CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Scott Jeffreys
(chant)
-Brian Shoaf
(guitare)
-Shawn McCoy
(guitare)
-Cary Rorvells
(basse)
-Steve Shelton
(batterie)
TRACKLIST
1)Cross The Bar
2)Until Tomorrow
3)Wig Stand
4)Blueprint Soul
5)The Downside
6)Sour Times
7)Hibernation
8)Strata Of Fear
9)The Secret (Bonus Track)
DISCOGRAPHIE
L'année 2005 sera marquée par le retour discographique d'au moins deux légendes du doom metal, deux poids lourds ayant laissé une empreinte indélébile. Pourtant leurs parcours auront été jusqu'ici très différents, pour ne pas dire diamétralement opposés: Candlemass a joui dès son premier album et tout au long de sa carrière d'un succès somme toute honorable, alors que Confessor est l'exemple même du groupe « culte » et underground.
Cette formation atypique s'est bâti sa réputation à la fin des années 80 grâce au « tape-trading » (échange des cassettes de démos), et peut se targuer d'avoir eu une influence considérable sur les embryons de la scène doom-death, Paradise Lost en tête. Quatorze années après leur dernier – et unique – album et presque dix années de split, le groupe pouvait-il surprendre autant qu'à ses débuts? Assurément non, mais le résultat vaut néanmoins le détour…
Scott Jeffreys et sa bande devaient être bien conscients du fait que refaire un Condemned « bis » n'aurait eu aucun sens, et aurait surtout été en totale contradiction avec l'esprit pionnier qu'ils ont toujours revendiqué. Alors, à défaut de révolution, on aura le droit sur Unraveled à une évolution assez sensible, et certains pourraient même parler de régression. En effet, Condemned se distinguait justement de ses contemporains par des titres et des rythmiques étonnamment techniques et progressifs pour un groupe affilié à la scène doom. On était parfois bien plus proche d'une ébauche des délires déconstruits de Meshuggah que des riffs heavy metal tournant au ralenti de St Vitus! Dorénavant, Confessor puise davantage dans les registres du doom traditionnel ou du stoner, rendant sa musique un brin plus lugubre et pesante.
Attention, ça ne veut toutefois pas dire que les musiciens ont perdu leur patte technique si caractéristique, certaines compositions comme "The Downside" rappelant très fortement le Confessor « d'antan », tandis que les breaks et syncopes marquent quasiment chaque titre. Sauf que leur utilisation se fait bien plus parcimonieuse, on pourrait presque dire plus pertinente, et Unraveled atteint un très bon équilibre entre l'atmosphère de folie mue par les parties techniques et la noirceur insufflée par les rythmiques plus posées et lancinantes. Steve Shelton, qui fut responsable presque à lui seul du style très technique du groupe, continue d'être le principal élément « progressif » et donne beaucoup de piment aux compositions. On dirait que le bougre s'est fixé pour objectif de ne jamais jouer la même mesure deux fois de suite, et par quelque miracle, il arrive tout de même à éviter la démonstration technique stérile.
Une différence de taille par rapport à la livraison précédente du groupe, c'est le chant: Jeffreys a abandonné sa voix de castrat au profit d'un timbre un peu plus grave, comparable à celui Johan Langquist. La production assez crue et sans grandes fioritures des instruments, ainsi que ce chant plus « chaleureux » donnent au disque un pouvoir « effet de présence » non négligeable, aidant grandement à s'immerger dans l'univers assez noir de Confessor. Certes, on n'a pas là le disque le plus marquant du genre, car obligé de rattraper un peu le retard accumulé pendant toutes les années d'inactivité du groupe, mais son côté abouti et plus « accessible » en fait un des indispensables de cette année pour tous les amateurs de doom. Une bonne occasion de (re)découvrir et apprécier à sa juste valeur cette formation mythique et incontournable.