Ces dernières années, de nombreuses formations ont pris l'habitude de sortir un live très (trop?) tôt dans leur carrière : Sonata Arctica et Children Of Bodom en sont deux exemples. Mais après seulement un album? Non, tout de même... Pourtant, après le succès qu'a constitué Ritual et un passé on ne peut plus glorieux, on se doutait bien que Dédé et sa bande n'allaient pas proposer un produit bas de gamme, ce n'est pas le genre de la maison. Tout y passera donc: CD, DVD, et les deux ensemble (édition qui sera chroniquée ici).
Alors évidemment, et c'est même tellement prévisible qu'il serait presque inutile de le mentionner, le concert a été enregistré lors d'une date au Brésil, ce qui est presque devenu une solution de facilité. Normal, c'est le pays d'origine des membres du groupe, mais c'est aussi la terre d'un des publics les plus chauds du metal. La foule est donc absolument déchaînée tout le long du set, comme il est de coutume là-bas. Chose étonnante, on se rend compte qu'à part un Holy Live beaucoup trop court, on avait jusque là très rarement eu l'occasion d'entendre Andre Matos reproduire ses performances studio sur les planches. D'autant plus que son récent changement de style vocal pouvait faire des curieux. Que ceux-ci se rassurent, c'est bien à une prestation exceptionnelle que nous avons à faire. L'homme se permet même quelques fantaisies, notamment reprendre le refrain de "Lisbon" une octave plus haut. Car oui, il y a du Angra dans la setlist, forcément. Mais pas tant que ça finalement, puisque à part le titre suscité, on ne retrouve que l'indispensable "Carry On" et "Lasting Child" en outro, ce qui constitue tout de même un joli pied de nez à ceux qui s'attendaient à ce que les ex-membres de la déesse du feu capitalisent sur leur passé.
On retrouve donc, comme son nom l'indique, l'album Ritual dans son intégralité. C'est d'autant plus flagrant sur l'édition CD, car il est joué dans l'ordre sans coupures. Ceux qui auront apprécié l'album seront donc aux anges, les autres un peu moins. C'est en tout cas l'occasion de confirmer qu'il s'agit bien d'une tuerie, puisque tous les titres passent comme des lettres à la poste, bonifiés par une prestation dynamique du sieur Matos et du petit nouveau, Hugo Mariutti qui impressione d'ailleurs par une bonne présence et une grosse maturité au niveau du jeu de scène. On regrettera sur certains titres l'absence d'une deuxième guitare, mais ce serait là chipoter. Celui-ci se voit même s'octroyer un solo, exercice dispensable certes, mais qui fait tout de même son petit effet. Même chose pour l'homme aux baguettes, dont la performance est remarquable, mais on sent bien qu'il a fallu faire durer afin d'avoir suffisamment de matière. Parce qu'il est clair qu'un petit "Carolina IV" n'aurait pas fait de mal en lieu et place de ces deux soli. En tout cas, seul Luis Mariutti est un poil plus en retrait, mais on lui pardonne aisément tant son talent est grand. Disons que c'est son style un peu bourru qui veut ça. Tout le monde est d'ailleurs servi par un son d'excellente facture, un lightshow de qualité, et une image du même standing.
Car les Shamans y ont mis les moyens. En effet, on retrouvera pléthore d'invités sur scène, à commencer par ceux commis aux instruments traditionnels : violons, percussions... Et pour que la fête soit plus belle, les guests de prestige se succèdent pour épauler les membres du groupe, ce qui donne une fin de concert tout simplement énorme! Après un "Sign Of The Cross" bien sautillant et pêchu, tiré de Avantasia, qui voit l'arrivée de l'éternel Tobias Sammet, s'enchaine un "Pride" endiablé, avec un solo de Sascha Paeth. Suivent un "Carry On" d'anthologie, et un "Eagle Fly free", qui voit enfin l'arrivée de Andi Deris et Michael Weikath sur scène, le temps d'une reprise de ce classique comme on en avait rarement entendu jusque là. Ouf...! Après une telle claque, on en oublierait presque de faire un tour par les bonus, constitués de matériel on ne peut plus classique : making-of, galerie photo, clips. On notera également la présence de sous-titres, dispensables mais agréables lorsque l'on sait que tous les discours sont fait dans la langue du pays. Et puisqu'il faudra bien faire une petite comparaison, le Live In Sao Paulo de Angra, sorti plus tôt la même année, paraîtra bien fade à côté de ce Ritualive.
En tout cas, pour un premier live, quelle démonstration! Beaucoup de formations ayant une discographie beaucoup plus riche ne pourraient pas en faire autant. On notera bien quelques défauts, une version CD dispensable notamment, mais le plaisir est bien là. Shaman s'affranchit ici de fort belle manière de son passé et s'affirme comme un grand de la scène en signant un début de carrière en tout point exemplaire.