CHRONIQUE PAR ...

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Shamash
le 31 mai 2019




SETLIST


AFFILIÉ

04 mai 2019 - Salle Vauban - Saint Omer


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Situation : vous rencontrez un ami ou une connaissance qui partage vos penchants pour la musique. Après les amabilités d’usage et les discussions concernant les dernières sorties à ne manquer sous aucun prétexte, vous embrayez sur les concerts et festivals. Et inévitablement la question est posée : « quels concerts/fests vas-tu faire dans les prochains mois ? ». Et vous de répondre par le nom des lieux que vous honorerez de votre présence.  A moins que vous ne soyez réellement misanthrope. Mais dans ce cas de figure, la situation sus décrite ne serait que pur fantasme. Pourtant, en réfléchissant bien, cet abus de langage ne rend pas compte de la réalité. Il faudrait plutôt demander à quel concert ou festival vous allez vous rendre. Car, ne mentez pas, vous ne faîtes pas de fest, à moins de vous y produire et de brûler les planches. Ou alors…

Depuis plusieurs années, un festival metal se tient à proximité de chez moi. Le Dreamer Fest. Créé par un groupe d’amis qui fréquente le bar metal de Saint Omer, le Dream’s, il a pour but de faire jouer des artistes que la stature ne permet pas d’inviter au café, bien que ce dernier organise régulièrement des concerts. Une incompatibilité d’emploi du temps ne m’a jamais permis de m’y rendre, malgré les échos positifs qui me sont parvenus. En 2019 est annoncé la quatrième édition de ce festival, prévu le 04 mai. Par un concours de circonstance, me voilà intégré à l’équipe. Et de comprendre comment fonctionne l’organisation d’un tel événement. Aucun de mes camarades des Éternels n’étant disponible le jour J, je souhaitais tout de même écrire quelques lignes sur cet événement. En demeurant le plus objectif possible. Chose finalement impossible. Aussi, attention cher lecteur. Le report que tu t’apprêtes à lire est constitué de mon avis sur cette journée, mais également de mon regard sur l’expérience vécue depuis plusieurs mois. Le travail en amont d’une date, nous l’avons tous imaginé au moins une fois. Il faut cependant vivre ces moments pour se rendre vraiment compte de ce dont il retourne. Viens, suis-moi, je vais te montrer une partie des coulisses.
Soyons franc, le Dreamer Fest III n’a pas répondu aux attentes de l’équipe qui s’est lancé un défi : faire mieux pour l’édition suivante. De nouveaux visages sont donc apparus dans l’association. Et des décisions radicales, notamment celle de condenser le fest sur une journée. Autre changement : donner une réelle identité au fest. Le programmateur a donc choisi d’axer clairement l’affiche vers le metal de la mort. S’ensuivent les recherches de formations qui pourraient s’intégrer en termes de style, mais également concernant le cachet demandé. Le nouveau trésorier veillant au grain, il a fallu entrer dans des négociations pour finalement aboutir à la fin de l’année 2018 à une affiche définitive.
Le Dreamer Fest a toujours souhaité permettre à des groupes locaux de plus petite envergure de côtoyer des formations établies. Cette nouvelle édition n’a donc pas dérogé à la règle, les Audomarois de Lung of Chicken auront ainsi la joie d’ouvrir les hostilités qui seront closes par Cryptopsy.
Les semaines défilent avec leur lot de travail et de stress. Le travail de communication a permis de rendre le fest visible partout et l’amateur de metal qui découvrait la date à posteriori devait assurément vivre éloigné de la civilisation.
Arrive donc la journée fatidique : le 04 mai. Celle où tout va se jouer. Le public sera-t-il au rendez-vous ? Appréciera-t-il ce que nous lui proposons ? L’équipe de bénévole aussi excitée que stressée (certains plus que d’autres) va enfin le savoir.
L’ouverture pour le public est prévue à 15h00. Mais dès la veille, la salle Vauban ressemble à une ruche dans laquelle s’affaire le staff. Dès la fin de matinée du samedi, il faut accueillir les groupes, à commencer par la tête d’affiche, Cryptopsy. Les Canadiens qui jouaient la veille au Netherland Death Fest sont arrivés tôt pour réaliser une balance. Voir Flo Mounier en avant-première marteler ses fûts ou Christian Donaldson s’échauffer les doigts en reprenant "By Demons Be Driven" de Pantera a quelque chose de grisant. Tout comme rencontrer Matt McGachy derrière son stand de merch, place qu’il occupera toute la journée.
Puis entrent les premières personnes. Les premières pintes sont servies. C’est parti pour quelques heures de folie. Habitué à profiter du spectacle, je dois bien avouer que, bien que présent dans la salle, derrière le stand merch du fest, je n’ai pas pu profiter pleinement de la totalité des concerts, ce que l’on comprendra aisément. Assez cependant pour donner mon ressenti.

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Le Dreamer Fest a débuté avec les locaux de Lung Of Chicken, qui n’ont pas à rougir de leur prestation. Le metal moderne axé sur la cuisine a plu à une bonne partie du public. Et malgré une peau de batterie rapidement crevée, qu’il a fallu changer dans l’urgence, le groupe ne s’est pas déconcentré. Ils seront fiers d’avoir pu ouvrir devant un parterre déjà conséquent.

Breakhead qui vient de Calais a poursuivi sur cette lancée. Leur croisement de death et de thrash avec un aspect très moderne a été bien accueilli. Avec des titres essentiellement issus de leur album Neurasthenia, le quintet a fait parler la poudre. Nul doute que la formation a de quoi séduire et progressera encore à l’avenir.

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Putrid Inbred vient pour la seconde fois en terres audomaroises, après un passage au Dream’s en 2018. Les Belges viennent présenter leur death grind des plus sérieux. Musicalement parlant. Car l’unique chanteur du jour, puisque Steven n’a pu se libérer, Michaël Vandeputte fait rire l’assistance avec ses grimaces et autres introductions grinçantes, dont on retiendra « on fait de la natation dans les fosses septiques ». Vingt ans d’existence, un album non disponible et aucun merch. 

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C’est avec cet esprit désinvolte que le groupe s’est présenté, tout en faisant preuve d’une rigueur d’exécution appréciable.

A peine le temps de se reposer que débarque un des grands noms de la région : Morpain. Œuvrant toujours dans un registre hardcore brutal, les Héninois vont retourner la salle Vauban. Des riffs surpuissants, une section rythmique entraînante et un duo au chant survolté. Les amateurs, nombreux, réagissent aux sollicitations fréquentes et se lancent dans des mouvements endiablés.

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Morpain est une valeur sûre en concert. A voir d’urgence si vous en avez l’occasion.

Balance of Terror. Un nom que tout le monde connait à Saint Omer et dans la région. Normal, le groupe de brutal death ne cesse de grossir et s’invite régulièrement aux côtés de légendes du metal extrême. Ceux qui ont déjà vu le quintet ne seront pas déçus. Quant aux autres, ils prendront une rafale de violence en pleine face. Le set permet à la formation de présenter de nouveaux titres, qui devraient être enregistrés en 2020.

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Les désormais bien connus "The Gap" et "Intelligence Failure" feront une fois encore leur petit effet, pour les férus de brutalité. Ça joue vite et fort. A tel point que l’on s’interroge sur la capacité de Mat, le batteur, censé enchaîner.
Les légers doutes seront rapidement balayés. Darkall Slaves, les brutes lilloises, vont prouver leur capacité à donner vie à des compositions d’une violence impressionnante. A peine revenus d’une tournée en compagnie, entre autres, de Condemned et Relics of Humanity, les Nordistes qui jouent très souvent hors de nos frontières, ont offert une prestation de grande qualité. Du brutal death soigné qui a ravi les fans du genre.

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Les moins habitués seront ahuris par cette déferlante de véhémence contrôlée, qui n’a rien à envier à certains grands noms du style. Impressionnant.

La journée défile à une vitesse folle. Il est déjà l’heure d’accueillir les trois têtes d’affiche de cette édition. Commençons par les Mancuniens d’Ingested. On s’éloigne assez clairement niveau style musical, car si la base death est là, elle est ici très orientée deathcore et slam. Loin d’être fanatique de ce genre, je dois cependant avouer qu’Ingested se laisse écouter.

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Et en concert, comme j’aurai pu le parier, les cinq gars font preuve d’un professionnalisme éloquent. Le public se laisse convaincre par des morceaux mêlant brutalité et parties invitant à en découdre dans le pit. Les mosh parts très nombreuses permettront ainsi aux plus furieux de se lâcher. Ce show a donc plu à une part non négligeable de la salle, fatiguée après la débauche d’énergie qu’elle a fournie.

Changement de plateau et changement d’ambiance. Encore du death, certes, mais cette fois-ci, place à des légendes : Sinister. Les Néerlandais à la discographie des plus conséquentes, plutôt rares en live, sont venus offrir une heure de death classique et efficace. Le son est parfait. Comprenez, très fidèle à ce que le groupe propose sur ces dernières offrandes. Alors ici, pas de mosh parts, juste des riffs puissants qui claquent à la figure des fans. Le chant guttural d’Adrie Kloosterwaard, parfaitement maîtrisé, apporte encore une peu plus de noirceur à un contenu qui n’en manquait pourtant pas.

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Depuis 1988 le groupe se fait le chantre d’une musique lourde, ce qu’il démontrera encore ce soir.  Des vieilleries seront exécutées (ah, "Cross The Styx" !) aux côtés des nouveautés, comme "Convulsion of Christ" ou "Neurophobic". Piochant dans un large spectre de leurs albums, les Bataves rassasieront ceux qui cherchaient du bon vieux death. Notons cependant qu’une partie du public a préféré s’éloigner, soit gagnée par la fatigue, soit en attente de Cryptopsy.

Les Canadiens ont donc la tâche de clore ce festival, ce qu’ils ont su faire avec brio. Maîtres du brutal death technique, la bande emmenée par son leader et seul membre originel, Flo Mounier, démontre un savoir-faire hors pair. Je suis fan du groupe depuis plus de vingt ans et c’est donc avec joie que j’attendais de le retrouver sur scène, après l’avoir vu en 2005. Alors, certes, Cryptopsy a changé au fil des années. D’aucuns ne sont jamais remis du départ (ou plutôt des départs) de Lord Worm. Il faut cependant avouer que le nouveau frontman, en poste depuis désormais douze ans, fait le travail. 

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S’éloignant des grognements sourds de son prédécesseurs, il parvient néanmoins à proposer une réinterprétation réussie de classiques. Car une bonne partie du set est composé de titres issus de None So Vile, l’un des tous meilleurs albums du style. En effet, seuls "Dead and Dripping" et "Lichmistress" manquent à l’appel. Quel plaisir de se faire martyriser au son de "Phobophile", "Graves of the Fathers" ou "Slit your Guts". Le nouveau morceau, "Sire of Sin", s’intègre bien au reste. Enfin le fracassant "Orgiastic Disembowelment" viendra achever un auditoire qui aura eu sa dose de brutalité.

Les lumières se rallument. Le fest est terminé. Enfin, pas tout à fait, car, lorsque l’on organise ce type d’événement, il reste moult choses à régler. Mais je vais m’arrêter là. Et pour être tout à fait objectif, même si l’ensemble s’est bien déroulé, tout n’a pas été parfait. Aussi, il faudra améliorer quelques détails pour la prochaine édition à laquelle je souhaite autant de succès. Cette entreprise forte en émotions et riche en rapports humains mérite d’être vécue.
Je peux donc désormais dire : « j’ai fait (un peu) le Dreamer Fest ».

PS : merci à Tastoux pour les superbes photos.



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