Winter : Salut ! Comment définirais-tu TodoMal en quelques mots ?
Javi : TodoMal est un duo de musiciens quelque peu excentriques, éprouvant un penchant certain pour ce qui est solennel, épique et dramatique. À savoir, le contraire de ce que nous sommes dans la vraie vie en tant qu’individus. C’est comme jouer deux rôles dans une tragicomédie grecque. Une manière d’échapper à la réalité, en gros.
Winter : Vous êtes des vétérans de la scène heavy espagnole, n’est-ce pas ? TodoMal est un projet plus « borderline », musicalement parlant, puisqu’il intègre des éléments non metal. Vous le considérez comme un side project ?
Javi : « Heavy espagnol »… Il faudrait que tu sois plus spécifique parce qu’aucun de nous deux n'est membre de cette scène, ni ne l’a jamais été. Les courants de metal underground ont toujours évolué de manière totalement indépendante, presque opposée, à celle du metal classique ou grand public. Dans tous les cas, nous ne considérons pas TodoMal comme un side project. C’est notre projet principal. Je dirais plutôt que nos autres groupes sont des side-projects. Pour nous, TodoMal est la définition de la liberté créative musicale et visuelle, étrangère aux tribulations habituelles au sein des groupes. Tout va à notre rythme, avec notre vision et nos propres moyens, sans que nous ne dépendions de qui que ce soit ni de quoi que ce soit, avec le seul objectif de nous sentir fiers ou satisfaits de ce que nous faisons. Et, avec un peu de chance, partager ça avec des personnes qui vibrent su la même longueur d’onde.
Winter : je vois une incroyable (et excellente) relation entre votre musique et celle de l’Ulver le plus récent. Votre manière de chanter me rappelle également Garm. Dois-je arrêter de fumer la moquette ou est-ce quelque chose de prémédité ?
Javi : Souvent, les similitudes avec un groupe ou un autre dépendent plus d’accidents que d’autre choses. Et de plus, il y a une tendance très profonde dans le monde du « metal » à ce que, si tu utilises des voix mélodiques tout le monde te dise que tu sonnes comme Anathema, Ulver, Arcturus ou Devin Townsend (NdW : Devin… tout de suite… les gens peuvent être cruels…), à un moment ou à un autre. Ces comparaisons sont intéressantes dans la mesure où elles permettent d’orienter le nouvel auditeur, mais ce ne sont que des points de repère généraux pour les gens. Et si on tient compte du fait qu'Ulver a joué du raw black metal, du folk, du trip-hop, de la synthwave, ce groupe peut te rappeler Massive Attack, Depeche Mode, Darkthrone, Björk ou nous. Mais crois-moi, dans notre cas, c’est absolument circonstanciel, ce n’est pas le fruit d’une admiration pour ce groupe. Et non, tu ne devrais pas arrêter de fumer la moquette.
Winter : vos chansons sont relativement courtes pour le type de musique pratiqué. Vous vous limitez quand vous composez ou peut-on imaginer une chanson de TodoMal de dix minutes, conforme donc aux canons doom ?
Javi : Nous pensons qu’une fois que tu as conçu le contenu d’un titre, le fait de l’étirer cinq minutes de plus que ce que dont tu as réellement besoin, est absurde. C’est le truc le plus vieux du catalogue de « comment faire un album de doom ». C’est pareil que les longueurs excessives dans un film. C’est juste une question de pure esthétique, d’ « authenticité »… quelque chose pour plaire aux fans, d’une certaine manière. Personnellement, nous n’éprouvons pas spécialement le besoin de plaire aux fans d’un style ou d’un autre. Nous faisons de la musique pour tout le monde. Plusieurs des chansons de l’album étaient plus longues dans leur version originelle. Une fois que nous les finissons, nous travaillons très consciencieusement leur développement et leur structure, et nous éliminons les parties qui nous semblent ne rien apporter. Et quand nous considérons qu’un passage doit réellement être rallongé, eh bien nous le rallongeons. Mais bon, nous ne sommes obsédés ni par le fait de faire les chansons les plus courtes possibles, ni la durée de ces dernières. Si une chanson est résolue en trois minutes, il n’y a pas besoin de plus de temps. Et si une autre a besoin de quatorze minutes, elle les aura. Naturellement, quand tu composes des mid-tempos, les titres tendent à être plus longs, mais il faut également savoir mettre un frein à cette tendance, afin de ne pas tomber dans l’auto-complaisance. C’est pour cela également que nous préférons faire des disques courts, que tu peux écouter en une seule fois. Ils sont pensés pour le format vinyle, pour lequel chaque face est comme un chapitre. Pour nous, c’est beaucoup plus cohérent ainsi.
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Winter : J’ai la sensation que le nouvel album est très bien accueilli. Est-ce le cas ?
Javi : Eh bien oui. Les chroniques que nous avons vues sont assez positives et, de plus, l’album se vend assez bien, ce qui est plutôt surprenant. Nous avons vu que beaucoup de gens ont accroché au disque, ils ont connecté de manière très profonde avec ce dernier. Et c’est très flatteur. Après, il faut reconnaître que c’est très difficile de nous ouvrir au grand public étant donné qui nous sommes. En général, les media ignorent systématiquement les groupes provenant de petits labels ou qui s’autoproduisent, au profit des groupes des grandes compagnies discographiques. Des groupes qui en ont donc le moins besoin. Il y a de moins en moins de chroniques, de moins en moins d’intérêt pour les groupes émergents (et pas uniquement les émergents), et du coup c’est moins facile d’être visible. Si on ajoute à tout ça le coût croissant d’entreprendre une tournée, de louer une salle, etc., on aboutit à une situation où beaucoup de groupes se découragent et, finalement, disparaissent. En ce qui nous concerne, nous aimons avoir les pieds sur terre et profiter de quelque chose d’authentique que nous produisons de manière totalement indépendante. C’est pour cela que l’accueil si positif du disque (et également du précédent) et le fait de pouvoir connaitre des gens grâce à ça, nous satisfont vraiment.
Winter : Vous êtes le deuxième groupe originaire de Castilla la Mancha qui me plait vraiment, après Sun of the Dying. Vous êtes également de Guadalajara ? Que se passe-t-il dans cette région ? Il y a un engouement spécifique pour le doom là-bas ?
Javi : Je viens de chercher des infos sur Sun of the Dying, je ne savais pas du tout que nous étions « voisins ». Ça a l’air d’un groupe de doom plus orthodoxe, mais j’aime beaucoup. Je vis à Guadalajara, mais je viens d’Albacete (une autre ville de Castilla la Mancha), et Christopher vient de Barcelone. Notre « quartier général » qui est également l’endroit où nous nous sentons inspirés et composons, est basé à Guadalajara parce que c’est là que j’ai mon studio. De plus, nous aimons aller dans la région voisine de l’Alcarria (NdW : une région méconnue mais à la beauté austère saisissante). Il s’agit d’une zone qui nous a beaucoup inspiré pour les clips, les sessions de photos, etc. Ces paysages gigantesques, ce décor typique de « la España vaciada » (NdW : littéralement, l’« Espagne vidée ». Sujet assez régulièrement mis sur la table, il s’agit de la partie de l’Espagne la plus dépeuplée, s’étendant sur les provinces de Guadalajara, Soria et Teruel). La partie esthétique d’ Ultracrepidarian, notre premier disque, est beaucoup basée sur ce concept. De plus, pour Christopher, abandonner le chaos urbain de Barcelone pour quelques jours et descendre dans cette partie de l’Espagne a quelque chose de très thérapeutique. Pendant que je suis en train de répondre à ton interview, je suppose qu’il est en train de visiter un village dépeuplé de Soria avec sa chienne. Je crois que la musique que nous faisons a également besoin d’un peu de cet état de calme relatif et de sensation d’amplitude. Si vous cherchez sur YouTube ou Instagram, vous pourrez voir quelques petits clips qui résument certaines de nos sessions de composition. Pour résumer, nous pensons qu’il y a une composante atmosphérique très importante dans ce que nous faisons… Je me rappelle une video-review d’un média italien où la journaliste était surprise par le fait que notre musique provienne d’un pays connu pour son soleil, sa sangria et son sens de la fiesta. C’est comme dire qu’il est surprenant qu’un groupe comme Bulldozer provienne du pays de l’italo-disco et du limoncello. Tu prends ça comme un compliment, bien sûr, mais en même temps, c’est un préjugé. J’imagine que Sun of the Dying serait d’accord avec nous pour dire que les paysages ténébreux de l’Espagne triste et vide, la zone la plus dépeuplée d’Europe avec la Laponie, sont véritablement inspiratrices.
Winter : Vous utilisez beaucoup de vocabulaire métaphysique dans cet album. Bien, Mal, Amour, etc. Vous avez un message à nous transmettre ?
Javi : Nous essayons de connecter émotionnellement avec les personnes qui écoutent le disque. Nous traversons tous des moments d’anxiété, de désespoir, de calme, d’introspection, d’euphorie… et tout cela se retrouve dans TodoMal, que ce soit au niveau musical ou des paroles. Cet album est un petit voyage de deux ans dans la vie de deux personnes ayant subi des changements importants à différents niveaux, et je suis sûr que beaucoup de gens se sentiront identifiés. Si on devait faire ressortir un message principal, ce serait que le plus important, c’est de célébrer la vie, profiter d’une longue promenade dans la nature, et d’essayer d’aimer ses proches. C’est quelque chose que tu arrives à faire après avoir traversé des étapes de ta vie pas spécialement lumineuses, et avoir appris à garder cette capacité à te laisser surprendre par les petites choses et à être généreux, même si tout ce que je viens de dire fait cliché.
Winter : La collaboration avec Teodora a débouché sur une chanson magnifique. Est-ce que vous envisagez de collaborer à nouveau avec une chanteuse dans le futur ?
Javi: Nous compterons sur Teodora si les chansons que nous allons composer s’y prêtent. Ce n’est pas une formule préprogrammée. Jusqu’à présent, nous en avons eu envie, mais ça ne veut pas dire que ça sera comme ça dans le futur. Nous lui envoyons les mélodies vocales et elle les interprète à sa manière, très particulière. Quand nous décidons de travailler avec une tierce personne, c’est parce que nous pensons qu’elle peut apporter quelque chose que nous ne pouvons pas faire. C’est ce qui s’est également passé avec Darío Garrido pour la guitare espagnole ou Fernando Moya, qui a joué un solo de guitare. Quoi qu’il en soit, Teodora est fantastique et nous adorons travailler avec elle. Avec tous, en fait.
Winter : Quels sont vos projets futurs (si vous en avez) ?
Javi : Au niveau du groupe, nous sommes déjà en train de réfléchir au troisième album. Nous avons des idées, beaucoup de matériel accumulé et des nouvelles idées qui surgissent. Mais nous en sommes encore au stade « conceptuel » : qu’avons-nous envie de faire cette fois-ci ? Que voulons-nous transmettre et comment ? Ensuite, au fur et à mesure de la composition de nouvelles chansons, ces dernières nous guideront et sauront nous dire ce dont elles ont besoin. Mais avant tout cela, nous partons d’une idée plus générale. Nous préparons la toile que nous peindrons ensuite. Ce point de départ est essentiel. Il te situe mentalement sur une onde déterminée, même si ensuite, tu n’as aucune idée de comment ça va finir. C’est ça qui excitant, également.
Winter : La question la plus importante : vous jouez en concert ? Quand ? Où ? Comment ?
Javi : Nous allons essayer de monter un set-live. Pour l’instant, cela n’a pas été possible pour pas mal de raisons. Nous vivons dans des villes différentes, et nous ne sommes que deux musiciens qui, de plus, jouons dans d’autres groupes. Nous devons voir comment nous organiser, voir quelles personnes nous voulons intégrer et quelles fonctions nous voulons leur donner, gérer les horaires et plein d’autres choses. Notre musique n’est pas vraiment simple à reproduire live, sans lui faire perdre tout son aspect ampoulé. Nous allons donc voir comment monter tout cela, maintenant que commence la nouvelle année.
Winter : Votre Top 5 d’albums ?
Javi : C’est une question très difficile ! Si nous devions refaire l’interview plus tard, les réponses seraient certainement différentes, mais soit ! Ça te permettra de te faire une idée du type d’univers musical que nous possédons :
Javi :
1 - Murder Ballads (Nick Cave & The Bad Seeds)
2 - The Fragile (Nine Inch Nails)
3 - Tapestry (Carole King)
4 - Impurity (New Model Army)
5 - Anthems To The Welkin At Dusk (Emperor)
Chris :
1 - Exit Calm (Exit Calm)
2 - BO de Midnight Express (Giorgio Moroder)
3 - Fully Qualified Survivor (Michael Chapman)
4 - Force Majeure (Tangerine Dream)
5 - Indecent and Obscene (Dismember)
Winter : Qu’y-a-t-il après la mort ?
Javi : Je pense qu’il n’y a rien. Mais je t’assure que j’aimerais vraiment me tromper. Je suis athée mais je n’en suis pas spécialement fier. Je le suis par résignation. La seule chose qui me sépare d’un croyant, c’est que je ne concède aucune crédibilité ni à ma peur ni à mon souhait qu’il existe autre chose. Je ne transforme pas mon délire en une certitude. Je le supporte, je le transforme en créativité et j’essaye qu’il ne me torture pas trop. Je ne sais pas ce que Christopher en pense. Il aura certainement une vision différente (ou complémentaire).
Winter : Tu veux ajouter quelque chose ?
Javi : Oui… Aimez-vous les uns et les autres. De manière religieuse ou séculaire, ce n’est pas un problème. Mais soyez conscients de ce que cela signifie, c’est un engagement important. Laissez la haine aux imbéciles.
Version en espagnol
Versión en castellano
Winter : Muy buenas, ¿cómo definiríais TodoMal en pocas palabras?
Javi : TodoMal son un duo de músicos algo excéntricos con cierto gusto por lo solemne, lo épico y lo dramático. Justo lo contrario de lo que son en la realidad como individuos. Es como representar dos papeles dentro una tragicomedia griega. Es escapismo de la realidad, básicamente.
Winter : Sois veteranos de la escena heavy española, ¿verdad? TodoMal es un proyecto más borderline, musicalmente hablando, ya que integra elementos no metal. ¿Lo consideráis como un side project?
Javi : « Heavy español »…habría que ser más específico porque ninguno de los dos estamos en esa escena, ni hemos estado jamás. Las corrientes underground del metal siempre han discurrido de forma totalmente independiente, casi opuesta, del heavy “clasico” o del gran público. En cualquier caso, TodoMal no lo consideramos un Side-project, es nuestro proyecto principal. Yo diría que el resto de nuestros grupos son nuestros side-projects. Para nosotros TodoMal es la definición de libertad creativa musical y visual, ajena a las tribulaciones que suelen haber en los grupos. Todo va a nuestro ritmo, con nuestra visión y con nuestros propios medios, sin depender de nada o de nadie, sin ninguna meta que no sea sentirnos orgullosos, o satisfechos de lo que hacemos. Y con suerte, compartirla con gente que vibren en la misma longitud de onda.
Winter : Veo una tremendísima (y excelente) relación entre vuestra música y la del Ulver más reciente. También en vuestra manera de cantar que me recuerda a Garm. ¿Tengo que dejar de fumar la moqueta o es algo premeditado?
Javi : Muchas veces las similitudes con esta banda o la otra dependen más de accidentes. Y también hay una tendencia muy arraigada dentro del « metal », por así decir, en la cual si usas voces melódicas todo el mundo te va a decir que le recuerdas a Anathema, a Ulver, a Arcturus o a Devin Townsend, en un momento dado. Estas comparaciones están bien para situar al oyente nuevo, pero son solo puntos de orientación muy generales para la gente. Y teniendo en cuenta que Ulver han ido desde el raw black metal al folk, al trip-hop o al synth-wave, Ulver puede recordar tanto a Bjork como a Massive Attack, Depeche Mode, Darkthrone o nosotros mismos. Pero ya te digo que es totalmente casual, no por admiración.Y no, no deberías dejar de fumar moqueta.
Winter : Vuestros temas son relativamente cortos por el tipo de música practicado. ¿Os cortáis a la hora de componer o podemos imaginar una canción de TodoMal de 10 minutos, como el Dios del Doom manda?
Javi : Pensamos que una vez has planteado todo el contenido de un tema, el hecho de estirarlo 5 minutos más de lo que realmente necesita porque sí, es absurdo. Es el truco más viejo del catálogo de trucos de « how to make a doom album ». Al igual que el exceso de metraje innecesario en una película. Sólo se hace por estética pura, por hacerlo más « auténtico »... más para « fans », por así decir. Nosotros no tenemos ningún interés especial de complacer a los fans de tal o cual estilo. Hacemos música para todo el mundo. Varias de estas canciones en sus versiones primigenias eran más largas. Una vez que las terminamos trabajamos muy concienzudamente en su desarrollo y estructura, y eliminamos las partes que considerábamos que no aportaban nada. Y cuando algún pasaje realmente necesita alagarse, porque así lo consideramos, pues se alarga. Pero vamos, ni nos obsesiona hacer canciones con el tempo más bajo posible, ni la duración de las mismas. Si una canción en tres minutos está resuelta, no necesita más. Y si otra necesita catorce pues los tendrá. Lógicamente cuando compones con tempos medios-lentos, las canciones tienden a ser más largas, pero también hay que saber ponerle un límite para no convertirlo en auto-complacencia. Por eso también preferimos hacer discos breves, que puedas escuchar de una tirada. Están pensados para vinilo, en el que cada cara es como un capítulo. Para nosotros tiene mucho más coherencia así.
Winter : Tengo la sensación de que la acogida del nuevo álbum es muy buena. ¿Es así?
Javi : Pues sí, la verdad. Las reseñas que hemos visto son bastante positivas y, además, se está vendiendo bastante bien, cosa que es bastante sorprendente. Hemos visto a mucha gente muy enganchada con el disco, que realmente le ha conectado a un nivel profundo. Y eso es muy halagador. Pero hay que decir es muy difícil abrirnos a un gran público desde nuestra posición. Los medios generalmente ignoran sistemáticamente a los grupos que están en pequeños sellos, o que hacen autoedición, en pos de los grupos de las grandes compañías, que son los que menos lo necesitan realmente. Cada día se hacen menos reseñas, menos entrevistas y hay más desinterés por las bandas emergentes (y no solo las emergentes), con lo cual es difícil adquirir cierta visibilidad. Todo esto, junto a la situación de los precios para emprender giras, alquileres de salas etc, lleva a muchos grupos al desánimo y, finalmente, a desaparecer. A nosotros nos gusta tener los pies en el suelo y disfrutar de hacer algo genuino que producimos de forma totalmente independiente. Es por ello que la acogida tan positiva del disco (tanto de este, como de nuestro álbum debut) y el poder conocer a gente a través de ello, nos satisface profundamente.
Winter : Ya sois la segunda banda de Castilla La Mancha que me llama poderosamente la atención, después de Sun of the Dying. No sé si vosotros también de sois de Guadalajara, pero ¿qué está pasando en vuestra comunidad? ¿Hay una afición especial para el doom allí?
Javi : Acabo de buscar Sun of the Dying, no tenía ni idea de que eramos vecinos. Parece un grupo de Doom más ortodoxo, pero me gusta mucho. Yo (Javi) vivo en Guadalajara, aunque soy de Albacete (otra ciudad de Castilla La Mancha), y Christopher vive en Barcelona. El hecho de que nuestra base de operaciones y de inspiración se centra más en esa zona de España, es porque realmente cuando nos sentamos a poner ideas en común, a producir etc, lo hacemos en mi estudio de Guadalajara y nos movemos por la zona de la Alcarria, una provincia cuyo entorno nos han inspirado mucho a la hora de hacer video-clips, sesiones de fotos etc.. Son muy evocadores esos paisajes gigantescos de la provincia, el entorno de la España vaciada y las emociones que transmiten. La parte estética de Ultracrepidarian, nuestro primer disco, se centró mucho en ese concepto. Además, para Christopher abandonar el caos urbano de Barcelona por unos días y bajar a esta parte de España es muy terapéutico. Mientras escribo estas líneas imagino que estará con su perra visitando algún pueblo deshabitado por Soria o algo así. Creo que la música que hacemos también necesita un poco de ese estado de relativa calma y sensación de amplitud. En el pasado incluso nos hemos ido de viaje a sitios remotos, con nuestros equipos portátiles, a grabar demos, en una casa perdida en los pirineos, a la playa en Asturias… Si buscais en youtube o en Instagram podreis ver unos pequeños clips que resumen algunas de nuestras sesiones de composición. En resumen, creemos que hay un componente ambiental muy importante en lo que hacemos… Recuerdo una video-review de un medio italiano que la periodista se sorprendía que algo así saliera de un país de sol y sangria y fiesta. Es como decir que es soprendente que del pais del italo-disco y del Limoncello hayan salido Bulldozer. Te lo tomas como un cumplido claro, pero suena a prejuicio. Imagino que Sun of the Dying estarían de acuerdo con nosotros en que los paisajes tenebrosos de la España triste y vaciada, la zona más despoblada de Europa con permiso de Laponia, son ciertamente inspiradores.
Winter : Con el álbum, usáis un vocabulario metafísico, Bien, Mal, Amor, etc. ¿Tenéis un mensaje que darnos?
Javi : Lo que pretendemos es conectar a nivel emocional con otras personas que escuchen el disco. Todos atravesamos momentos de desasosiego, de desesperación, de calma, de introspección, de euforia…y todo eso está en TodoMal, musical y líricamente. Este álbum es un pequeño viaje de dos años por la vida de dos personas que han sufrido cambios personales importantes a muchos niveles, y seguro que mucha gente puede verse reflejada con esto. Quizá diría que si existiera algún mensaje final…sería que lo que cuenta es celebrar la vida, disfrutar de un largo paseo por la naturaleza, e intentar querer a las personas que tienes cerca. Eso es algo a lo que llegas tras atravesar otras etapas quizá no tan luminosas, y aprender a guardar esa capacidad de dejarte sorprender por pequeñas cosas y a ser generoso, por muy cliché que pueda parecer.
Winter : La colaboración con Teodora ha desembocado en un tema hermoso. ¿Recurrir a una cantante es algo que contempláis volver a hacer?
Javi : Volver a contar con Teodora dependerá de como se vayan desarrollando las canciones que vengan en un futuro. No es una fórmula que tengamos prefijada. Hasta ahora nos ha apetecido hacerlo, pero eso no quiere decir que tenga que ser así necesariamente. Las melodías de voz se las enviamos y ella las interpreta a su peculiar forma. Si decidimos contar con alguien ajeno a nosotros para colaborar es porque creemos que esa persona le va a aportar algo que nosotros no podemos, al igual que también contamos con Darío Garrido con la guitarra española, o Fernando Moya que colaboró con un solo de guitarra. En cualquier caso, Teodora es fantástica, y nos encanta trabajar con ella. Realmente con todos ellos.
Winter : ¿Cuáles son vuestros proyectos de futuro, si es que tenéis alguno?
Javi : A nivel de grupo, ya estamos dándole vueltas a cómo será el tercer álbum. Tenemos ideas, mucho material acumulado y cosas nuevas que van saliendo. Aunque todavía estamos en ese estado de plantearlo de forma conceptual, por así decir…qué nos apetece hacer esta vez, qué queremos comunicar y de qué forma. Luego, conforme van surgiendo las canciones nuevas, ellas mismas te van llevando hacia el punto que necesitan. Pero antes de todo eso, partimos de una idea más general. Preparas el lienzo para pintar. Ese punto de partida es esencial, te sitúa mentalmente en una onda, aunque luego no tengas ni idea de cómo va a acabar. Eso también lo hace emocionante.
Winter : La pregunta más importante de todas: ¿dais conciertos? ¿Cuándo? ¿Dónde? ¿Cómo?
Javi : Vamos a intentar montar un set-live. Hasta ahora ha resultado casi imposible, por muchos factores. Vivimos en distintas ciudades, y sólo somos dos músicos, y también tocamos en otras bandas. Tendremos que pasar por el proceso de asignar funciones y ver cómo organizamos esto con otra gente, compatibilizar horarios y muchas cosas más. Nuestra música no tiene precisamente una traducción sencilla a directo, sin que pierda toda esa ampulosidad. Así que a ver cómo lo vamos planeando, ahora que empieza el nuevo año.
Winter : Vuestro top 5 de álbumes
Javi : ¡Es una pregunta complicadísima! Seguramente si la entrevista la hacemos en otro momento, estos discos podrían ser otros…pero bueno, así te puedes hacer una imagen general de ideario musical que tenemos:
Javi :
1 - Murder Ballads (Nick Cave & The Bad Seeds)
2 - The Fragile (Nine Inch Nails)
3 - Tapestry (Carole King)
4 - Impurity (New Model Army)
5 - Anthems To The Welkin At Dusk (Emperor)
Chris :
1 - Exit Calm (Exit Calm)
2 - BO de Midnight Express (Giorgio Moroder)
3 - Fully Qualified Survivor (Michael Chapman)
4 - Force Majeure (Tangerine Dream)
5 - Indecent and Obscene (Dismember)
Winter : ¿Qué hay después de la muerte?
Javi : Supongo que la nada. Pero también te aseguro que es algo en lo que me encantaría estar totalmente equivocado. Soy ateo, y no lo digo con orgullo, lo digo con resignación. Lo único que me separa de un creyente es que no le doy credibilidad a mi miedo, ni a mi deseo que exista algo más. No hago de mi delirio una certeza. Lo aguanto, lo transformo en creatividad e intento que no me torture demasiado. No sabría que decir sobre Christopher, probablemente tenga otra visión distinta (o complementaria) a la mía.
Winter : ¿Algo que añadir?
Javi : Sí…amaos los unos a los otros. Religiosamente o secularmente, da igual. Pero sed conscientes de lo que realmente significa, es un compromiso importante. Dejad el odio para los imbéciles.