CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Nils K. Rue
(chant)
-Jorn Viggo Lofstad
(guitare)
-Ronny Tegner
(claviers)
-Steinar Krokmo
(basse)
-Stian L. Kristoffersen
(batterie)
TRACKLIST
1)The Conception
2)God's Equation
3)United Alliance
4)Atomic Firelight
5)Hallo Spaceboy
6)Evolution Exceed
7)Alien Kamikaze
8)Painted Skies
9)Spirit Starcruiser
10)Farewell
11)Osiris' Triumphant Return
DISCOGRAPHIE
Voilà un combo qui enquille les sorties sans commettre le moindre faux pas. Autant dire que la pression est là. God’s Equation, quatrième album de Pagan’s Mind, en perpétue le trip mystico-philosophico-avant-gardiste, avec pour thème central la fameuse équation des conditions d’émergence de la vie ; et poursuit sur un plan musical le raffermissement foncièrement «rock» entamé sur Enigmatic : Calling. Mais les racines et l’identité du groupe sont toujours présentes, plus que jamais.
"United Alliance", premier titre à avoir été diffusé, n’a pas été sans créer quelques frayeurs parmi les fans. Ce titre calibré single a en effet hérité de tous les allègements musicaux que le groupe a entamés. Mais il n’est pas nécessairement révélateur du reste de l’album. Par exemple, en sont absents les légers soubresauts extrêmes qui s’introduisent dorénavant, assez subrepticement, au joyeux mélange power-metal / metal progressif, sous la forme de parties vocales démoniaques ("Atomic Firelight") ou de riffs thrash destructeurs ("Evolution Exceed"). Un titre comme "Alien Kamikaze", cumulant ces deux aspects, frappe fort, très fort. Et ce riff pivot est tout simplement ahurissant…
N’ayez crainte, la mélodie reste prépondérante, toujours envoûtante, toujours loin des clichés lourdauds à l’allemande. Les couplets de "God’s Equation" ou le refrain de "Osiris’ Triumphant Return" voient Nils K. Rue, vocaliste de plus en plus complet, briller de mille feux. Point de chœurs pompeux ici, les backings sont sobres et amplement suffisants. Les effets de voix, eux, se multiplient, créateurs d'atmosphères. Les prouesses techniques, autre élément indéfectible du collectif norvégien, se retrouvent également disséminées de façon très équilibrée sur l’album ; "God’s Equation" commence fort avec un solo de toute beauté, mais le plus lent et heavy "Painted Skies", par exemple, s’en fait un relais efficient en milieu d’album. Ce Jorn Viggo Lofstad possède un son bien à lui, ses soli et ses riffs sont reconnaissables entre mille. Ne parlons plus de Stian Kristoffersen, qui tape dans le haut du panier des batteurs de metal.
Tout cela se profile bien donc. Oui, cependant la progression - légère mais sensible - opérée par Pagan’s Mind depuis le premier album Infinity Divine, déjà très bon, est ici moins flagrante. La montée en puissance semble avoir trouvé avec Enigmatic : Calling son point culminant. Non pas que l’un de ces morceaux soient ratés, au contraire – seule la reprise du "Hallo Spaceboy" de David Bowie, originale au demeurant, brise quelque peu l’unité conceptuelle du disque – mais l’impression générale fait ressortir comme un tassement des idées, et les premières redites (le refrain de "Spirit Starcruiser" par exemple). Cela dit, pourquoi bouder son plaisir ? Le groupe est rapidement monté à un niveau excellent ; qu’il stagne à ce niveau ne peut pas être en soi une mauvaise chose.
Alors non, ce n’est pas avec God’s Equation que Pagan’s Mind subira son premier retour de bâton. Le groupe n’a pas son pareil pour créer des compositions aérées, très diversifiées, au plaisir croissant proportionnellement avec le nombre d’écoutes ; pénétrez l’esprit du groupe et vous aurez du mal à vous en défaire. Les musiciens cultivent leur image par ailleurs : artworks, style vestimentaire, clips conceptuels, etc. Ce n’est peut-être pas aussi réussi que la musique, mais une chose est sûre : avec ou sans artifices, Pagan’s Mind est un groupe unique en son genre.