CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16.5/20
LINE UP
-Ian Kenny
(chant)
-Andrew Goddard
(guitare)
-Mark Hosking
(guitare)
-Jon Stockman
(basse)
-Steve Judd
(batterie)
TRACKLIST
1)Coté
2)Themata
3)Shutterspeed
4)Fear of the Sky
5)Roquefort
6)L1FEL1KE
7)Scarabs
8)Sewn and Silent
9)Mauseum
10)Synops
11)Omitted for Clarity
12)Change, Pt. I
DISCOGRAPHIE
Etrange carrière que celle de Karnivool : le combo australien existe depuis plus de dix ans mais n’aligne que deux EPs et un seul album au compteur... Themata, qui s’il est sorti en 2005 en Australie n’est distribué que cette année aux Etats-Unis et en Europe. C’est donc un nouveau-premier-vieil album qu’on découvre ici, d’un groupe quasiment inconnu dans nos terres mais qui a déjà un beau succès dans son pays d’origine. Mais ne nous encombrons pas de détails, et explorons plutôt le rock alternatif teinté de métal et de progressif pratiqué par cette formation plus qu’intéressante...
Ce qui est bien avec Karnivool, c’est que les apparences sont trompeuses. La première impression est qu’on a affaire à un ènieme groupe de pop-rock-MTV à part que le chanteur est au-dessus de la moyenne... puis on prend peu à peu conscience de son erreur, et avec joie. Car si le groupe aime à poser des ambiances de rock mainstream et des passages pop très accrocheurs, il a également un penchant pour les rythmiques complexes, la multiplication des plans et les moments d’inventivité pure. Un peu à la manière d’un NovAct, Karnivool déploie donc sur Themata une mixture extrêmement catchy et mélodique qui pourra sans problème plaire dès la première écoute à n’importe quel fan de pop-rock, tout en dégageant l’impression permanente qu’on à affaire à d’excellents musiciens qui ont d’autres objectifs que d’écrire des hit-singles à la chaîne.
On a parlé du chant : Ian Kenny est un des grands points forts du groupe, son registre aigu et son sens de l’émotion rappelant aussi bien Brandon Boyd d’Incubus que Maynard Keenan de Tool par moments (il y a de pires comparaisons, vous en conviendrez). Tool est d’ailleurs une des influences évidentes de la formation : le pré-couplet du terrible "Themata" (ce riff!) voit l’homme sub-vocaliser avec un vocoder d’une manière monocorde qui ne trompe pas, les ambiances hypnotiques non plus... et la suite lie l’énergie d’un rock indé qui groove, un refrain totalement pop qu’on retient d’entrée et des plans instrumentaux aux arrangements orientaux qui renvoient une fois encore à Tool. Et ça sonne terriblement bien! Il faut dire que comme toute bonne formation orientée pop, Karnivool fait preuve d’un sens de la mélodie assez imparable, et ce tout au long de l’album.
Le métal est aussi présent dans l’équation : le son de guitare indé compense des riffs parfois vraiment lourds, comme dans "Shutterspeed" (qui voit au passage le batteur Steve Judd faire preuve d’un groove et d’une finesse remarquables), l’incroyablement groovy "Roquefort" ou l’instrumental bourrin et technique "Scarabs" qui rappelle Wastefall dans sa manière de manier violence et complexité rythmique. Car si l’étiquette «progressif» peut être ratachée de loin à cet album, c’est que le groupe aime à prendre un riff simple pour le briser et le mâcher avant de le régurgiter en riff prog. Le single "L1FEL1KE " aux accents nu-metal se voit agrémenté d’un passage atmosphérique inattendu en son centre et chaque morceau lie ainsi une facilité d’accès apparente et une réelle profondeur, ces deux éléments étant mariés avec un brio que je n’ai trouvé que chez très peu de groupes.
Themata est donc une franche réussite, et Karnivool démontre (comme A.C.T) que pop-rock et métal progressif peuvent se marier à la perfection. Les amateurs de rock indé seront sûrement bluffés par l’album, et les fans de prog ou de métal qui ne sont pas allergiques aux mélodies accrocheuses seront sans doute très agréablement surpris par ce premier essai diablement séduisant. Espérons que Karnivool confirmera l’essai avec son prochain album, car c’est le premier groupe depuis System Of A Down qui me donne l’impression de pouvoir récolter un succès aussi bien commercial que critique. Fortement conseillé.