02 octobre 2016
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Paris - La Maroquinerie
Initialement programmé à l'ex-loco, le concert est finalement programmé à La Maroquinerie. Au regard de la volumétrie des deux salles c'est à se demander si les préventes n'ont pas été catastrophiques malgré les quatre groupes annoncés. Les organisateurs avancent une incompatibilité de planning entre La Machine et les colocataires du trottoir. De facto on rêve déjà à une salle blindée coté « Maro »...Ambiance!
L'un des points négatifs des concerts est de ne pas savoir exactement à quelle heure s'ouvrent les portes et a fortiori quand commence le premier concert. Lorsque l'on se pointe pour 18h30 et que la file commence sérieusement à s'étirer dans la rue, chacun y va d'abord de sa petite blague puis peu à peu s'agace ou s'énerve avec des décibels plus ou moins prononcées selon les caractères. 19h et toujours dehors... Ainsi lorsque, finalement, pourtant placé en milieu de file, j'entre et que le set de Nervosa est déjà bien débuté, l'agacement est largement prononcé, surtout qu'il est 19h30 passé et qu'en calculant rapidement on se dit que le set de Destruction ne risque pas de s'étendre (rapport aux heures de fin de concert imposées aux salles parisiennes).
Dehors temps plutôt clair et frais, rues plutôt silencieuses, mais franchies les deux portes coupe-feu et coupe-son, c'est la chaleur, le sombre et le thrash énervé des trois nanas qui vous assomment d'un coup. Une petite trentaine de personnes font le tour de la fosse entre curieux venus mater avec plus ou moins de sexisme les Brésiliennes et la petite dizaine de fans absolus hurlant et reprenant chaque couplet et chaque refrain. Si les deux têtes d'affiche sont largement labellisées old school , le « thrash à papa balancé » par Nervosa prend toute sa dimension sur scène. Oublions rapido la technicité (quoique ça tricote plutôt bien par moment) et laissons les racines du genre tanner le cuir de la maroquinerie... Les nombreuses vestes à patchs finissent bon gré mal gré à remplir l'arène, mais il ne reste déjà que deux titres dans une mini setlist oscillant entre promo pour Agony le dernier Lp et les compositions compte poing ayant permises aux filles de sortir des disques et tourner. Celles-ci seront d'ailleurs ultra dispo à leur merch entre ventes de LP , dédicaces et séances photos car après tout des thrashers souriant comme ça... Un set musclé et très efficace avec un public très réceptif pour un opener (hélas, sur le peu que j'ai pu voir).
Roadie et membres de Enforcer s'affairent ensuite à préparer leur set. C'est le groupe le plus étonnant de l'affiche où le genre même si ultra énergique sort un peu du registre thrash metal même si on pourra retenir en point commun la musique des 80's histoire de trouver un traceur. La salle se vide le temps de passer au bar ou s'aérer un peu en terrasse. On circule plutôt très bien malgré la configuration de la salle (à se demander ce qu'aurait du coup la configuration La Machine du Moulin Rouge...) . backdrop et étendard latéraux sont prêts, cuirs et clous luisants aussi. Les lumières s'éteignent le set commence. Olof Wikstrand et sa bande auront réussi une belle année 2015 avec la sortie de From Beyond et bon nombre du public ayant investi la fosse arbore fièrement le Tshirt de la tournée. Si le son de Nervosa était impeccable, les premiers titres du combo suédois souffriront de quelques basses trop prononcées et d'un chant peu perceptible avant de se stabiliser et restituer au mieux le speed metal des Suédois. Et cette remarque sera quasi oiseuse tant le groupe à dynamiter la salle sur chaque titre. Avec aucun temps mort et une maîtrise musicale, technique et scénique , Enforcer se met tout le monde dans la poche : ça danse, ça chante en gueulant sans retenue et même si les quelques slams sont repoussés sans réel ménagement par une sécurité ayant visiblement décidée qu'il ne s'agissait que de bidoche et pas d'humains s'amusant. Les trois quarts d'heure semblent cinq minutes. En débutant le set par les trois premiers titres de From Beyond puis en clairsemant le set des singles des autres albums pour finir sur un explosif "Midnight Vice" de l'album Diamonds, La Maroquinerie est conquise. Les deux premiers groupes viennent de mettre la barre très haute pour les deux dinos à venir.
Flostam & Jetsam...beaucoup sont encore présents avec un Doomsday For The Deceiver pour finalement unique bagage musical sur le combo. Pourtant le groupe a eu sa carrière, certes dans l'ombre des blockbusters du style mais largement respectable depuis trente ans. Seul Michael Gilbert et Aric A.K sont de ce disque monument mais la présence de Jason Bittner à la batterie (batteur trop peu connu malgré un CV conséquent -dont un passage pour une tournée chez Anthrax en remplacement de Charlie Benante s'il vous plait) permet de croire à set affirmé et conséquent. Le groupe vient promouvoir son nouvel album éponyme et va pouvoir ainsi mêler les premiers titres et les tous nouveaux. Hélas entre un début de set ralenti par la disparition du second guitariste en coulisses dès le second titre , que le groupe meublera entre blague et mini solo batterie, le set décolle vraiment évidemment à l'intro de "Desecrator". Même la doublette "Hammerhead" et "Monkey Wrench" pourtant intéressante sur le papier avec le recul n'aura pas dynamiter la fosse. Sans être mauvais le groupe fait son job et assurera les ventes de tee shirts et d'albums post concert sans pour autant rester dans la même ligne très dynamique tracée par les jeunes louves et loups des premiers sets.
Enfin exit l'alpha et l'omega... La salle est maintenant remplie à son maximum (loin d'être complète) pour laisser libre cours à Destruction. Au regard de l'heure - 22h30 - on se dit déjà que le set risque d'être expéditif sauf si la salle laisse les Allemands jouer sans imposer de temps. Peu importe le thrash metal allemand n'a besoin que de peu d'espace pour assurer la mandale. En effet Marcel "Schmier" Schirmer et son orchestre ouvrent le bal avec un "Under Attack" qui annonce la couleur (rouge coté light durant quasiment tout le set) et se met de facto toute l'assemblée dans la poche. Des quelques aficionados ayant du connaître le groupe à leur début , aux jeunes surexcités sautant partout dans le mini pit (également la bassiste de Nervosa qui ne lésinera pas dans la fosse sur le headbanging et le pogo) , le trio délivre son thrash sans aucune fioriture et sur une restitution sonore de qualité. Passé ce premier titre de chauffe, "Curse the Gods" va faire monter d'un coup la pression comme chacun des titres maintenant quasi trentenaire des Teutons. Et comme redouté et alors que tout le monde prend tranquillement son pied, le groupe est informé qu'il ne reste que dix minutes pour boucler son set avant coupure. A priori "Eternal Ban" passera à la trappe pour assurer les deux monuments "Thrash Till Death" et "Bestial Invasion". Tant pis mais Merde. Sans être monumental le set permettait largement à tout à chacun de découvrir ou de profiter une nouvelle fois d'un des grands groupes fondateurs de thrash quoiqu'on en dise.
Allons ne tombons pas dans le « haters gonna hate » , la soirée fut belle. Les deux « jeunes » groupes ont superbement assuré , les Flotsam & Jetsam ont fait le job et Destruction, sans avoir non plus atomisé le public, apporte une nouvelle preuve de l’efficacité allemande dans le thrash malgré les décennies : du travail de pro.