CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Mischa Mang
(chant)
-Wolfgang Kerinnis
(guitare)
-Ralf Schwager
(basse)
-Michael Schwager
(batterie)
-David Bertok
(clavier)
TRACKLIST
1)Fed Up With
2)Borderline
3)5th Season
4)Déjà-Vu
5)Phenomenon
6)Somebody
7)Different
8)Point Zero
9)Farewell
DISCOGRAPHIE
Lorsque l’on se lance dans une chronique, on cherche en général à se renseigner sur le produit : discographie passée, critiques, biographies… Tout ça dans le but d’établir des éléments de comparaison, de chercher des explications aux bons ou mauvais points de l’objet que l’on tient entre les mains, à savoir la dernière offrande du groupe dont on doit essayer de transformer la musique en mots. Problème : lorsque la popularité n’est pas au rendez-vous et que tous ces éléments manquent à l’appel, comment aborder cet exercice? En imaginant qu’il s’agit d’un premier album d’un groupe inconnu. Aucun risque d’être influencé par les éléments suscités au moins.
Toute cette intro pompeuse pour dire qu’il est finalement bien difficile de chasser le naturel. En effet, très vite après les quelques premières minutes, on cherche déjà à identifier un style, des influences, à planter le décor en somme. Et bien ce n’est pas pour cette fois que votre serviteur évitera ces facilités rassurantes. Mais il est plus que temps de parler musique. Les influences donc : Dream Theater viendra sans doute à l’esprit en premier, même si ce n’est pas flagrant. La technique est beaucoup moins présente et les enchaînements sont moins alambiqués. Est-ce un mal? Sûrement pas. On découvre avec plaisir la voix de Mischa Mang, qui n’en fait pas trop lui non plus, et se contente de poser sa voix là où il le faut avec justesse et précision, même s'il est légèrement nasillard. Pas question de performance et de démonstration ici. Vous voyez sans doute venir la suite bien téléphonée : même chose pour les autres instruments, tous bien mis en valeur par le mixage d’ailleurs, basse comprise. Les claviers sont omniprésents, alternant nappes et piano pour accompagner le chant afin de rendre le tout assez aérien, et clavier lead pour les passages instrumentaux. Rien de bien folichon sur le papier, sauf que l’utilisation en est d’une finesse assez rare et tire le tout vers le haut même si ces fameuses nappes sont parfois un peu trop en avant par rapport au chant. En fait, ou pourrait encore une fois faire le constat pour tous les instruments, mais mention spéciale tout de même à David Bertok.
Et on oublie finalement bien vite le combo américain suscité pour plus se tourner vers Adagio par sa facette sombre, notamment en première partie d’album. En effet il s’agit tout de même d’un metal assez proche du prog. Même si l’on en trouve pas à outrance une des composantes majeures, à savoir l’asymétrie, on est très loin de la simplicité d’un AC/DC. Ce qui n’est pas une qualité ou un défaut, bien évidemment, mais en l’occurrence un outil au service d’une variété bienvenue. A l’écoute du magnifique titre éponyme, pavé de plus de 14 minutes, on ne peut qu’en être assuré. La très belle "Different" également, parfois faite de gros riffs bien lourd pour mieux savourer la pureté d’un passage piano-voix bien senti un plus loin. Épatant comme parfois un peu de simplicité peu faire du bien au milieu de toute cette complexité. Pour le moment, pas beaucoup d’ombres au tableau. Et bien si, il faut bien qu’il y ait des défauts dans tout ça, ce serait trop beau. Citons premièrement les refrains qui, sans être désagréables, sont rarement à la hauteur du reste. Les passages chantés sont de manière générale également un cran en dessous du reste même si cela est moins systématique. Du coup, on est parfois impatient que tel couplet se termine pour arriver au break instrumental suivant. Tout cela est très relatif évidemment. Mais un sentiment de frustration persiste tout de même, car on du bon, du vraiment bon, de l’exceptionnel parfois. Et on voudrait évidemment de l’exceptionnel tout le temps, quand on sait que le combo en est capable.
Mais il s’agit bien évidemment d’un caprice de riche. Cela ne doit pas empêcher l’auditeur de passer un bon moment à l’écoute de cet album, car il est rare d’être surpris positivement à ce point par un groupe lorsqu’on ne connaissait même pas son existence avant d’ouvrir le lecteur cd, et que l'on n'en attend donc rien. Espérons donc le meilleur pour la suite, où les sempiternelles comparaisons seront alors de mise et continuons en attendant à savourer ce 5th Season inespéré.