CHRONIQUE PAR ...

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[MäelströM]
le 07 octobre 2007




SETLIST


AFFILIÉ

05 octobre 2007 - Paris - Scène Bastille


Faith_&_the_Muse_Paris_-_Scene_Bastille_20071005

Si La Scène Bastille n’existait pas, il faudrait l’inventer. En plus de proposer de nombreux spectacles alternatifs, souvent de très bon goût, le public de La Scène est un des plus respectueux et attentif qui soit sur la capitale. Quand bien même il manque un robinet sur deux dans les chiottes et même si le distributeur de savon est toujours vide, la bonne ambiance du lieu fait mentir les gens qui pensent que les parisiens sont malpolis (même si c’est souvent vrai) et fait rougir les nombreuses salles de la capitale ou le report du dernier match autour d’une bière H²O 90% fait plus de bruit que les musiciens.

La soirée débute avec le groupe The Last Embrace qui gagne en maîtrise à chaque représentation. Celle de ce soir est excellente : les musiciens sont en forme, le pianiste n’en rajoute pas et le guitariste se fend de quelques incursions bluesy très bienvenues compte tenu de sa participation parfois sommaire. Le public aura un peu de mal à rentrer dans le truc, on ne les attendait pas pour cause de programmation tardive (et de désemparement par leur style hybride) mais on comprend leur appréhension. Il est toutefois regrettable que les percussions ne se marient pas toujours avec le reste : les congas ont un son tellement typé qu’elles donnent à certains morceaux un aspect afro-cubain qui tranche avec le reste. La chanteuse a pris de l’assurance et se permet les mimiques qui manquaient précédemment à sa franchise alors que la formule guitare/piano en réponse s’enrichit de concert en concerts. The Last Embrace n’était pas devant son public le plus fervent, pourtant même les plus blasés des corbacks n’ont pu qu’applaudir chaudement devant “Can You?” ou “Inside”.

On baisse la lumière, on fait chauffer l’encens et on pose un candélabre (qu’on n’allume pas…) : pas de doute, c’est un groupe de goth’ qui va nous servir les minutes à venir ! Quand arrivent les trois guitares en disto’ profondes, l’inquiétude guette : N’était-ce pas sensé être un show acoustique ? Visiblement non, et Liturgy of Decay donne dans le lourd, saturé à mort, avec tout le recul et le je-m’en-foutisme nécessaire à une prestation de corbeaux. Planqué derrière un maquillage à terrifier Tim Burton, le groupe assure le show grâce à un chanteur charismatique (les autres musiciens ne sachant qu’afficher leur air blasé) qui dégage une présence indiscutable. Quand on se planque derrière un tel décorum, il faut proposer une musique de fou pour assumer – et ce n’est malheureusement pas le cas de ces jeunes gens. Ni fous, ni possédés, ni subversifs (excepté un pamphlet anti-Sarkozy qui n’avait absolument pas sa place ici). On sent que le groupe a bien appris sa leçon… mais c’est tout ! Même l’odieux trafiquage de the Cure ne sonne «que» comme un autre morceau de Liturgy of Decay. La manie du chanteur de tout faire sur la même ligne (et de balancer les orgues ombrageuses sur chaque titre) empêche les morceaux de se définir correctement. Rozz Williams a dû se retourner dans sa tombe. Peter Murphy a dû prier pour ces âmes perdues. Rosa Crux a dû kiffer.

Finalement, William Faith & Museca Richards arrivent pour leur show binôme. Silence quand Faith se met à la guitare, le géant veroquois impose le respect par un vague mouvement de lunettes à la Léon. Alors que tant de groupes se sont plantés à l’exercice de l’acoustique minimaliste en guitare/voix, Faith & the Muse remporte la palme de la soirée avec une facilité enrageante. Chacun des morceaux est joué à la perfection, Monica subjugue par son aisance à modeler sa voix et Faith se révèle un des meilleurs guitaristes de goth’ (encore vivant). On a beau chercher sur scène qui est le second guitariste… on bredouille. Engagé pour une poignée de morceaux alternatifs où le mélange de folk oriental, nordique et celtique de la gratte de Faith s’assemble avec le penchant dark-songs des textes de Richards. Les chansons s’enchaînent suffisamment vites pour qu’on ne s’ennuie pas une seconde : toutes les périodes sont visitées, du dark-oriental aux morceaux de feu-Strange Boutique. Histoire de frustrer encore un peu la foule, les arpèges à la Dead Can Dance sous métamphétamines de Faith font mouches à chaque fois ; et quand sa copine le délaisse pour lui permettre d’interpréter un morceau seul, on s’évanouit devant la qualité d’interprétation dont fait preuve cette masse.

Plus le concert passe, plus on se demande s’il n’a pas tant besoin d’elle qu’elle n’a besoin de lui – les chanteuses ont cela de pervers qu’elles semblent des prétextes idéaux pour afficher des décolletés et des teintures de cheveux. Mais on oublie vite nos médisances quand elle revient. Cette voix… Dieu, cette voix ! En une soirée, ces deux corbeaux ont racheté le principe du concert acoustique pour encore quelques mois. Allez, pour pinailler, on doit pouvoir trouver un défaut. Oui : qu’est-ce que c’était que cette arrogance à tout jouer parfaitement ? Pourquoi n’y-a-t’il même pas eu une seule redescente ? Faith & Monica n’ont-ils plus rien à prouver, le trajet est-il achevé après seulement 17 ans de carrière ? Suffit-il d’agiter les mains en l’air et de faire rouler ses yeux clairs pour que la foule applaudisse ? A en juger par les réactions de l’auditoire : Oui… Et tel talent ne mérite pas moins. Du temps où la rage noire dominait les groupes de la cold-wave, on pouvait se permettre la violence à outrance. Aujourd’hui que la déesse décibel s’enorgueillit d’être appréciée par toutes et tous, le chemin de la provocation teste de nouvelles formules.


Et la voilà, la véritable subversion des modern-goths : ne plus l’être. Jouer des morceaux celticorientaux en mâchant son chewing-gum. Mettre une robe bleue ciel pour aller en soirée. Se convertir à l’Islam. En emmerdant le peuple. En emmerdant la musique «dark». En emmerdant les goth’. Tant que le concert était bon, on peut tout se permettre. Et ce soir, ils eurent pu descendre deux-trois spectateurs inattentifs et affirmer leur attachement à «le France, la camembert, la chanteur Dave» qu’on aurait continué à applaudir. Waouh!


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