CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Lenzig Leal
(chant)
-John Merryman
(batterie)
-Nick Schendzielos
(basse)
-Zac Joe
(guitare)
-Steve Goldberg
(guitare)
TRACKLIST
1)Endless Cycle Of Violence
2)Divination And Violation
3)Molting
4)Touched By An Angel
5)Vaporized
6)Heptarchy (In The U.K.)
7)G.lobal O.Verhaul D.evice
8)Let Them Hate So Long As They Fear
9)The Omega Point
10)Megacosm Of The Aquaphobics
11)Ov Vicissitude
12)
DISCOGRAPHIE
Je suis stupeur. Et je suis stupeur, parce que je suis ignorance. Enfin, disons que je l’étais, que je le suis encore dans une certaine mesure, mais déjà un peu moins. Car oui, je le confesse, c’est ma honte, ma très grande honte, mais jusqu’à ce Xenosapien, je ne connaissais pas Cephalic Carnage, sinon de nom. C’est donc d’un œil neuf (et un poil désabusé) que je lisais sur le CD promo le baratin de la boite de production (« bla bla bla pure killing death metal bla bla bla finest band bla bla technical insanity patati patata ») et d’une oreille vierge que je glissais le CD dans mon rutilant équipement hi fi. La suite de l’histoire entre Cephalic Carnage et moi ne fût pas aussi simple et directe que l’amourette réglementaire de tout film d’action entre le héros aux muscles saillants et la belle en détresse aux seins plantureux, parce que ces petits jeunes gens de Denver ne sont pas des filles faciles.
Eh oui : la musique de Cephalic Carnage est bien plus complexe qu’il ne parait de prime abord, et comme on pourrait le penser à la simple lecture du nom. Il faut de nombreuses écoutes pour en tirer la substantifique moëlle, et autant vous le dire tout de suite, si vous n’êtes pas fan de death metal technique bien barré, vous ne supporterez pas ces nombreuses écoutes. Première chose que l’observateur avisé remarquera, c’est que la durée des morceaux est pour le moins hétéroclite, puisqu’elle varie de une minute et des patates pour atteindre presque six minutes pour la plus longue plage – si l’on met de côté le titre caché de l’album (non crédité dans le track-listing) de presque sept minutes d’un tempo lourd et pesant. Ce fait est représentatif de l’esprit de Cephalic Carnage et de son approche déstructurée de la musique extrême.
C’est particulièrement flagrant sur les titres les plus courts qui sont aussi les plus furieux ("The Omega Point" ou "Let Them Hate So Long As They Fear") mais le groupe se livre également à des exercices techniques de plus de quatre minutes confinant à la stupidité ("Divination & Violation") que l’on peut par endroit comparer à du Atheist ou du Cynic pour le côté très dissonant. Autant dire que ça risque de ne pas plaire à tout le monde. Mais en plus de ces deux registres – l’hystérie et la technique – le groupe n’hésite pas à varier radicalement le propos sur un titre comme "Heptarchy (In The U.K.)" qui rappelle pour le coup Death période Individual Thought Patterns pour son côté grandiloquent et sa basse mise très en avant. Et on est pas au bout de nos surprises, puisqu’avec le titre "G.obal O.verhaul D.evice", Cephalic Carnage nous propose un mid tempo avec une introduction à la guitare acoustique, un riff très lourd et une voix claire pour une ambiance qui tire vaguement vers le heavy/doom.
Vous l’aurez compris, vous avez entre les mains (enfin, si vous l’avez acheté, hein) un album déroutant, pas facile à appréhender mais qui recèle son lot de pépites. Je n’ai pas encore parlé du chant de Lenzig Leal ni de la production : le premier est partagé entre un growl majoritairement caverneux et quelques petites pointes de screamo tandis qu’il faut reconnaître que la seconde est puissante à souhait, faisant – et ça fait plaisir – la part belle à la basse qui s’exprime avec brio à plus d’une reprise. Cephalic Carnage semble avoir derrière eux une tradition d’originalité, n’hésitant pas à inclure des sonorités jazzy dans leur musique, que l’on retrouve ici avec l’apparition d’un saxophone sur "G.obal O.verhaul D.evice" ou de lignes de basse tout à fait dans l’esprit sur "The Omega Point". Mais que cela n’effraie pas le puriste avide de violence extrême, ces composantes originales n’affaiblissent à aucun moment la puissance de ce Xenosapien, mais lui donne des couleurs qu’on ne retrouve que très peu ailleurs. Et c’est suffisamment rare pour être souligné.