idée ça fait des idées... pas forcément de la bonne musique.