CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Wrath Sathariel Diabolus
(chant+basse)
-Sanguine Mapsama
(guitare+chant)
TRACKLIST
1)Descension
2)Seance in a Warrior’s Memory
3)Viral Kinesis
4)Cognition of Rebirth
5)Serpent Recoil
6)A Shower of Idols
7)Refractions of an Unexplained Singularity
8)Vomitorium Angelis
DISCOGRAPHIE
Imaginez-vous un mur, un grand et large mur. Pas juste un petit muret qui vous permettrait de regarder au-dessus en vous dressant sur la pointe des pieds. Ni un mur qui s’effrite, avec quelques trous laissant passer au travers ce qui se cache derrière. Imaginez vous un mur haut, large et composé de pierres en tas, sans ordre au premier abord mais en y regardant de plus près, il est possible d’y distinguer une certaine cohérence dans ce chaos. Vous visualisez ?
Ce mur, c’est Advent Parallax, et le maçon ayant érigé cette oeuvre est Averse Sefira, groupe texan en activité depuis 1996. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela envoie violemment. Sans compromis ni concession, le groupe joue avec brutalité et à aucun moment ne lève le pied. Le disque n’est que 58 minutes de blast-beats (le groupe utilise les services d’un batteur de session plutôt que d’utiliser une batterie électronique, comme par le passé) et de riffs rapides. C’est brut de décoffrage et plutôt repoussant au premier abord, le mur de son étant dense et difficile à aborder. Utilisant une approche autant death-metal que black-metal, la musique est une mixture riche entre la brutalité d’un Deicide et la froideur d’un Immortal ou d’un Gorgoroth. Les deux approches convergent en permanence, il n’y a jamais oscillation entre l’une des deux. Un exemple de cette convergence est sur "Refractions of an Unexplained Singularity", titre sur lequel Wrath utilise autant le chant black que des growls death, dans une même ligne de chant. Cette agressivité entremêlée avec une atmosphère glaciale est le ciment unissant le chaos de pierre.
Car tout semble en désordre: les compositions sont très complexes et plutôt longues (la chanson la plus courte fait plus de 5 minutes). Le batteur, d’une précision exemplaire, maîtrise parfaitement les changements de rythmes ayant lieu de courts instants durant chaque chanson. Car au-delà des blasts presque incessants, l’auditeur attentif remarquera les petites variations: un break ici, un court passage avec un tempo légèrement plus lent, un plan moins linéaire là. Sanguine participe énormément à cette construction du chaos: le guitariste assène tout le long du disque des riffs dissonants, au point de se demander combien il possède de bras. Cette profusion de plans est servie par une production puissante et claire, il est possible d’entendre en permanence ce qui se passe. Paradoxalement, elle n’en oublie pas d’être sale et est l’un des éléments construisant l'atmosphère claustrophobe qui imprègne le disque, avec le chant étouffant des deux comparses et les dissonances.
C’est en restant attentif tout le long du disque que l’auditeur repèrera la cohérence générale au milieu de ce chaos: les très rares et étouffées lignes mélodiques, ainsi que des passages entêtants. Advent Parallax n’est définitivement pas de l’easy-listening, il demande une part d’immersion et d’attention de l’auditeur non négligeable. Le seul moment de repos est sur "Cognition of Rebirth", dont le final est une courte nappe au tempo lent, avec quelques bruitages malsains, une bouffée d’air, puante certes, avant d’être renfermé à nouveau dans une cellule sombre. Le gros défaut de l’album devient alors évident: devant tous ce chaos sonore et malgré quelques éléments discriminatoires, il est difficile de savoir quelle est la chanson en cours. Il est difficile de les démarquer et certains enchainements n’aident pas. Cela rend d’autant plus difficile la concentration demandée pour pleinement apprécier l’album et facilite le décrochage.
Disque sans concession, Advent Parallax est une vision du chaos sous contrôle qu’Averse Sefira tente de mettre en musique depuis plusieurs albums maintenant. Complexe, agressif et construisant une atmosphère étouffante avec cette violence, il demandera une grande attention de l’auditeur pour en percer les subtilités, qui devra rester suffisamment concentré pour éviter de se perdre dans la similitude entre les titres.