Metalium, qui signe mine de rien son septième album, c'est un peu un Primal Fear du pauvre. Les mêmes influences, des chanteurs aux timbres assez similaires... Sauf que l'un a évolué, a signé au moins un album majeur, a réussi à se faire une certaine notoriété, l'autre pas. Incubus changera-t'il la donne? Au-delà d'un suspens parfaitement insoutenable, c'est l'avenir même de l'humanité qui se joue derrière cette question.
Enfin non, pas vraiment en fait. Voire pas du tout, puisque que Metalium, tout le monde ou presque s'en fout un peu. Quelques irréductibles fans ont bien dû suivre la formation depuis son premier effort jusqu'à nos jours, mais la denrée se fait plutôt rare. La raison? Une recette pas tout à fait du meilleur goût et qui n'a jamais changé depuis. Metalium, c'est un peu le heavy metal d'en bas, celui qui se plaint de ne pas être entendu mais qui ne fait rien pour s'en sortir (hu hu hu). Bon, mais on n'en sait pas plus sur Incubus dites-vous? Bande de sots! Regardez donc la note pour vous en convaincre, c'est fait pour ça. Pour que ce soit bien clair, mettons-le noir sur blanc : non, la recette n'a absolument pas changé, pas d'un iota, nada, que dalle. Mieux encore, on entrevoit peut-être même une régression sur certains points, notamment un son brouillon assez étonnant, quand on voit que des formations d'aujourd'hui font mieux dès leur premier album. Rien de dramatique pour autant, mais pour une groupe qui joue tout sur la patate insufflée à ses morceaux, c'est tout de même dommage.
Du coup, une musique déjà peu enthousiasmante niveau innovation en perd encore un peu de ce qui lui restait de charme. Le morceau d'ouverture, après une intro convenue, en est un parfait exemple. Gros riff, double pédale vissée à fond, c'est parti mon kiki pour un bon vieux heavy qui sent bon la bière, l'huile de moteur et la crasse. Histoire de faire un peu son loveur des chaumières, insérons un petit couplet plus mélodieux pour refaire chanter le pot d'échappement sur le refrain, ça fera son petit effet. Ça plus un bon son, ça peut toujours en contenter un bon paquet. Mais non. Puisqu'il faudra bien se taper l'album en entier un jour ou l'autre, l'auditeur sera heureux de tomber, en quatrième position, un mid-tempo, voire low-tempo, bien lourd et crasseux, du genre tas de morve vivant qui se traine lamentablement dans la boue sous une pluie battante pour se jeter sur un pauvre lapin innocent et le dépecer lentement, pour le plus grand plaisir des gros sadiques que nous sommes. Oui, le morceau titre est indéniablement réussi, vous avez bien lu.
L'espoir ne sera pas entretenu bien longtemps, la faute à un "Take Me Higher" pas forcément désagréable mais tellement convenu. Metalium, c'est juste une bonne machine à riffs de heavy bien gras, donc auquel il manque encore un paquet de facettes pour pouvoir produire des titres phares à la louche. Dommage, parce qu'on ne peut forcément pas nier le talent du vocaliste Henning Basse à la tessiture et a la puissance impressionante. Il joue clairement dans la même cour que Ralf Scheepers, son homologue de chez Primal Fear, soit tout de même un cran en-dessous de Ripper. Beaucoup de noms, mais comme ça vous avez une bonne idée du timbre du bonhomme. L'homme gâche clairement son talent dans un combo de seconde zone à faire tout le temps la même chose, mais bon, c'est toujours ça de plus pour Metalium. Notons également un batteur tout à fait insipide, qui se contente de suivre les rythmiques à la lettre sans oser la moindre variation, la moindre petite subtilité qui pourrait apporter quoi que ce soit à la musique.
Le jour n'est donc pas venu que Metalium joue devant un parterre de fans conquis dans un Zenith complet. En l'état, les Allemands sont mêmes condamnés à rester dans un relatif oubli pour le restant de leur carrière, faute de proposer une quelconque nouveauté ou même d'exceller dans son domaine. Et même s'il reste quelques inconditionnels, ils se font bien rares par les temps qui courent.