CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7.5/20
LINE UP
-Trey Ramirez
(guitare)
-Andrew Collins
(chant+clavier)
-Jon Oswald
(batterie)
-Bobby Andrews
(basse)
-Michael Carrigan Throeald
(guitare)
TRACKLIST
1)Circle Of Demons
2)Get Down For The Revolution
3)The Message
4)Let It Rain Death (Blizzard Of Snakes)
5)Ride Through The Storm
6)We Won'T Give In
7)Step One
8)Leaving Forever
9)Eating Lightning Pt. 3
10)The Wall That Divides
11)Drugs
DISCOGRAPHIE
Vous connaissez sûrement ces enseignes célèbres dont je tairais le nom (pas de pub !) spécialisées dans le parfum, plutôt tendance djeunz et luxe, proposant aussi toutes sortes d’articles de bains et autres coquetteries souvent hors de prix ? Ben n’hésitez pas si vous n’êtes jamais entrés dedans : allez-y et inspirez un grand coup par les narines. Si vous n’êtes pas terrassés par les centaines de fragrances délétères qui flottent dans l’atmosphère, vous aimerez peut-être cet album d’At All Cost. Parce que prises séparément, toutes ces odeurs sont sûrement très chouettes : mais mélangées comme ça au petit bonheur la chance, c’est plus proche du vomitif olfactif que de l’envoûtant Chanel n°5…
Bon, le trait est un tantinet grossi mais l’idée est là. At All Cost se veut un groupe aux influences multiples, incapable de se cantonner à un style et sans arrêt en train de varier le propos, ceci partant très certainement d’une louable intention mais s’avérant au final assez déstabilisant. On passe au sein d’un même titre par des passages typés Children Of Bodom (l’intro de "Eating Lightning Part III"), on enchaîne sans transition vers un passage punk avec un chant dans la plus pure tradition d’un groupe de rock estampillé MTV (sur "Ride Through The Storm" on croirait entendre par moment un générique d’une série à la Buffy contre les Vampires…) pour s’approcher l’instant d’après de moments plus furieux à la Dillinger Escape Plan en moins déstructuré, mais le cœur y est.
On saupoudre de petits passages ou les gratteux n’hésitent pas à plaquer des plans en sweeping dignes de petits shredders en herbe ("The Wall That Divide", "Get Down For The Revolution"), on n’oublie pas de faire un peu de guitare acoustique sur la deuxième partie de "Let It Rain" alors que ça ne se justifie nullement et on y fourre un solo à la Gun’s ou Skid Row dans leurs mauvais jours. Et, cerise sur gâteau, on s’amuse avec le vocodeur du grand frère et on ajoute de vagues sons electros pour faire comme Daft Punk sur "Leaving Forever", "Get Down For The Revolution" ou "We Won’t Give In". On aura même droit sur ce même titre à une outro au violoncelle. Vous étiez prévenus : ces petits Texans ne reculent devant rien pour apporter de la fraîcheur à leur musique.
Louable intention, nous l’avons dit. Loin des produits stéréotypés, At All Cost tente pour leur second album de redéfinir la notion de pot-pourri en y jetant tout ce qui leur tombe sous la main, avec plus ou moins de bonheur (et plutôt moins que plus). C’est dommage, parce que du coup – conséquence quasiment imparable de ce genre de concept – Circles Of Demons se veut très inégal et assez indigeste sur la longueur. La production peu exceptionnelle fait vaguement datée : elle rappelle celle des groupes de death mélodique de la fin des années 90’ à la Dark Tranquillity ou, un peu plus tard, à la Sins Of Omissions. Les guitares sont assez aigues, et le chant (quand il est agressif) s’aligne également sur les groupes précités. On notera la pochette plutôt vilaine qui ne donne pas envie de saisir l’objet de ses mains moites dans les étals des disquaires, et on finit par avoir un produit qui n’a tout compte fait pas grand-chose pour lui.
Le cul entre cinq ou six chaises (une performance en soi), At All Cost a toutes les chances de se rétamer. En fait, si une bonne âme avait l’idée – stupide, il est vrai – de découper chaque chanson et de réunir les morceaux en les regroupant par genre, on se retrouverait avec quelques chansons de death melodique sympathiques, quelques chansons de punk/rock MTV acceptables, et deux-trois autres trucs vaguement electros pas tout à fait identifiés sur lesquels on ne se prononcera pas. Au lieu de ça, on a un genre de monstre de Frankenstein mal dégrossi à l’haleine rappelant une de ces fameuses grandes surface de parfumerie dont tous les parfums auraient étés répandus sur le sol : bouerk…