Arcturus ne déroge pas à la règle. Suite à la tournée visant à promouvoir Sideshow Symphonies, le groupe avait décidé de se séparer, la plupart de ses membres vaquant à d’autres activités. Ce qui était à cette époque considéré comme leur dernière œuvre n’avait pas remporté tous les suffrages, l’inspiration faisant en effet défaut. Arcturus laissait cependant une discographie solide, avec quelques pépites. Quatre ans après avoir annoncé sa séparation, la troupe s’était reformée pour, au départ, quelques rares concerts. Certains aficionados avaient alors secrètement envisagé un nouvel album. Il aura fallu attendre quatre ans supplémentaires pour que leur désir devienne réalité. Qu’attendre en 2015 d’un groupe qui a tenté d’élaborer au fil des années une musique qui se voulait audacieuse et singulière ?
Pour ceux qui attendaient une quelconque originalité, ils seront déçus. Les norvégiens ne proposent rien d’innovant sur cette cinquième sortie. Bien au contraire, Arcturian s’avère être un condensé de ce qu’ils ont pu élaborer par le passé. Tous les ingrédients qui ont fait leur succès se mêlent dans des compositions plus ou moins réussies. L’on retrouve ainsi ces guitares éthérées, ces claviers censés vous emmener dans des contrées cosmiques, cette rythmique parfois déstructurée et bien entendu, ces vocaux si particuliers. Notons d’ailleurs qu’ICS Vortex étale son chant clair excentrique sur l’ensemble de l’œuvre, ce qui aura le don d’énerver ses contempteurs qui ne manqueront pas à cette occasion de rappeler qu’ils préfèrent de loin la période où Garm tenait le micro.
Arcturian laisse après quelques écoutes une sensation troublante à l’auditeur. L’amertume peut poindre, tant Arcturus semble en pilotage automatique, ne cherchant nullement à surprendre, juste à offrir ce qu’attend son public. Paradoxalement, c’est parfois avec plaisir que l’on pourra entendre des passages rappelant les grandes heures du quintet. Comment en effet ne pas songer à La Masquerade Infernale à l’écoute de "Crashland" ou "Bane", à Aspera Hiems Symfonia en entendant résonner par moment du black atmosphérique comme sur "Angst" ou "Pale" ? Que penser de ce patchwork musical ? Faut-il y voir un manque de souffle pour une formation qui, par le passé, a su surprendre, casser les codes ? Ou alors une volonté de plaire au plus grand nombre, en élaborant une œuvre accessible et convenue ? Hormis la présence d’éléments électroniques plus nombreux, rien d’innovant n’apparait sur ce disque.