CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Trondr "Nefas" Bråthen
(guitare)
-Enzifer
(guitare+basse)
-Jarle "Uruz" Byberg
(batterie)
Guests :
-Ted Arvid "Nocturno Culto" Skjellum
(chant sur 2)
-Morten "M. Sorgar" Kaalhus
(chant sur 3)
-Ørjan "Hoest" Stedjeberg
(chant sur 4)
-Lloyd "Mannevond" Hektoen
(chant sur 5+basse sur 12)
-Niklas Kvarforth
(chant sur 6)
-Brede "Sorath Northgrove" Norlund
(chant sur 7)
-Roger "Nattefrost" Rasmussen
(chant sur 8)
-Jan-Erik "Nag" Romøren
(chant sur 9)
-Bay Cortez
(chant+ basse sur 11)
-R. M.
(chant sur 12)
-Byron Braidwood
(guitare sur 3)
-Thomas "Malphas" Myrvold
(guitare sur 5 et 12)
-Blazej Kazimierz "Skyggen" Adamczuk
(guitare sur 8)
-Rick Cortez
(guitare sur 11)
-Lars Fredrik Frøislie
(claviers sur 10)
TRACKLIST
1) Dødsrite
2) The Iron Children
3) Blood of the Legion
4) The Sulphour Black Haze
5) Lord of Horns
6) Norwegian Blood and Crystal Lakes
7) Thy Daemon Incarnate
8) Entetid
9) Psychedelic Evil
10) Woe
11) Funeral Rites (Sepultura cover)
12) Twisted Mass of Burnt Decay (Autopsy cover)
DISCOGRAPHIE
Ohla, ça débute comme du hardcore : « Come on you fuckers! » dans un hurlement vindicatif. Pourtant le fait que je sois derrière mon clavier à vous conter cette chronique indique une chose quasi certaine : cet album est affilié de près ou de loin au black metal. Pas de panique, seule l’intro détonne de la sorte. Pour autant le principal centre d’intérêt de ce Aeons in Sodom ne réside pas dans cette curiosité d’une minute. Non. Bien plus important, le leader Trondr Nefas est décédé en 2012. Cet album est donc un hommage posthume conduit par son ami de toujours, Enzifer. Le micro sera tenu par toute une palanquée d’invités, et amis, de l’être disparu.
Autant régler la question des invités tout de suite : ils sont tous connus dans la scène black metal et plutôt que de vous assommer d’une litanie de noms, sachez qu’ils viennent tous de groupes établis et scandinaves (surtout norvégiens même si figure au moins un Suédois). Avec une telle liste d’invités, certains prestigieux - voire même des sommités du style - pourquoi s’en débarrasser ? Premier point, la raison d’être de ce disque est l’hommage à quelqu’un de mort, la trace musicale de ses dernières créations. Pas la présence de starlettes. La deuxième raison est plus prosaïque : bien que les chants varient, et peuvent évidemment rappeler à notre bon souvenir leurs auteurs, la musique dans son ensemble manifeste une cohérence globale. Les différents chants ne changent pas la donne dans le sens où un se détacherait particulièrement ou créerait une atmosphère spécifique à un seul titre. Le tout dépasse la somme serais-je tenté d’écrire et autant le prendre comme tel. Cette musique prend la forme d’un black metal sec et incisif, bourré de digressions mid-tempo. On peut penser à Carpathian Forest par moments.
Urgehal n’en oublie pas la brutalité du black et sait pertinemment agrémenter ses titres de blast beats bien sentis. Le mid tempo qui domine cet album est lui-même multiple. Parfois poum tchac proche du heavy, il se meut en groove teinté de thrash, quand il ne tape pas dans son style originel pour abreuver en riffs et rythmiques black metal. Aeons in Sodom est donc tout sauf un album paresseux, ennuyeux ou plat. Bien au contraire il vit de ses différents atours, gavé de l’énergie transmise par sa belle dynamique et emporte l’auditeur dans sa quête de délivrer le message le plus satanique possible (Trondr Nefas a laissé pour ultime consigne de faire perdurer son idéal satanique). Écouter un titre de la trempe de "Lord of Horns" donne un excellent aperçu du talent du groupe dans ces exercices multiples, rythmes changeants, riffs efficaces, ambiance sèche et percutante. Faut-il en déduire pour autant que nous en sommes en présence d’une pépite ?
Malgré la volonté la plus farouche de transformer l'hommage à une personne ayant quitté ce monde trop tôt en une fantastique réussite, il faut aussi savoir conserver un minimum d’objectivité et admettre l’évidence : voici un bon disque, il satisfera certainement tous les fans mais aussi les autres personnes curieuses du metal qui aiment les groupes à personnalité forte. Pourtant, les fulgurances demeurent rares et désertent trop souvent les compositions pour les qualifier d’exceptionnelles. Bonnes, solides, impeccables : des adjectifs qui s’appliquent pleinement et dans toutes leurs qualités à la musique proposée. Seulement il est difficile de se ranger à un enthousiasme plus massif. Tout du moins, du point de vue de l’amateur exigeant de black metal. Et d’une personne qui n’a jamais trouvé Urgehal génial. Les fans seront probablement plus enflammés. Et même les autres touche-à-tout de l’extrême.
Hommage réussi, bel au revoir au monde des vivants, Aeons in Sodom réjouit par sa personnalité et sa capacité à s’auto-regénérer au fil de l’album en variant les propos intelligemment, et avec brio. Cependant le résultat reste bon à défaut d’excellent. Cela suffira déjà à de nombreuses personnes, sachant que les fans du groupe y trouveront certainement d'autres qualités. Une belle façon de baisser le rideau.