CHRONIQUE PAR ...
Adam Weishaupt
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Reverend Sorethroat
(chant)
-Snejken
(guitare)
-Rabbi Bob
(guitare)
-Easy Rydstorm
(basse)
-Stikki Nikki
(batterie)
TRACKLIST
1)Just Ain't Right
2)Backstabbin' Bastards
3)Cannonball
4)Oldtimer
5)Game Of Life
6)Gypsy
7)Sugar Mama
8)Hogtied
9)Rising
10)Lady
11)Rise N'Shine
DISCOGRAPHIE
Backdraft, c’est du rock sudiste suédois. Formulé comme ça, à brûle-pourpoint, il y a de quoi s’étouffer avec son banga. Mais n'oublions pas que nous sommes à l’heure de la mondialisation et que la mode en matière de rock est, depuis quelques temps, au « revival seventies ». Il y a donc de quoi relativiser et mettre ses préjugés de côté le temps de l'écoute.
Avec une pilosité et des fringues à la Skynyrd, un univers visuel rappelant Grim Fandango, des titres de chansons ultra novateurs comme "Game of Life" ou "Sugar Mama", Backdraft joue la carte du cliché dès les dix premières secondes de "Just Ain't Right" : riff à la AC/DC, basse mono note en fond, références à la route, au café, à la poussière… Nous voici confrontés à une sorte de Nashville Pussy édulcoré, correct, où les guitares brossent l'auditeur dans le sens du poil, où le langage est à la limite du châtié et où tout sonne trop déjà entendu. Par exemple, "Gypsy", la ballade agréable et contemplative comme le générique de fin de Dawson, recycle tous les poncifs du style tels le chant poignant, la petite montée en puissance, les références à la liberté, le tout performé dans un souci de fidélité extrême au rock classique Américain.
Mais on ne peut pas dire que Backdraft ait fait abstraction de tout ce qui s'est fait en matière de rock lourd après 1974. Du moins pas totalement. Ça serait malhonnête. Par exemple, certains riffs comme ceux de "Game of Life" et "Hogtied", malgré ce son de guitare un peu douillet, dénotent des influences punk et metal, certes atténuées par le glaçage « vintage », mais bien présentes. Mais c'est surtout le chant de Reverend Sorethroat qui empêche de décréter que l'horloge musicale de Backdraft s'est arrêtée au moment de l'élection de Giscard : il s'agit là clairement d'un chanteur post-Anselmo dans ses moments les plus « agressifs » (comprendre quand il ferme les yeux et agrippe le micro à deux mains), avec quelques éléments de soul sentencieuse, comme on peut l'entendre sur "Backstabbin' Bastards" et "Lady", morceaux aux riffs principaux bien sympas au passage. Un style de chant particulier qui a ses partisans, mais qui peut sembler bien convenu, voire même un peu irritant sur la longueur aux autres.
Nous voici donc en présence d'un groupe passéiste, qui ne développe pas, du moins sur album, de réelle identité propre et qui brasse en permanence des stéréotypes dépassés. Mais à côté de ça, The Second Coming s'écoute sans difficultés et ne souffre d'aucun moment de médiocrité flagrante. Les amateurs de rock sudiste dans son expression la plus basique et traditionnelle y trouveront leur compte et peuvent foncer les yeux fermés, ce disque a été fait pour eux.