CHRONIQUE PAR ...
Magmahot
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Arthur von Nagel
(chant+basse)
-Matt Solis
(chant+guitare)
-Brennan Kunkel
(chant+batterie)
-Nick Cohon
(guitare+mandoline)
TRACKLIST
1) Scavengers Feast
2) Uneasy Lies the Head
3) Salt of the Earth
4) Blood on the Cornfields
5) Hanging Gardens
6) The Crossing
7) Hole in the Sea
8) The Emigrant's Wake
9) Sky Burial
10) Voices of the Mountain
DISCOGRAPHIE
Le death metal, et surtout sa branche mélodique, est un genre qui s'est un peu essoufflé durant les dernières années et ce n'est pas les derniers Dark Tranquillity ou In Flames qui réfuteront ce fait. La formule magique consistant à jouer un death mélodique teinté de différentes influences telles que le metalcore ou le folk a été sur-utilisée par certaines formations au point de codifier le genre et le rendre générique en quelque sorte. Bien que des groupes sortent encore des albums de qualité, le constat général reste le même : le genre a cruellement besoin de sang neuf.
À ce jeune et talentueux courant qui tente d'imprimer une direction nouvelle au genre appartient la pépite dont nous décortiquerons le premier effort aujourd'hui. Metazoa est le premier album des américains de Cormorant, un groupe pas si connu que ça malgré de la qualité de leurs sorties. En fait, c'est surtout l'audace dont fait preuve les membres du groupe qui doit être louée, à tel point qu'on trouve dans leur musique de tout, du death de Gottenburg, du progressif à la Opeth, du death old school Floridien, du black sludgy à souhait. Bref, tout amateur de musique extrême peut trouver son compte dans leur musique, et c'est exactement ce dont le genre avait besoin. C'est simple, l'album sorti en 2009 est bourré de mélodies véhémentes, d'éléments de folk américain bien apparents renforçant le pittoresque de la chose, mais comporte aussi son lot de riffs death lourds soutenus par une basse très présente et un jeu de batterie qui rappelle beaucoup celui des suédois cités plus haut. Mais, la qualité première du groupe reste la quête incessante de variété tout au long de l'album (une heure et neuf minutes quand même !). Bien que la base soit presque la même pour tous les morceaux, ce qui constitue une marque de fabrique en quelque sorte, les différentes influences sont bien présentes, et la juxtaposition imprévue de ces influences est ce qui rend cet album si singulier.
Dès l'écoute des premières minutes du disque, cette variété imprègne nos os, une variété dans le chant déjà, les gars de Cormorant nous proposent non pas deux, non pas trois, mais bien quatre formes de chant. Le premier est le growl sur le début de "The Scavenger's feast", qui rappelle beaucoup celui de Tomas Lindberg de At The Gates, ensuite viennent les vocaux gutturaux très bas dignes des scènes de funeral doom ou de brutal death, mais aussi la voix raillée présente sur "Hole In The Sea", on a même droit à du chant clair d'assez bonne qualité sur les passages les plus épiques de l'album. Bien que les vocaux gutturaux bas fassent un peu tâche sur certaines parties (comme sur le début de "The Crossing"), et que les chants clairs manquent un peu de « punch », le reste s'intègre parfaitement avec ce que propose le groupe comme instrumentaux car, ne le cachons pas, c'est ici qu'innove Cormorant. Déjà, le côté mélodique de la chose nous saute aux yeux, ou plutôt aux oreilles ; dès notre premier contact avec l'album, on remarque une aisance naturelle dans la composition. Les mélodies sont diablement accrocheuses, les transitions sont un modèle du genre et techniquement, c'est un sans-faute réalisé par les Américains.
Côté influences, le groupe s'en sort aussi plutôt bien. "Salt Of The Earth" a une souche très progressive qui rappelle beaucoup le style d'Opeth, "Blood On The Cornfields" propose un death metal mélodique classique mais efficace, à l'image de celui proposé par les groupes de Gottenburg. Le morceau de onze minutes "Hanging Gardens" rappelle beaucoup le Focus de Cynic sur certains passages et "Sky Burial" s'éloigne même du domaine du death mélodique pour proposer une sorte de corrélation d'influences diverses très réussie. Enfin, le potentiel de réécoute de l'album est aussi très haut, et ceci est assuré principalement par les paroles des différentes chansons. Écrites sous formes de vers contenant des rimes pour la plupart, c'est un voyage dans un cosmos défiant les limites du temps et du réel que nous propose Cormorant. On a donc droit à l'histoire de la France sur "Uneasy Lies The Head", mais aussi à une histoire fantastique qui a apparemment pris place en Aout 1831 en Virginie sur "Blood On The Cornfields", et des contes venus tout droit des abysses de l'océan sur "Hole In The Sea". Le reste est à découvrir ! Une certaine attention est demandée, surtout vu des différents registres vocaux proposés, mais l'écoute vaut largement le coup, au pire les paroles sont disponibles un peu partout sur internet pour les passages les plus compliqués.
Metazoa est un véritable OVNI musical, bourré de bonnes idées, d'influences et de maîtrise, la nouveauté et la hardiesse du disque le placent même parmi les meilleures sorties de l'année 2009. Un chant qui sera encore à travailler et une maturité à acquérir pour le groupe, mais excellent début, dans l'attente de l'album de la confirmation.