CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Chris Harras
(chant+guitare)
-Harry Jilg
(basse)
-Sascha Bém
(batterie)
TRACKLIST
1)Angel's Eyes
2)Trip Enough
3)Don't Let Us Down
4)Italian Stallion
5)Swallow
6)Perfect Summer
7)Mexican Serenade
8)Hot In Here
9)Avalanche
10)Drifting
11)A Million Miles
12)King's Phone
13)The Angle (hidden track)
DISCOGRAPHIE
Il ne faut pas forcément grand-chose pour provoquer la curiosité d'un chroniqueur. Par exemple, au lieu de commencer son album par un burner - un titre qui défouraille tout - on peut faire exactement le contraire et balancer un titre lent, ambiancé, mélancolique et très joli. On peut aussi être un groupe autrichien qui fait du rock / grunge très US, et s'appeler Core alors qu'on ne fait pas de core du tout. Des détails qui font pas mal de choses finalement...
Donc "Angel's Eyes" est un opener atypique qui permet de rentrer doucement dans le monde de Core, monde sympathique s'il en est. Déjà il y a le timbre de Chris Harras, chanteur au potentiel émotionnel énorme. On pense à Bon Jovi ou Chris Cornell selon les moments et le vibrato parfaitement maîtrisé du vocaliste est un attrape-nana garanti, surtout qu'il est lié à un timbre allant du légèrement granuleux au vraiment écorché, le tout sonnant à la fois moderne et terriblement hard eighties. Le power-trio bénéficie d'un son exemplaire : la guitare sait être grasse comme il se doit et confine au stoner quand elle s'énerve, la basse ronronne comme un chaton repu et la qualité de la prise de chant renforce l'impact de la voix d'Harras. Le groupe dévoile très vite sa volonté de varier les plaisirs : après la douceur de "Angel's Eyes" (qui n'est absolument pas une ballade, loin de là) le ton se muscle d'un coup avec les titres suivants... qui ne se ressemblent pas du tout entre eux.
Et oui, la qualité principale de Perfect Summer est d'être un album de rock extrêmement varié, un de ces disques qui permettent de se dire que tout n'est pas encore formaté en ce bas monde. Les influences sont là : le desert rock se lie à une finesse mélodique pop inattendue dans "Italian Stallion" : le break mélodique qui finit par dévorer le titre tout en s'enchaînant à des riffs de marteau-pilon laisse coi. Le swinguant "Don't Let Us Down" présente un refrain de hard L.A. tubesque au possible, le tube ultime étant le morceau-titre car "Perfect Summer" est un hit total. La ligne de guitare est simple et addictive, les arpèges du couplet provoquent la joie, le refrain est une pépite qui vous hantera la nuit... Chris Harras dominant tout ceci de son chant impérial de feeling. Ça en collerait presque des frissons. Autant dire que quand on s'est pris ça, l'orientation pop anglaise de "Mexican Serenade" laisse un peu sur le cul car il était impossible de la voir venir.
"Drifting" fait dans le rock psychédélique minimaliste (un peu chelou parfois), "King's Phone" renoue avec les fondements du stoner grâce à de longs délires instrumentaux hypnotiques, "Hot In Here" balance de la fusion ultra groovy avec un chant rappé terrible de Harras... dommage que le refrain soit raté, le seul du disque. C'est une des petites fautes de goût de l'album et on trouve aussi des répétitions ici et là : "Avalanche" reprend le rythme swing de "Don't Let Us Down" en moins bien par exemple. Mais sorti de ça on ne peut que prendre son pied en écoutant le talent de la formation à lier tous les aspects du rock dans problème : l'enchaînement entre le rythme brisé des couplets de "Swallow" et le beat disco des refrains n'est qu'un des exemples de la facilité de Core dans cet exercice. Ce qui fait le plus plaisir est sûrement la manière dont le groupe développe un musique tout sauf linéaire tout en restant fondamentalement catchy et en gravant des passages dans le crâne de l'auditeur.
Vous l'aurez compris, cet album est vraiment bien. C'est toujours bon d'écouter une musique qui réussit à être à la fois roots et moderne, inventive et accrocheuse, et qui envoie aussi bien de la jolie mélodie que du riff primaire. Recommandé à tous les fans de Soundgarden, des Foo Fighters, d'Audioslave ou encore des Queens Of The Stone Age, Perfect Summer est une réussite. Et dire que certains nous répètent depuis des années que le rock est mort...