CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Yonni Chapatte
(chant)
-JP Schopfer
(guitare)
-Diogo Almeida
(guitare)
-Bruno da Encarnação
(basse)
-Ron Lahyani
(batterie)
TRACKLIST
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DISCOGRAPHIE
Rorcal suit décidément un étrange parcours musical. De ses débuts drone/sludge/post hardcore, il n’en conserve désormais qu’une trace ténue. Le prédécesseur, Világvége déjà a dû interloquer les fans des prémices du groupe. Du black metal en masse mélangé à du drone/doom. Désormais, il leur faudra accepter la vérité crue : Rorcal est devenu un groupe de black metal.
Toute considération drone a désormais disparu. Le doom se débat encore dans les tentacules du black suicidaire, tandis que masse riffs sont purement black metal. Rorcal a semble-t-il franchi le dernier cap que le séparait d’un groupe de black metal. Il faut écouter les enchaînements de mouvements, et notamment les blasts, de l’imposante (comme tous les autres titres de l’album en fait, aucun ne daignant se rabaisser à ne pas dépasser les dix minutes) "Ἀντιγόνη". Bien sûr il y a des passages lancinants, cependant harnaché d’un son black metal froid et de riffs presque tremolo. Et surtout, il y a ce pont final de cinq bonnes minutes qui explose littéralement les papilles. Ça blaste dur, sinon ça envoie de la double, ça riffe dur, le débordement d’accords se fait dans une veine typiquement black metal. Rorcal s’impose et s’annonce au monde comme un groupe de black metal, la certitude est acquise.
Seulement Rorcal est-il un bon groupe de black metal ? Világvége avait donné un aperçu flatteur des capacités des Suisses dans le style, Creon se permet de les confirmer tout bêtement. En augmentant la teneur en black metal, Rorcal augmente son attrait pour les oreilles noires. A-t-il perdu ses fans de la première heure ? Probablement que la majorité restera sur le carreau, mais les blackeux peuvent se réjouir d’avoir fait une belle acquisition dans leur escarcelle. Les regrets pourraient venir des passages pachydermiques plus nombreux que pour un groupe classique, mais justement, ils font partie intégrante de la patte Rorcal. Qui plus est, nous sommes abreuvés de ces dépressions depuis de nombreuses années, depuis que le black suicidaire s’est imposé comme un courant incontournable (heureusement en désuétude). Encore, affirmer que le Rorcal black/doom est prépondérant, se serait oublier tous ces blasts imposants et hypnotiques.
Indubitablement, la troupe suisse a du talent pour noircir son propos. La tentation est alors très grande de dire qu’elle a trouvé sa voie. La réponse définitive à cette question est sûrement à la discrétion de tout un chacun, mais la qualité des compositions de Creon donne matière au contentement exquis. Rorcal se permet-il alors un sans faute ? Non, bien sûr que non. Étonnamment, il est beaucoup plus intéressant lorsqu’il s’énerve que lorsqu’il veut accabler. Non pas que les parties les plus lentes soient inintéressantes ou à virer, mais elles gagneraient à plus d’intensité dramatique. Le chant très légèrement typé core pourra rebuter les plus puristes, mais son écorchement accompagne impeccablement les riffs parfois apocalyptiques de Creon. D’ailleurs ce nouveau chanteur plus orienté black a clairement marqué le changement d’orientation du groupe et son affirmation sur ce nouvel album appose la marque indélébile du black metal.
Une reconversion réussie. A l’heure du chômage de masse, Rorcal s’est trouvé le job parfait : satisfaire les amateurs de black metal. Pourtant c’était loin d’être gagné si on remonte trois ans en arrière. Félicitations donc. On reprochera au groupe toutefois de vouloir systématiquement s’égarer sur des compositions aussi longues. Néanmoins, le talent étant là, difficile de leur jeter une pierre trop grosse.