CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13.5/20
LINE UP
-Flo
(chant)
-Sky
(guitare+chant)
-Marc
(guitare)
-Sven
(basse)
-Sven
(batterie)
TRACKLIST
1)Forgiven
2)With You
3)For Those Who Care
4)Voices
5)Vengeance
6)Who, If Not Us?
7)Place Taken
8)Endlessly
9)And Even Though You're Gone...
10)Next To Me
11)Nemesis
12)Melancholy
DISCOGRAPHIE
Une intro symphonique à la Gods Of War, puis un plan de métal-pop gothique, puis un gros riff melodeath/metalcore avec hurlements associés... rarement un debut d'album de métal classique (comprendre pas prog-barré) aura été aussi inattendu que celui de Masked. Le groupe allemand nous avait déjà gratifié d'un The Infinity Complex, album de metalcore perdu dans la masse des albums de metalcore sortis en 2006, mais revient avec une vengeance... et un album un poil plus fouillé et ambitieux que celui des innombrables autres groupes officiant dans le genre.
Machinemade God se place à mi-chemin entre la frange vraiment dure du genre et celle plus mélodique : par rapport à un The Sorrow on trouve beaucoup plus d'harmonies et de chant clair, mais on est loin d'un metalcore emo à la Blessthefall chez qui la violence n'est qu'épisodique. L'influence des derniers albums de la scène de Göteborg est flagrante : impossible d'écouter Masked sans penser aux derniers Soilwork et In Flames. Les rythmiques naviguent entre thrash et hardcore syncopé, les leads de guitare sont incessantes et le tout est résolument moderne. Les fans du groupe français The ARRS se sentiront particulièrement en terrain connu au niveau des riffs ("For Those Who Care", "Vengeance"), même si les hurlements de Flo sont bien plus typés métal extrême écorché que hardcore ou emo... un vrai chanteur de death en somme. Le chant clair assuré par le guitariste Sky est quant à lui de bonne facture quoique trop classiques pour le style : solide mais lisse et dénué de vibrato, il assure sa fonction à défaut de surprendre et permet au groupe de forger ces fameux refrains-hymnes qui sont la marque de fabrique du genre.
Au départ on lutte un peu pour trouver en quoi Masked est différent de l'immense masse des albums de metalcore sortis ces trois dernières années... puis on finit par mettre le doigt sur quelques détails ça et là. Le premier titre laisse transparaître une utilisation subtile des claviers qui donne au tout une petite dimension symphonique pas désagréable, même si l'ambiance de l'intro Rhapsodienne n'est jamais reprise sur le cd. La formation se décarcasse pas mal pour varier l'usage des guitares : "Vengeance" multiplie les sons et les variations d'approche tandis que l'instrumental planant (on est proche du post-rock) "Who, If Not Us?" est diablement réussi. Idem pour l'autre instrumental "And Even Through You're Gone" dont les arpèges hypnotiques rappellent le Placebo des débuts. Ces deux instrumentaux font réellement respirer l'album, et si l'alternance entre approche rythmique groovy qui fait jumper et déferlante de violence death des autres morceaux est très classique, on ne peut enlever au groupe une efficacité souveraine dans cet exercice. Bien sûr on a encore trop souvent l'impression d'entendre d'autres groupes mais Machinemade God réussit à tirer son épingle du jeu ici et là.
Ce n'est sûrement pas Masked qui permettra à Machinemade God de s'imposer comme une révélation dans le genre, mais certains passages de cet opus restent en tête... ce qui est une performance en soi car la scène a atteint un niveau de saturation incroyable. Il reste au groupe beaucoup de chemin à parcourir pour se débarasser des mille et un gimmicks qui plombent sa musique, mais s'ils sont encore en activité dans trois ou quatre ans ça vaudra sûrement le coup de voir comment ils s'en sont sortis. A suivre...