Quelle belle affiche que voilà ! Même si les dates françaises présentaient une version light des groupes prévus pour le reste de la tournée européenne, force est de constater que ce type d'annonce a tendance à faire à minima sursauter du fauteuil et d'un geste maladroit se coller la souris dans l’œil sur un réflexe musculaire non contrôlé. Une fois de plus, les curieux Eternels s'en sont allés ouïr et voir cette belle affiche sur plusieurs dates. Reports.
Istres, L'Usine, 27 novembre 2014 By Pietro
C'est dans cette superbe salle que commence une belle soirée :
Hell a encore marqué des points avec son heavy metal alambiqué et très théâtral. On aime ou on déteste, mais en tous cas le groupe ne laisse pas indifférent. J'ai un peu parlé aux mecs du groupe après le show qui m'ont confirmé qu'ils n'avaient plus aucun vieux morceaux des 80's en stock, quand ils se mettront à bosser sur un nouvel album (c'est pas pour tout de suite) ils devront partir de zéro.
Arch Enemy était certainement le groupe le plus attendu de la soirée: non seulement il s'agit de la première tournée avec la nouvelle chanteuse, mais c'était carrément le deuxième concert après l'intégration surprise et en pleine tournée de Jeff Loomis. Commençons par ces deux là: Alissa assure carrément au chant (malgré quelques petits soucis de micro en début de concert), peut être même plus que sa prédécessrice et elle est à l'aise sur scène, parle bien au public (et en français bien sur), bref elle joue bien son rôle de frontwoman. Seule petite réserve, elle n'a pas le charisme animal et presque bestial qu'avait Angela. L'allemande inspirait le respect et impressionnait, la Canadienne est très sympa, souriante. On passe d'une «
Metal Goddess » à une bonne copine. Quant à Loomis c'est une machine, il joue déjà les morceaux à la perfection et les solos pratiquement à la note près, c'est impressionnant. Il n'a pas beaucoup bougé sur la scène et semble encore un peu sur la réserve, ce qui est tout à fait normal, mais techniquement c'est vraiment un monstre. L'alliance Amott/Loomis, si elle perdure, a de beaux jours devant elle ! Car Mike reste clairement le leader et même la star du groupe, il a un son et un touché inimitables, joue à la perfection... même s'il parait parfois un peu distant ou plutôt nonchalant pendant certaines rythmiques (il m'a fait penser à Weikath de Helloween), il fait le show quand il le faut. Le set était un poil court et le groupe ne s'est peut être pas donné comme s'il était en tête d'affiche, ça m'a donné envie de les revoir plus longtemps avec ce nouveau line up vraiment excellent.
Mais ce n'était rien par rapport à ce qui a suivi...
Kreator est le plus grand groupe de thrash du monde, et il l'a encore prouvé ce soir là. Quelque soit les préférences musicales, tous les spectateurs de bonne foi ont dû se rendre à l'évidence:
Kreator était plusieurs crans a dessus de toute concurrence. Je n'ai même pas besoin de développer, il n'y pas eu vraiment de surprises (sauf une reprise inattendue dans la setlist, d'ailleurs très pertinente), pas de nouveaux membres à tester, rien de tout ça. Juste un concert énorme avec un gros show (projections à la place du backdrop, flammes, fumée...) et une énergie complétement folle. Un immense respect pour ce groupe.
Toulouse, le Bikini, 1 Décembre 2014 By Sven
Arch Enemy en concert, j’en rêvais depuis longtemps. Étonné tout de même de voir que le groupe de Michael Amott n’était pas tête d’affiche sur cette tournée, ouvrant pour Kreator. Qu’à cela ne tienne, ça me donnerait une occasion de découvrir les deux formations en live, étant fan des premiers et assez amateur de
Phantom Antichrist, dernier album en date des thrasheurs teutons. Une fois de plus, Guest était de la partie, mais étant arrivé en retard, il était écrit je n’entendrais pas une seule note de la première partie de la soirée.
Qu’à cela ne tienne, j’allais rapidement pouvoir me concentrer sur la prestation des suédois, intéressante à plus d’un titre. Premièrement, j’allais pouvoir juger
Arch Enemy sur scène. Ensuite, j’allais pouvoir évaluer le charisme et la qualité scénique de Allisa White-Gluz, remplaçante de la puissante Angela Gossow. Enfin, le renfort inattendu de Jeff Loomis comme deuxième guitariste faisait office de cerise sur le gâteau, fan que je suis de (feu) Nevermore. Et le dernier album m’ayant réconcilié avec Arch Enemy, c’était l’occasion ou jamais ? Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les bougres sont sacrément au point malgré les récents changements de line-up. Alissa est très à l’aise, le growl est assuré à la perfection, et l’enthousiasme est bien présent. Entre les morceaux, des encouragements et des remerciements en français s’assurent les applaudissements et les hurlements d’un public conquis. La base du quintet, Amott, D’Angelo et Erlandson, fait un boulot impeccable malgré une sobriété scénique un poil trop poussée. Le chef d’orchestre Amott excelle dans le jeu et les soli, et hurle au micro de temps à autre. Enfin, Jeff Loomis est une recrue de choix, tant sa virtuosité et son talent de guitar hero lui valent un rôle prépondérant dans la prestation. Tous les lead et les soli, ou presque, lui reviennent, et il les maîtrise à la note près, malgré une intégration très récente dans la bande. Question setlist, après une intro puis un "War Eternal" chargé de prouver que l’album éponyme était taillé pour le live, les scandinaves nous délivrent un florilège de tubes venus de toutes les époques de la discographie. Toutes, sauf l’époque Liiva malheureusement, tant un bon "Pilgrim Man" aurait eu sa place dans la setlist. Tous les tubes y sont, "Ravenous", "You Will Know My Name", "We Will Rise", et j’en passe. Michael Amott doublera même le growl sur "Dead Eyes See No Future" notamment, pour rajouter de la profondeur au chant d’Alissa. Seuls manquent au tableau les albums pré-Gossow et surtout les tubes de
Rise Of The Tyrant, auxquels leur sont préférés pas moins de trois titres issus du moyen
Khaos Legions, qui rendront tout de même plutôt bien, même si quand même, un petit "Revolution Begins", merde ! Mais à la fin du set (bien trop court pour les amateurs), une ovation méritée vient récompenser un concert de grande qualité qui justifie de revoir les suédois rapidement sur scène.
Puis vient le temps des balances. Et la même question sur les lèvres des novices en la matière (dont je fais partie) : comment se fait-il que
Kreator, malgré son statut de vétéran du thrash allemand, ait pu piquer la place de tête d’affiche à l’une des formations les plus reconnus de la sphère metallique actuelle ? La réponse allait venir bientôt… Après une intro pop sur fond d’images joyeuses, l’ambiance change tout d’un coup au son des guitares nettement plus incisives sur fond d’explosions nucléaires. Sous les applaudissements de la foule, le groupe prend place. Et immédiatement c’est la guerre. "Violent Revolution" clame Mille Petrozza, et c’est à peu près l’impression que donne la fosse à ce moment précis. À l’endroit où le public avait su rester sage pendant la prestation précédente, sautillant gentiment et agitant les bras, se dressent désormais un circle pit ravageur, le tout sous des torrents de riffs plus incisifs les uns que les autres. Aux commandes, une bande de teutons déchaînés, sortis des entrailles du metolz lui-même. Ça hurle du refrain addictif à en crever ("Violent Revolution", "Civilizations Collapse", "From Flood To Fire" pour ne citer que les premiers titres), ça incite en permanence à la baston la plus sauvage, ça remue la tête à l’image du bassiste, tout droit sorti d’un groupe de heavy à l’ancienne dans son blouson de cuir et avec sa tignasse des années 80, et ça envoie du bois de manière totalement incroyable. Et c’est là qu’on se rend compte que ce n’est pas pour rien qu’ils sont les stars de la soirée. Même le profane prendra un pied d’enfer devant cette débauche d’énergie et cette violence maîtrisée à la perfection. Les morceaux s’enchaînent sous les cris de folie et/ou de plaisir d’un public ravi de pouvoir se lâcher totalement. Ça va mosher, ça va circlepiter, ça va wallofdeather, le tout avec la bénédiction d’un leader terriblement en forme ! Oh, tiens, "Phantom Antichrist" et son refrain fracassant! Oh, la folie furieuse qui accompagne la culte "Pleasure To Kill" ! Oh, le défoulement total lors du final ! Oh, la surprise qui va bien avec une reprise de Maiden de bon aloi ! Oh, le déferlement final sur le duo "Flag Of Hate/Tormentor" ! Oh, c’est fini, si on allait écouter tout ça sur disque, maintenant ??
Alors au final, ça valait quoi cette soirée? Guest, on ne sait pas, mais Arch Enemy et surtout Kreator, en live, c’est la tuerie absolue. Mention très bien pour les suédois mais excellent pour les allemands qui assurent magnifiquement malgré leurs trente ans de carrière. Impressionnant !
Paris, le Bataclan, 2 Décembre 2014 By S1phonique
Et bien comme d'habitude, mon arrivée dans la salle ne servira qu'à voir les deux têtes d'affiches. Avec les nouveaux horaires de jeu, impossible d'arriver à 18h00 pour voir les premières parties. C'est donc dans une salle remplie dans son intégralité que je pénètre. Le public mélange tous les âges et on apprécie ce melting pot, les deux groupes fédérant finalement toutes les générations. C'est d'ailleurs la plus jeune d'entre elles qui semblent pour le moment faire le plus de bruit et se presser devant la scène où les roadies finissent d'installer la scène pour Arch Enemy.
Mon attente aura été toute relative puisque débute immédiatement l'intro du dernier album sous une bronca joyeuse et les choses sérieuses vont débuter. La setlist fera bien sûr la part belle au nouvel album en diluant les standards du groupe. Chacun sait déjà qu'il va passer un bon moment. Et tour à tour les musiciens sont acclamés crescendo, White Gluz parvenant à faire aussi bien que Amott. Sans sous estimer l'accueil réservé à Loomis. Le set est très agréable et (effectivement, même ressenti que Pietro) le nouveau line up renouvelle ou agrandit la fanbase du groupe. En apportant son caractère, sa gentillesse et sa bonne humeur, Alissa adapte son registre au groupe sans en changer réellement son intérêt. Ses interventions canadiennes sont saluées et si le brutal et félin que véhiculait Angela est dorénavant plus "jeune", l'interprétation des morceaux est et reste du pur «
fucking war » à la
Arch Enemy. La fosse ne se laisse pas tromper et l'énergie du pit est agréable au groupe, au public, au set.
Fin du set et la fosse se renouvelle sagement entre les
Kreator et les
Arch Enemy. Preuve de la bonne prestation de ces derniers : le merch est pris d’assaut en même temps que le bar. Il faudra malgré tout se presser car au regard de l'heure et du boulot des roadies,
Kreator ne devrait pas tarder (sous risque de couper son set puisque le couvre feu agaçant des 22h30 plane en arrière plan). Et c'est partit pour les Allemands, solidement ancrés dans leur réputation sans faille de retourneurs de salle et de concerts explosifs. La setlist est taillée dans le traditionnel et fonds de commerce kreatorien. Mais comment peut on ne pas accueillir la bave aux lèvres des débuts de set avec des brûlots comme "Violent Revolution" ou "Civilization collapse"? Là où pas mal de groupes en feraient des fins de set ! Mille et sa bande disposent d'un catalogue de titres, non seulement puissants, mais également parfaitement adaptés et restitués en live. Le quinqua leader connait le job et prend autant de kiff qu'il en donne. Alors on peut largement excuser un non renouvellement des setlists ou des prises de risques car l'aThrash'coeur est là et ponctionne à qui mieux mieux. Comme on pouvait le penser, le Bataclan prend sa mandale sur la même setlist que les autres dates, et chacun s'en retourne à son métro, son bus ou sa bagnole, le sourire en coin effacé tard dans la nuit tant le plaisir fût.
Et BAM ! BAM ! BAM ! Trois fois bam ! C'est pas parce qu''ils sont professionnels et qu'ils tournent depuis des dizaines et des dizaines d'années que les groupes ne sont pas capable de répéter show après show de superbes prestations. Les retours sur ces trois dates françaises ne trompent pas son monde. Arch Enemy et Kreator sont d'immenses groupes de scène. Le premier, malgré un line up changeant, maintient la qualité de ses shows. Le deuxième, malgré une sortie de nouvel album déjà éloignée, ne trahit ni ne faillit et met tout le monde à l'amende du thrash à l'allemande. Le KIFF !