1996, à l’époque Varg est déjà en prison et pourtant ça n’empêchera pas sa maison de disque de profiter de la légende qui se construit autour du groupe puisque sortiront après son incarcération et dans l’ordre Hvis Lyset Tar Oss (qu’il vous faut si vous ne l’avez déjà) et Filosofem bien que composés avant. Les deux autres disques qui sortiront plus tard ont quant à eux été faits en prison et il faut aimer les claviers. Revenons donc à nos Filosofem. Cet album possède bien la patte de Mr Count Grishnack avec toujours ces riffs ridicules, ce son abominable et ces claviers envoûtants.
Pourtant, une grande caractéristique du groupe s’en est allée. Et oui, il s’agit du chant. Désormais nous n’aurons plus droit au désormais insurmontable raclage de gorge de Hvis Lyset Tar Oss. Varg a préféré s’enregistrer avec un effet étouffé pas franchement désagréable, mais pas excellent du tout. Ca enlève clairement de la magie à sa musique. Pour autant, que cela ne décourage pas les fans de Burzum, il n’a de toute façon jamais beaucoup chanté. Mais ça égratigne un peu les tympans que cette absence. A placer au rayon regret donc. Par contre l’inspiration du jeune homme est toujours là. Certes il a connu son apogée sur l’album précédent, mais il lui en reste nettement assez pour proposer de nouveau des mélodies reconnaissables entre mille et terriblement mystiques. Honnêtement, rien qu’entre "Dunkelheit" et "Jesus’ Dod", cet album vaut son pesant de graines noires. Ce sont des compositions particulièrement prenantes. Extraordinairement nébuleuse et atmosphérique pour "Dunkelheit" et entraînante pour "Jesus’ Dod". L’album s’ouvre de la meilleure des façons avec ces pistes de quelques sept et huit minutes. Ah oui, le sieur Vikernes est plus que jamais un adepte des longues chansons laissant la place à ses riffs hantés de s’étendre encore et encore…
Car n’espérez pas trouver une quelconque richesse musicale dans la variété des riffs. Si elle doit être trouvée, c’est plus dans l’ambiance incroyable que délivre l’album. Les riffs ne sont prétexte qu’à une répétition inlassable et déterminée. Il vous faut savoir ça avant d’entrer dans le monde de Burzum car si vous ne supportez pas la chose, fuyez! L’autre repousse-client qu’a trouvé l’homme, c’est une production d’une déplorabilité assez impressionnante. Honnêtement, je crois qu’elle fait partie du pire de la création musicale. Pourtant elle contribue magnifiquement à l’ambiance qui règne sur l’album, cette impression de destruction sonore. Et puis il s’agit de black metal que diable! C’est normal que vos oreilles souffrent.
Les claviers pour leur part sont peu présents en ce début d’album. Vous aurez pu apprécier leur côté trompeusement mièvre sur "Dunkelheit" mais guère plus. Ils connaîtront leur heure de gloire sur l’éléphantesque "Rundgang um die transzendentale Säule Der Singularitat" (rien que le nom…). Vingt-cinq minutes et trois notes!!! Et oui. Varg Vikernes ose l’inimaginable. Avec trois notes aux claviers et de très rares variations, il vous tient au choix: en apnée pour un long voyage au pays des merveilles, ou, démolit à se demander pourquoi on dit qu’un type pareil fait de la « musique ». Il faut se mettre dans l’esprit. Cela dépend de votre sensibilité musicale, mais personnellement j’aime bien. Il fallait oser. Donc oui.
Et au final, ça donne quoi? Un album hautement recommandable pour les fans de Burzum et de black atmosphérique extrême (je trouve pas mieux comme appellation). En fait seules les "Gebrechlichkeit" (I et II) sont à jeter. Bref, un quart d’heure sur une heure de musique. Tout à fait acceptable d’autant que le reste contient des perles. Verdict: vainqueur aux points.