Sybreed

Entretien avec Ben (chant) - le 29 octobre 2007

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Cosmic Camel Clash

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Sebrouxx

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Wineyard

Une interview de




Sybreed_20071029

Parfois rien ne se passe comme prévu et c'est bien. Sybreed ayant pris du retard sur ses interviews, notre entretien prévu à 19h30 n'a pas pu se faire à la Loco comme prévu... car le groupe devait partir manger avant de donner un concert qui s'avèrera mémorable (live-report ici). Votre serviteur s'est donc retrouvé embarqué à manger avec le groupe et son entourage, et l'entrevue qui suit avec le fort talentueux vocaliste Ben s'est faite dans une pizzeria après un bon plat de pâtes. Et étant déjà une pipelette hors-micro, il n'a pas chassé le naturel une fois venu le moment de parler d'Antarès (chronique ici).


Cosmic Camel Clash : Pour l’enregistrement d’Antarès il y a eu pas mal d'évènements chaotiques au dernier moment : d’un seul coup, votre batteur fait le saut, ensuite vous trouvez Dirk Verbeuren (Scarve, Soilwork...) pour jouer sur votre album... j’aimerais savoir comment vous l’avez dégoté, et comment vous avez trouvé votre batteur actuel, Kevin.

Ben: En ce qui concerne notre ancien batteur, on va dire qu’il s’agit surtout de problèmes personnels entre nous, mais je ne vais pas m’étendre dessus parce qu’il s’agit de cuisine interne au groupe. Ce sont des choses arrivent malheureusement. C’est une question de dissensions entre des êtres humains et il a décidé de quitter le groupe. A partir de début 2006, il y avait déjà des problèmes au niveau business et ça avait bien dégradé l’ambiance en soi. Donc nous nous sommes retrouvés sans batteur mais nous n’avions pas envie d’attendre de trouver un batteur. Parce que pour trouver un batteur pour Sybreed c’est plutôt compliqué, c’est un style de jeu spécifique. Comme nous voulions commencer à enregistrer l’album, qui nous a pris un certain temps à enregistrer (pas loin d’une année au final sur des périodes séparées), nous nous sommes dits que nous allions prendre un batteur de session en attendant. Et il s’avère que Drop (guitare), avec son ancien groupe Reign, avait tourné avec Scarve auparavant et qu’il avait gardé contact avec Dirk. Drop m’en avait parlé et m’a dit qu’il allait envoyer un mail à Dirk, qui nous renvoyé un mail dans la journée en nous disant : « OK, pas de problème. Je suis libre. Je viens à tel moment. » Finalement, ça s’est fait très simplement. Il est venu, il a enregistré les batteries en quatre jours… entre toutes ses occupations !


PhotoCosmic Camel Clash : Vous aviez quoi comme base ? Des fichiers de boîtes à rythmes ?

Ben: Non, on avait toutes les démos, en fait, en version quasi définitive. Il a modifié deux, trois trucs… très peu finalement. Il a tenté d’être le plus fidèle au style de Sybreed. Ce qui est intéressant, c’est qu’il n'a pas essayé de refaire du Scarve ou du Soilwork, il a essayé de faire du Sybreed et c’est là que tu vois la marque d’un grand batteur d’ailleurs. Et en même temps, nous faisions des auditions pour trouver un autre batteur. Nous avons mis un certain temps, nous avons auditionné quelques personnes. Un de mes amis avec qui je fais de la musique en dehors de Sybreed, m’avait parlé de Kevin, qui est jeune (il a 19 ans) en me disant qu’il irait bien dans le style du groupe. Cet ami nous a alors mis en contact. En plus Kevin adore Sybreed à la base, il écoutait beaucoup les albums. Six mois après l’enregistrement des batteries par Dirk, Kevin est venu à la répét’ et il nous a joué droit dans la gueule "Synthetic Breed", un titre de notre premier album. Nous avons été impressionnés et nous nous sommes dits : « OK, on le prend. » Ce qui est intéressant, comme c’est encore un jeune batteur avec encore plein de trucs à apprendre, c’est qu’il a un style assez proche de Dirk dans la façon de jouer. Avec le temps, je pense qu’on tient un petit Dirk entre les doigts. Il y a de bonnes choses à faire. Voilà pour les histoires de batteurs et ça a été rocambolesque. Mais c’est toujours compliqué de toute façon !


Cosmic Camel Clash : Choisir "Emma-0" comme premier titre d'Antarès est plutôt bizarre. Avez-vous fait exprès de mettre en première position un titre plus direct, avec moins de détails et d'arrangements que les autres ? Et plus généralement comment gérez-vous l’ordre des morceaux sur les albums ?

Ben: Je vais commencer par l’ordre des morceaux. En fait, on fonctionne de manière analogique. Quand nous faisons un album, nous cherchons une couleur, tu vois ? Bon, c’est surtout un truc de Drop, je dois t’avouer. Mais comme je comprends ce qu’il veut dire, j’arrive à raisonner en ces termes. Drop applique des couleurs sur les morceaux et il dit :"A tel moment, je veux telle couleur." Ce que nous voulions, c’était un morceau qui envoie dès le début et on avait le choix entre "Ego Bypass" et "Emma-0". Pour tout t’avouer, on a choisi "Emma-0" parce que "Ego Bypass" a un peu ce côté tribute à Soilwork où nous nous sommes fait plaisir à écrire dans une veine un peu plus scandinave. Si nous le mettions en première partie nous nous sommes dit que les gens allait penser que nous abusions un peu, que c’était de la repompe de Soilwork, et ce à la première écoute. On a donc pris "Emma-0" qui semble moins travaillé, mais il ne faut pas croire… En fait c’est un morceau qui n’est pas métal à la base : Drop avait écrit un titre electro/new-wave qui s’est transformé en morceau métal par la suite. Les arrangements sont bien noyés dans le reste et nous nous sommes dit que ce titre représentait bien Sybreed : y’a des rythmiques bien rentre-dedans, jumpy, très carrées. Il y a un refrain bien mélo, très accrocheur et quelques riffs avec des connotations très black / dark métal qui partent un peu plus vers des choses sombres. Pour nous, ça a été un choix logique. Après, heu, tu peux me rappeler le début de ta question ???

Cosmic Camel Clash : Tu as répondu à tout en fait...

Ben : (reprenant le fil de sa pensée) Le choix d’ "Emma-0" nous paraissait logique par rapport à l’ordre. Tu vois, nous avons un album qui démarre avec des morceaux assez rentre-dedans, le triptyque "Emma-0  - "Ego Bypass" - "Revive my Wounds". Ensuite on a une accalmie avec "Isolate", un morceau quand même pas radio FM mais mélodique, basé sur une mélodie de la violence. Après on passe sur des choses un peu plus sombres avec "Dynamic". Un petit retour sur le mélodique avec "Neurodrive". Puis on arrive à une fin d’album comprenant des morceaux plus complexes. C’est un album très en crescendo. On ne se voyait pas commencer l’album par "Ethernity", ça aurait été une très mauvaise idée !
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Cosmic Camel Clash : En parlant de la dynamique de l’album et de l’enchaînement des titres, on dirait qu’à partir du break d’"Ego Bypass" une nouvelle tendance semble arriver, en l’occurrence la prise de pouvoir des synthés par rapport aux guitares. Le côté cyber prend plus le dessus. Penses-tu que Sybreed est meilleur quand le métal est au service du côté cyber ou quand le cyber est au service du métal ?

Ben : Moi, je t’avouerai que c’est quand le métal est au service du cyber. Nous ne sommes pas un groupe qui fonctionne dans la logique métal avec les arrangements réalisés a posteriori. Nous commençons souvent par la partie électronique pour finir sur la partie rock. Après il faut voir que c’est une question de mix : certains morceaux sont plus mixés métal, et d’autres sont plus mixés électronique. A la base ils ont quasiment tous la même quantité d’arrangements. Enfin je sais que Drop aime certains arrangements moins que d’autres… Mais pour certains morceaux, nous avons eu le feeling quand nous avons fait le mix et nous nous sommes dit : « Tiens, celui-là mérite plus de guitares. ». C’est le cas notamment d’"Emma-0" dont la première démo était très électronique, mais un peu mou du genou. Nous lui avons ramené des guitares. Pour "Ego Bypass", un morceau assez métal, nous avons continué sur cette voie-là. Et c’est vrai qu’après on revient sur les réglages d’usine, c’est-à-dire que Sybreed est un groupe de cyber-métal dans le vrai sens du terme, enfin de métal avec des samples avant tout. L’album met donc un peu de temps à se mettre vraiment en route, ce n’est pas un album immédiat. Tu as des choses qui se construisent au fur et à mesure pour arriver, à la fin, sur des titres comme par exemple "Twelve Megatons Gravity" qui est très électronique, où tu as des parties à la Frontline Assembly qui entrecoupent les parties métal. Un autre morceau comme "Orbital" qui est quand même assez space et très électronique par moments. Ou encore le dernier morceau, "Ethernity" qui est complètement doom / électronique. En fait on aime bien avoir des variations de dynamiques, mais tout s’est réellement fait de façon plus automatique que rationnelle.

PhotoCosmic Camel Clash : Justement, tu as déjà cité "Isolate" tout à l’heure. Avec "Ethernity", notre chroniqueur pour l’album a trouvé beaucoup d’influences Katatonia. Est-ce voulu ou pas ? est-ce un groupe que tu écoutes ?

Ben : Avec Drop, nous sommes de grands fans de Katatonia. Ca peut paraître fou vu le style de musique que nous faisons mais c’est un de nos groupes favoris. Quand j’ai vu les morceaux mélo de Drop arriver, je me suis dit : « Pourquoi ne pas, un peu, tenter justement ce type de plans mélo ?  ». Sachant en plus que le chanteur de Katatonia a pas mal d’influences Cure etc…, ça se recoupe un peu avec les miennes . Y a une idée dans Sybreed : quand c’est une partie mélo, nous n'allons pas la faire mezzo en mettant une voix hurlée dessus. Non, quand nous faisons une partie mélo, nous la faisons vraiment c’est-à-dire que si c’est super mélo, si c’est super calme, nous allons mettre des voix très aériennes, avec des influences plus calmes, en fait plus rock. Et comme nous sommes fans de Katatonia - nous l’affichons et l’avouons sans aucun problème-, dans des morceaux comme "Isolate" ou "Ethernity", c’est ressorti à fond les ballons.


Cosmic Camel Clash : Tu viens de citer The Cure. Dans d’autres interviews que tu as données, j’ai lu qu’il y avait pour Antarès une volonté new-wave totalement assumée. Penses-tu que vous êtes arrivés à lui donner cette couleur new-wave et quels sont les groupes de cette période qui vous ont influencé ?

Ben : Je pense que ça ne marche forcément pas sur tous les morceaux. Il y a des morceaux où cet esprit new-wave ressort, je pense, avec ce côté beaucoup plus sale dans les sons de guitare, très proche de la new-wave des débuts qui justement n’était alors pas très propre. Je pense qu’on a réussi par moments. Moi qui suis un fan de Bloc Party, un groupe anglais qui fait de la new-wave réactualisée, je trouve que par moments "Isolate" ressemble à du Block Party sur-burné ! Mais pour un morceau comme "Neurodrive", nous avons voulu trop aller dans la new-wave, trop dans le côté caricatural de la new-wave. C’est réussi mais c’est trop parce qu’en fait, tu vois, nous sommes trop dans le côté assumé de la new-wave, dans le côté cheap, pop. C’est dur de garder l’équilibre entre ce qui est de bon goût et ce qui devient de mauvais goût. Mais bon, on fait tous des erreurs quand on fait un album. Il faut en revenir à la question…

Cosmic Camel Clash : … les groupes qui t’ont influencé…

Ben : Alors The Cure, forcément. Ca, y a aucun problème. Mais aussi un album de Killing Joke qui s’appelle Night Time et qui est leur seul album new-wave où il y a "Love Like Blood", un hit absolu de new-wave mais très rock quand même. En fait, je dirais tous ces morceaux de Tears For Fears, Softcell, tous ces groupes de new-wave des années 80. Indochine. Je suis toujours fan d’Indochine, je suis fan de ce type de voix. Après il y a des trucs moins new-wave que j’adore comme Sisters Of Mercy, tout ce genre de groove qui fait partie de cette scène où tu retrouves ce genre de voix un peu à la Indo, à la The Cure. Finalement, je ne pourrai pas te citer un seul groupe de new-wave, la période étant marquée plus par des hits que par des groupes. Ah oui, j’oublie Depêche Mode, excuse-moi. Ce sont souvent des chansons qui te restent comme, par exemple, "Tainted Love" ou ce genre de trucs : tu vas avoir les albums mais tu ne vas pas écouter autre chose que le gros hit.

Cosmic Camel Clash : Souvent, les gens connaissent le morceau mais pas l’auteur…

Ben : Tu sais que personnellement, ça m’a pris longtemps. Par exemple, une chanson comme "Love Live Blood", je ne savais pas du tout que c’était Killing Joke. De Killing Joke, je connaissais les albums avec une voix plus éraillée, plus rock. Puis j’entendais sans arrêt cette chanson en soirée, je m’éclatais dessus. J’ai appris des années après que c’était "Love Like Blood." Donc j’ai acheté l’album direct qui est super new-wave. C’est donc cette scène-là qui m’a marqué pour les voix mélo, en partie. J’ai d’autres influences plus modernes en voix mélodiques.
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Cosmic Camel Clash : Tu viens de faire un truc pas courant chez un musicien : me parler d’une chanson qu’a posteriori tu ne trouvais pas aussi bien qu’elle aurait dû être. Est-ce que dans le groupe, vous arrivez toujours à rendre ce que vous aviez en tête? Y-a-t'il des titres où le résultat final sonne mieux que prévu, ou au contraire des morceaux qui sonnaient mieux dans vos têtes que sur l’album ?

Ben : Oui tout à fait. Je crois que quand tu es musicien, tu prends le risque de te planter. Tu ne sais jamais avant d’avoir fini un morceau, avant de l’avoir mixé comment ça va sonner véritablement. Tu as des idées, tu te dis que c’est vachement bien, c’est super… et tu te retrouves au final avec des morceaux qui ne sont pas du tout comme tu voulais, qui sont finalement ratés, il faut le dire ! Alors pour moi, il y a des morceaux qui sonnent mieux sur l’album. J’étais par exemple circonspect pour "Orbital", je ne comprenais absolument pas ce qui se passait pour tout t’avouer ! Puis une fois enregistré, je trouve le morceau gigantesque. Et a contrario un morceau comme "Neurodrive", on se dit qu’il y a tout ce qu’il faut pour faire un bon morceau de Sybreed et on manque le coche à un milliard de pourcents : le morceau est trop new-wave, plein de trucs ne jouent pas… De toute façon, nous ne faisons pas de la musique classique, nous ne sommes pas des pros de l’harmonie. Mais si tu ne tentes pas la chose, tu n’y arrives pas en général. Et je pense qu’un album parfait du début à la fin c’est rare, y a très près peu de groupes et il y a toujours des morceaux moins intéressants où le feeling passe moins. Nous, nous le savons et il n’y a aucun problème là-dessus. En fait pour des morceaux, nous avons une idée de départ, nous allons avoir un truc à la fin qui ne sera pas pareil, il y a des trucs qui vont moins bien sonner. C’est le rôle du musicien : celui de s’exposer à des dangers artistiques, celui de se planter, de faire du mauvais goût. Ca arrive.

PhotoCosmic Camel Clash : Pour rester dans le domaine des influences sur certaines intros on peut trouver du Samael et sur certains sons des références à Atlantis. D’après toi, y a-t-il une école suisse du cyber-métal comme il y a une école suédoise du death mélodique ?

Ben : Je crois que oui. Déjà, le rock électronique est très suisse. Il y a beaucoup de groupes de Samael à Young Gods et je pense que c’est l’ambiance du pays qui fait ça. Il y a un grand amour pour l’électronique en Suisse, même pour le pur électronique. Concernant Samael, il faut savoir que Drop, notre guitariste, est un énorme fan de Samael. D’ailleurs son premier groupe sonnait pas mal comme du Samael… Atlantis, je ne sais pas ce que c’est, donc je ne pourrai pas t’en parler. Comme pas mal de groupes en Suisse, nous avons cet amour pour la musique électronique et nous avons l’influence Samael qui est là. Ca ne nous gêne pas du tout, nous l’assumons : c’est l’école suisse, on va dire. Ce n’est pas une influence style on l’a repompé à un groupe, c’est une émulation de scène. Après nous avons une influence électro, comme je te l’ai dit, avec Frontline Assembly. Maintenant je pense que si une scène suisse doit s’ouvrir dans la même perspective qu’une scène scandinave avec le death mélodique, ce sera un scène purement métal électronique, à mon avis. Récemment on m’a dit que Sybreed commençait à influencer des groupes en Suisse, à notre grand étonnement, nous n’avons pas compris sur le moment ! Mais des gens s’inspirent de nous et ça va dans ce genre de mouvement.


Cosmic Camel Clash : A part savoir que vous commencez à devenir une infleunce, qu’as-tu eu comme retours depuis la sortie de l’album par rapport aux chroniques, aux journalistes et musiciens que tu as croisés ? Ca se passe comment por Sybreed en ce moment ?

Ben : Je te confierai que c’est très complexe. Nous étions nous-mêmes un peu perdus au début. Comme n’importe quel musicien, tu n’es pas hermétique aux critiques en général. Tu écoutes ce que les gens disent. Nous avons eu des réactions superbes, des fans surtout, encore que certains se demandaient un peu ce qu’il se passait… Certains étaient mitigés, puis se sont mis dans le bain d’Antarès et ça va très bien maintenant. Des musiciens nous ont dit que c’était un super album, avec la part de ceux qui aiment et la part de relations, pas de l’hypocrisie, mais de la diplomatie. Mais bon, je sais qu’il y a des musiciens qui aiment ce que l’on fait, des musiciens avec lesquels on a tourné. Au niveau des magazines, c’est pareil. Il y a eu des critiques dithyrambiques où vraiment les gens aiment l’album et des chroniques où l’on se fait éviscérer, crucifier proprement. Mais quelque part, toutes ces réactions bien différentes me font plaisir et sont le signe qu’on a fait un album qui ne laisse pas indifférent. Moi, je préfère que les gens adorent ou détestent véritablement qu’avoir des gens dire : « Ouais, c’est bien. C’est pas mal. C’est écoutable. ». Sous-entendu : il n’y a rien qui ne dégage, d’horrible ou de magnifique. Je préfère les réactions viscérales. Et même si les réactions sont plus extrêmes, je me dis que nous avons réussi notre coup parce que nous avons fait un album où les gens sont pris aux tripes et soit ils adorent, soit ils ont envie de gerber. C’est le résultat que nous voulions.

Cosmic Camel Clash : Il a autre chose qui, je pense, a joué pas mal dans votre développement et votre accueil, c’est le fait que vous soyez sur un label qui a une excellente réputation, avec uniquement des excellents groupes. Comment s’est passé cette signature chez Listenable, et que ressent-on à être sur le label de Gojira et Scarve ?

Ben : Déjà c’est le pied. Je dois t’avouer que pour tous les membres de Sybreed, chez Listenable, il y a énormément de groupes qui nous inspirent entre guillemets. Pas dans nos inspirations premières, mais il y a pas mal de groupes que nous admirons. Donc tu te retrouves chez Listenable, tu te dis « Bah, merde. On fait partie d’une famille sympa quand même. Je suis bien là ! ». Et comme ce sont des groupes qui sont quand même à part, tu te dis que tu ne fais pas une musique aussi formatée que ça. Après pour la signature, je te dirai que finalement, c’est là que j’ai compris que l’album allait s’apprécier sur la longueur plutôt que sur la première écoute. On a été mis en contact grâce à Dirk qui leur a dit qu’il avait joué dessus. Le Président de Listenable a dit : « Ouais. Bof. C’est un peu trop pop pour moi. ». Et en fait il nous a re-contacté quatre mois plus tard nous disant finalement « Putain, c’est énorme, votre truc. Mais à mes conditions. ». Finalement, ça s’est fait très facilement et pendant que nous dealions avec Listenable, nous avons abandonné tous les autres labels. Nous n’avons même pas cherché des trucs plus gros. Nous nous sommes dit que Listenable, c’était parfait pour nous. Alors c’est parfait. Après, je me dis que pour Listenable, c’est pas simple : on est le premier groupe dans cette veine pas commerciale mais accrocheuse. Ils ont quand même des groupes très extrêmes. Ils se sont construits sur des groupes comme Gojira, comme Textures qui envoient la sauce ou à l’époque comme Anorexia Nervosa qui est un groupe de black metal quoiqu’on en dise. Donc je pense que certains chroniqueurs qui avaient l’habitude des disques Listenable n’étaient pas préparés à recevoir un groupe comme Sybreed, à recevoir un disque comme Antarès venant de chez Listenable. Ils se seraient dit : « Ouais, chez Roadrunner à la limite. ». Mais chez Listenable… Laurent a très bien vu le côté mélodique mais quand même bien ancré dans le métal extrême de Sybreed. Je pense que nous sommes bien où nous sommes. Nous sommes à notre place.

Cosmic Camel Clash : Vous avez quand même mis un an à mettre l’album en place. Est-ce que cela signifie que le futur musical comme textuel de Sybreed n’est pas encore défini ou est-ce que vous avez déjà commencé à y penser ?

Ben : Faut savoir qu’Antarès est un album beaucoup plus rationalisé que Slave Design (ndCCC : leur premier album sorti en 2004) que nous avons fait à l’arrache : nous nous sommes formés et trois mois après nous étions en studio… ce qui est très court. Cette fois, nous avons composé et enregistré sur des sessions différentes et nous avons eu le temps de rationaliser mais aussi le temps de réfléchir à la voie qu’on voulait prendre en partie. Donc nous savons déjà ce que nous voulons faire par la suite…

Cosmic Camel Clash (flairant le scoop) : Aha?

Ben : Moi je sais ce que je vais faire niveau conceptuel et niveau voix. Ce sera un concept-album pur et dur. Le concept est déjà écrit, et ce sera très glauque, très cyberpunk sans aucun problème. Après, il y a plein d’éléments que nous allons inclure …

Cosmic Camel Clash : …dans la veine de Fear Factory ?

Ben : Non, justement, pas à la Fear Factory. Pas de concept à la Obsolete. Ce sera plutôt puisé dans des trucs plus modernes comme Maurice Dantec au niveau de ce mélange futuriste et métaphysique, voire religieux. Mais aussi toucher à des choses qui peuvent aller de la vieille littérature pré-cyberpunk comme Philip K. Dick ou Gibson (pas Mel Gibson hein, l’écrivain !) qui est véritablement le père du cyberpunk au niveau de l’écriture. Plus d’autres éléments pour moi qui suis fan de littérature japonaise et un grand lecteur de mangas où il y a des joyaux de science-fiction barrée et de métaphysique.

Cosmic Camel Clash : Shirow (ndCCC : auteur de Ghost in the Shell et Appleseed)?

Ben : Ouais, Shirow par exemple. Mais aussi des trucs comme cet OAV qui s’appelle Ergo Proxy. Je ne sais pas si tu connais. C’est un truc complètement barré à base de philosophie pure et dure. Tu ne comprends rien et dois revoir cinq fois la série avant de piger quelque chose. Ca va être un mélange de tout ça avec un côté asiatique dans le design de l’album dont je vais m’occuper cette fois. Ce ne sera pas comme Obsolete qui est très américain, très Terminator. Ce qui est très bien, mais c’est un autre trip. Non, ça va être beaucoup plus barré, beaucoup plus glauque finalement. Il y a cette idée d’aller beaucoup plus loin dans un truc très cinématographique. A mon avis, le prochain Sybreed, je ne pourrais pas te le définir musicalement, mais je te dirais qu’il a un feeling très cinématographique.
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