CHRONIQUE PAR ...
Shamash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Rider G Omega
(chant+guitare)
-Eaten Roll I
(guitare)
-Seerborn Ape Tot
(guitare+claviers)
-Om Rex Orale
(basse)
-Ojete Mordaza II
(batterie)
Guests :
-Kristoffer Rygg
(chant)
-Attila Csihar
(chant)
-Jr Morgue
(chant+guitare)
-Jaime Gomez Arellano
(dulcimer+waterphone)
TRACKLIST
1) A Year With No Summer
2) 10th April
3) Darkness
4) The Kandinsky Group
5) The Polyarnik
6) Black Swan
7) Away / Absent
DISCOGRAPHIE
Alors que certains se font un devoir de ne pas évoluer, de proposer toujours la même recette, parfois au risque d’écœurer ou de susciter railleries et indignations, d’autres cherchent au contraire l’originalité et n’envisagent pas une seule seconde de resservir le même plat réchauffé. Obsidian Kingdom est de ceux-là. Les Catalans, sont en effet les auteurs d’un premier album des plus prometteurs, Mantiis, sorti en 2012. Le public ne s’y est pas trompé, les critiques élogieuses se multipliant, à tel point que le groupe se voyait offrir un contrat avec Season of Mist, permettant ainsi de propager un peu plus leur musique alambiquée. L’annonce d’un deuxième essai longue-durée a donc piqué la curiosité de ceux tombés sous le charme du quintet.
Difficile cependant de ne pas être déçu aux premières écoutes de A Year With No Summer. Là où le groupe savait proposer un véritable patchwork musical des plus inspirés, l’ensemble parait plus simple. Trop peut-être. L’un des atouts maîtres de la formation résidait en effet dans cette capacité peu commune à construire des morceaux chaotiques qui demeuraient malgré tout cohérents. Les styles musicaux utilisés s’étendaient sur un large spectre, les passages les plus calmes cédant la place à des riffs extrêmes, pour le plus grand bonheur de tous. D’extrême il n’est d’ailleurs plus question ici. Les Espagnols ont décidé de gommer cet aspect de leur personnalité. Dommage. De quoi perturber ceux qui ont adoré l’audace et la diversité de Mantiis. L’évolution est telle qu’il faut parfois se rappeler que c’est la même troupe qui s'exprime, enfin presque, puisque seuls deux membres sur cinq officient sur les deux disques. Ce changement de personnel est-il à l’origine de ce virage musical troublant ? Peu importe au final, il vous faudra faire le deuil de l’ancien Obsidian Kingdom. D’aucuns seront enchantés de la nouvelle direction prise. Mais il y a fort à parier que les avis seront moins dithyrambiques que par le passé.
Plus claire, plus aérienne, la musique des Barcelonais s’éloigne donc des ambiances sombres de leur premier méfait. Non pas que l’ensemble soit devenu sirupeux, mais il est plus apaisé. Une certaine mélancolie reste néanmoins perceptible durant les sept morceaux présentés. Mais les titres sont moins recherchés. Le tempo général est moyen, peu de changements ou de cassures se faisant jour. Les orchestrations sont d’un dépouillement surprenant. Une guitare qui joue une mélodie simple, accompagnée d’une basse sonore et d’une batterie peu démonstrative, voilà ce qui constitue l’essentiel de ce A Year With No Summer. N’oublions pas le chant, toujours réalisé par Rider G Omega, qui était l’un des points-forts du groupe. Ici, les vocaux sont épurés, clairs. Plus aucun growl, plus aucun cri. Le souci, c’est qu’il manque parfois de puissance. Ce constat saute aux oreilles à l’écoute de "Darkness" ou de "Black Swan" pour ne citer qu’elles. Le frontman manquerait-il de coffre ? Quant aux participations d’Attila Csihar ou de Kristoffer Rygg, excusez du peu, elles passent malheureusement presque inaperçues. A Year With No Summer se veut donc progressif tout en étant très sobre. Quelques claviers viennent enrober le tout, sans chercher à faire exploser l’ensemble. Le terrain est finalement très balisé, ce qui a de quoi énerver.
Obsidian Kingdom est un groupe qui a des choses à dire. Il faut cependant se méfier de cette deuxième livraison, tant elle est différente des anciennes compositions. Sans être un mauvais album, A Year With No Summer, ne plaira pas à tous. Saluons cependant le courage des Catalans de sortir un disque si différent. Feront-ils du disco ou de la samba dans le futur ? Réponse dans quelques années.