CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Wolfgang "Keil" Borgmann
(chant)
-Reiner "Vincent St. Johns" Kelch
(guitare+chœurs)
-Rolf Stein
(guitare+chœurs)
-Ralph "Ralf" Hubert
(basse+guitare acoustique)
-Jörg "Gordon Perkins" Michael
(batterie)
Guest :
Ulrich "Patrick Duval" Kusch
(batterie sur 11)
TRACKLIST
1) Age of Agony
2) True Lies
3) Confession of Madness
4) 4) Hatred
5) Interludium (Begging for Mercy)
6) Prophecy
7) Memories of Tomorrow
8) I, King, Will Come
9) The Final Deluge
10) Epilogue
11) The Gnome
DISCOGRAPHIE
Dans la liste des albums qui m’ont foutu une bonne trouille à leur première écoute, il y a les albums faits exprès pour. Exemples : Electric Doom Synthesis, Virgin Birth… (Born Again). Et puis il y a ceux pour lesquels, rétrospectivement, tu te demandes pourquoi ils t’ont produit une telle frayeur. Peut-être le cadre de la première écoute - une chambre qui n’était pas la mienne, de nuit. Ou la pochette… Mais bon en 1988, des pochettes étranges, à tendance lovecraftienne ou non, il y en avait déjà eu un paquet…
La musique ? Peut-être. Du techno-thrash aux accents légèrement malsains. Mais dans le fond, pas plus effrayant que Hell Awaits par exemple. Bref, The Music of Erich Zann, deuxième travail de ce qui était alors un mystérieux projet composé de mystérieux musiciens, s’est toujours avéré, sans raison particulière, spécialement menaçant à mes oreilles, ce qui reste finalement anecdotique, mais, surtout, reste pour moi l’un des meilleurs albums du groupe, déjà auteur d’un effort éponyme l'année précédente - album prometteur mais un peu irrégulier. Ici pas d’inconstance. De la variété, oui, mais sans trou d’air d’aucune sorte. Ralph Hubert et ses amis jouent un thrash technique donc, mais qui ne sombre jamais dans l’exubérance agaçante, privilégiant la lisibilité et la mélodie des refrains. Parfois enlevé comme sur "Age of Agony", parfois plus heavy ("I, King, Will Come"), sachant être agressif autant dans les riffs que par le chant aigu de Keil (" Confessions of Madness", "Hatred"), Mekong Delta s’évertue avec succès à ne pas lasser l’auditeur.
L’œuvre respire l’équilibre entre force et finesse, loin des Kreator, Sodom et Destruction, alors en vogue en Germanie. Ses détracteurs peuvent lui reprocher un manque d’ambition et/ou d’originalité. Ce dernier point est contestable : même si la Musique d’Erich Zann, personnage lovecraftien, ne révolutionne rien, elle sait faire la part belle à certaines ambiances avec des bouts de tentacules et d’yeux dedans. D’une part, deux albums avant la reprise de la Nuit sur le Mont Chauve, les artistes continuent à habituer leurs fans aux pièces classiques métallisées ("Interludium (Begging for Mercy)"), exercice déjà pratiqué sur l’album précédent avec "The Hut of Baba Yaga" dudit Mussorgski. Plus qu’une simple facétie, cet interlude s’inscrit parfaitement dans la recherche de cette ambiance musicale un peu menaçante, tout comme l’étrange épilogue chanté quasiment a capella. "Memories of Tomorrow" et son refrain poignant constituent également, par les mélodies proposées par les guitares, un bel exemple de cette volonté délibérée de « sonner inquiétant ». Non, la seule critique vraiment justifiée est le manque de titres absolument colossaux, de monuments incontournables de la planète metal, à une époque où s’écrivent les plus belles gestes du thrash metal. L’équilibre de l’œuvre s’est construit aux dépens de la popularité qu’aurait conféré la présence d’un "Mad Butcher" ou d’un "Bombenhagel". Est-ce vraiment grave ? Pas sûr…
C’est avec cet album et également l’excellent Dances of Death que Mekong Delta s’est forgé sa réputation de groupe élitiste, raffiné et brillant, réputation absolument méritée. The Music of Erich Zann puise son inspiration dans un univers lovecraftien retranscrit de manière harmonieuse et très convaincante : cet album a clairement contribué à faire de la fin des années 1990 LA grande époque du thrash metal.