CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
12/20
LINE UP
-Joe Altier
(chant)
-Kenny Dunham
(guitare)
-Kris Wiechmann
(guitare)
-Chuck Kahl
(basse)
-Kevin Dean
(batterie)
TRACKLIST
1)Arrived
2)The Loner
3)Brown Street Betty
4)Black And Blue
5)Runnin' Alone
6)Freight Train
7)Vicioous Cycles
8)Another Reason
9)Days Are Numbered
10)Once In Lifetime
11)Dead Man Walking
12)Gulch
13)Wyoming
DISCOGRAPHIE
Des bruitistes américains poilus et tatoués, les gendres idéaux: Brand New Sin. Le groupe existe depuis 2002, et s'installe avec ce second album aux côtés de Nashville Pussy ou Corrosion Of Conformity, dans un style rock/hard sudiste assez agressif, beaucoup plus direct que Lynyrd Skynyrd ou Molly Hatchet par exemple. Au menu: des riffs bien gras, une voix rocailleuse, et surtout une bonne dose d'énergie, bref du rock n'roll de Hell's Angel, à écouter en boucle sur sa Harley tout au long de la Route 66. Pas exactement ce qui fonctionne le mieux en ce moment, mais bon pourquoi pas...
Recipe For Disaster n'est pas un album révolutionnaire, comme on peut s'en douter. C'est même à une «régression »musicale que le groupe nous invite, à un retour en force des années 1970, simplement mis en forme avec les sonorités actuelles (et encore...). Ah, on me signale à l'instant que Motörhead fait cela depuis près de trente ans déjà... Certes. Ne le dites pas à Brand New Sin, car ils ne sont pas du genre à s'arrêter à ces «détails». Nul doute même qu'ils seraient flattés de la comparaison! Effectivement, il est difficile à l'écoute de cet album de ne pas penser à la bande à Lemmy Kilmister. "Arrived", "The Loner", "Days Are Numbered" et tant d'autres appliquent la même formule: pas de grands efforts d'inventivité, mais de l'énergie en bâtons. Le rythmes sont souvent calés en mid-tempo, naturellement; si bien que lorsque Kevin Dean, derrière ses fûts, se met à s'énerver sérieusement, au son des riffs endiablés de "Black And Blue" - choix ambitieux pour un single s'il en est - et de "Freight Train", on franchit allègrement la limite entre le hard et le heavy-metal, et l'on pense alors plus volontiers au Black Label Society de l'ami Zakk Wylde. Ce qui n'est pas sans son petit effet, quand bien même la voix de Joe Altier reste fondamentalement rock n'roll.
Parlons-en de cette voix justement. Très performante dans son style, elle aura certainement son chic pour énerver éperdument votre petite soeur fan de R 'n' B. Les mélodies vocales sont tout ce qu'il y a de plus soft, épuré, et quelques choeurs viennent parfois hausser l'impact d'un pont ou d'un refrain. Joe Altier peut toutefois faire penser à Russell Allen, dans ses intonations graves, curieux hasard puisque je rappelle au passage que le vocaliste de Symphony X sort incessemment sous peu son premier album solo, qui s'inscrit dans un style pas bien éloigné de celui de Brand New Sin. C'est donc une grande maîtrise du «roar» que vous constaterez chez ces ricains. Mais Altier peut également user d'une voix plus douce et claire, pour notamment colorer les rares parties de guitare acoustique de Recipe For Disaster: voir "Running Alone", au son de laquelle, en fermant les yeux, vous vous imaginerez sans problème en train de siroter un double whisky au comptoir du saloon de Jacky O'Hara "La Fripouille", devant une dernière partie de poker avant la fermeture. Et puis au fond, les impressionnants pectoraux cachent souvent un coeur gros comme ça: la ballade de cow-boy solitaire "Once In A Lifetime", pas vraiment ce qui se fait de mieux pour danser un slow, mais salutaire car changant pour quelques minutes un unique tempo qui devient vite redondant. Pour autant, ce titre est loin d'être parfait, la faute à ce bâclage délibéré des mélodies.
C'est le souci que rencontrera Brand New Sin: le concept-même du groupe, qui à la diversité et à la technicité préfère privilégier la simplicité et le groove - cette position est défendable -, lassera trop rapidement les non-amateurs de rock sudiste. Et dans les années 2000, ne nous voilons pas la face, il y en a de plus en plus. Si bien qu'Il paraît impensable de voir ce groupe percer ailleurs qu'aux Etats-Unis, où malgré tout l'effet de "culture" peut jouer. Sinon, pas grand chose à redire en vérité: le groupe sait ce qu'il fait, et le fait plutôt bien. Fans de Motörhead, Molly Hatchet ou Saliva (voilà qui devrait nous ramener à un échantillon d'à peu près quarante/quarante-cinq ans de moyenne d'âge...), voici votre nouveau chouchou. Les autres sont déjà partis.