08 avril 2014
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Paris - La Boule Noire
Mardi 8 avril à la Boule Noire s’est produit un petit événement dans l'univers des progueux : Haken jouait pour la première fois à Paris. La soirée s’annonçait agréablement mélodique et technique avec de chouettes longs morceaux, chose assez peu fréquente dans la capitale. C'est donc avec impatience que les mélomanes s’engouffrèrent dans la petite salle rapidement pleine à craquer dans l'attente d'un show de près de deux heures pour les futurs grands (selon un sondage des détenteurs du bon goût) du metal progressif. Que d'émotions !
Mais avant toute chose c'est l'heure de la première partie, une première partie faisant honneur au metal et au rock progressif avec Lazuli un groupe de rock progressif francophone... Ah non pardon, excusez-moi, je me trompe, Lazuli c'était la première partie d'Haken à Milan... En France, nous avons eu le droit au sympathique rockeur (seul sur scène) de French Tobacco. Pas vilain, même plutôt sympathique avec un public bienveillant qui répondait à ses invectives quand il fallait faire du bruit pour la star du soir Haken ou quand il reprenait "Creep" de Radiohead. Sympa, gentil, mais en soit rien de marquant et rien non plus de vraiment raccord à la soirée. Et c'est un peu le problème, car beaucoup de groupe de metal ou rock progressif ont du mal à trouver des dates de concert. Alors, pourquoi faire venir un jeune rockeur qui ne cadre pas avec le groupe que les spectateurs sont venus voir. Dommage, vraiment, même si le moment passé ne fut pas désagréable. Juste hors-sujet.
Après 20 minutes d'entractes, le véritable concert commence enfin alors que la Boule Noire est presque totalement remplie. Ce sont sur les notes et les voix immanquables de l'introductive "The Path" que le groupe entame son set. Hurlement de la foule heureuse de les voir, les anglais enchaînent naturellement sur "Atlas Stone". Petite déception, le son est un peu trop fort (la batterie surtout) manquant un peu de punch et le chanteur est plutôt faux. Heureusement, ces défauts s'atténueront deux-trois morceaux plus tard pour un show carré avec un Ross Jennings (le chanteur) faisant le show. Pour le reste, on est sans aucun doute devant un concert de prog avec pas moins de quatre claviers, deux guitaristes dont un s'amusant aussi aux claviers et un nouveau bassiste six-cordes, Conner Green, qui s'éclate tout sourire pendant l'intégralité du set. C'est d'ailleurs un véritable régal de le voir slapper tranquillement, s'amuser avec les deux guitaristes et nous offrir un solo aux accords et accents jazzy, histoire d'introduire l'excellente "Pareidolia".
Mais revenons-en aux morceaux. La tournée se doit de fêter
The Mountain, le dernier disque des anglais, et c'est fort logiquement qu'ils enchaînent sur "In Memoriam", plus agressif mais tout aussi sympa. Ross Jennings annonce ensuite un retour dans le passé avec "Insomnia", issu de
Visions, et son break instrumental de malade (le claviériste s'en donne à cœur joie avec des sons soit kitsch soit très jeux vidéo) tandis que les guitaristes et le bassiste se font plaisir sur leur manche. Et ça passe nickel une vraie réussite qui montera en puissance avec "Aquarium" de l'album
Aquarius et "Falling Back To Earth" où les parties metal bien lourdes s'entremêlent avec un refrain aérien repris par la foule. Très agréable. Le concert commence à prendre ses marques et les erreurs du début s'effacent au profit d'une belle maîtrise techniques, de belles mélodies et surtout d'un groupe qui s'éclate.
Le sommet du concert n'est d'ailleurs pas loin avec un enchaînement incroyable de certains des meilleurs titres du groupes : "Pareidola" et son mix entre jazz et metal, "Streams" avec son groove irrésistible (et pour le coup Ross Jennings sera en pleine forme après un début de concert en demi-teinte, il n'hésitera pas à faire du air-guitare avec son micro histoire de rajouter au spectacle), la loufoque "Cockroach King" reprise en cœur par la foule et le très bon final de
The Mountain "Somebody" et ses parties instrumentales de folie. D'ailleurs, je n'ai pas parlé de Charlie Griffiths et Richard Hen Henshall, les deux guitaristes, mais eux aussi furent exemplaires avec leurs divers solos bien retranscris. C'est sur ce quatuor gagnant que le groupe se retire pour revenir avec le morceau vocal "Because It's There", assez touchant, et surtout pour achever le public avec la longue "Visions" et ses vingt minutes, histoire de montrer que ce ne sont pas des progueux pour rien. A titre personnel, j'aurais préféré entendre "Celestial Elixir", mais les duels instrumentaux de ce dernier épique restaient quand même jouissif. Un vrai bon moment.
Le concert s'achève sous les applaudissements de la foule qui n'a pas cessé de réagir aux différents morceaux. Les gars d'Haken ont prouvé qu'ils n'usurpaient pas leur réputation de futur grand du metal prog en offrant un show carré, perfectible dans le son et la voix, mais terriblement sincère avec des sourires tout du long. Cerise sur le gâteau, les musiciens sont descendus à la fin du concert pour discuter et signer des autographes à leurs fans tout en blaguant. En somme, des gens sympas et sincères qui s'éclatent avec leur musique !
Galerie photos : Das Silverfoto