Julien : Alors, je suis guitariste et au chant lead. J’ai composé l’album. Alexandre Aguilera est le second guitariste, il fait aussi les chœurs. On a Simon Lemonier à la batterie et aujourd’hui, Hugues le Mer à la basse.
Ptilouis : Comment est venue l’idée du groupe ? Je sais que tu bidouillais un peu dans ton coin.
Julien : J’ai commencé à faire l’album de mon côté pendant que j’étais dans des études de musique. J’ai travaillé sur des maquettes. Il y avait l’envie d’en faire un album, mais je ne savais pas si ça allait le faire. Puis, on a fini par se dire que ça valait la peine de se lancer dans l’aventure. On a fait l’album et le résultat est allé au-delà de nos espérances. On s’est donc dit qu’il serait dommage de ne pas s’exprimer en live. Est donc arrivée la recherche de musiciens qui a pris un peu de temps. Et nous voilà !
Ptilouis : Nous allons revenir plus tard sur la recherche de musiciens. Tu peux m’expliquer pourquoi tu as appelé ton groupe Wolve ? C’est plus ou moins l’idée d’un comportement animal, c’est ça ?
Julien : Ouais, c’est un néologisme en anglais qui peut vouloir dire plusieurs choses comme «
se comporter comme un loup » ou «
imiter le hurlement d’un loup » et en fait, je trouvais ça intéressant car ça correspond un petit peu à ma personnalité. Mais aussi, comme je suis à l’initiative de ce groupe et que j’étais un peu seul dessus au début, je trouvais ça logique de l’appeler Wolve sans le S. Donc Wolves au pluriel, mais au singulier.
Ptilouis : Ça marche. Tu jouais dans un groupe avant ?
Julien : Ouais, je jouais dans un groupe de lycée. On avait enregistré un E.P. Il y avait un esprit plus collectif à la base de ce projet qui nous avait emmené jusqu’à jouer en Allemagne dans des festivals et tout ça. Voilà, j’avais déjà une petite expérience.
Ptilouis : C’était quoi comme style ?
Julien : Je dirais que c’était un petit peu plus metal et post-grunge/stoner et ça partait déjà à la fin sur du prog. J’amenais déjà des éléments un petit peu plus aériens.
 |
Ptilouis : Pourrais-tu définir un peu ta musique ? Car il y a des passages qui sont très longs avec juste de la guitare acoustique, des plages instrumentales etc. Comment la définirais-tu en termes de style ?
Julien : Pour moi ça reste du rock en fait. Je pense qu’elle est progressive par le format et le côté très vaste, les influences qui se mêlent, les parties très aériennes, très calmes et revenir sur des trucs très puissants on va dire. Je la définirai comme étant un groupe de rock à la base avec beaucoup de touches progressives.
Ptilouis : D’ailleurs, j’ai vu que dans tes influences il y avait pas mal de Pink Floyd (il acquiesce). Tu as été bercé par quoi pendant ton enfance dans les musiques que tu écoutes ?
Julien : J’ai des parents qui écoutent beaucoup de musique au sens large du terme : jazz, blues, rock, variété française aussi. Et donc je suis un peu tombé dedans quand j’étais petit, puis je me suis fait ma propre culture, plus progressive. |
Ptilouis : On va revenir sur l’album. Comment composes-tu un morceau ?
Julien : En fait, ça se fait assez naturellement. Sur cet album, ça a été fait avec une guitare acoustique, une voix et puis je les ai maquettées, je suis revenu dessus et j’ai développé des arrangements autour. L’idée restait de développer une trame narrative bien précise et certaines visions que j’avais des morceaux au préalable dans ma tête.
Ptilouis : Mais comment arrives-tu à créer des morceaux longs ?
Julien : Je ne me suis pas vraiment posé la question. J’avais une vision très précise de ce que devait être le morceau, si tu veux. Et j’essaye de répondre au maximum à cette question qui était liée à un besoin très fort d’expression. Et donc du coup principalement de jammer chez moi et de maquetter les bonnes idées, de prendre du recul, de retravailler ça plus tard et de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Ptilouis : OK. Finalement, l’album est quand même très rock avec un gros travail fait sur les arrangements. Comment tu t’es débrouillé pour ça ?
Julien : Je ne saurais pas t’expliquer la recette de ma mayonnaise… C’est, je sais pas, vraiment naturel et ensuite, après l’aspect maquette, j’ai été assisté par un pote qui s’appelle Brice Chandeleur avec qui on a vraiment essayé d’enlever tout le superficiel. L’album aurait pu être plus long, mais on ne voulait pas perdre l’auditeur, on voulait vraiment garder l’essentiel. Les maquettes étaient très propres en fait. Il fallait juste les sublimer en les réenregistrant avec une meilleure qualité des sons.
Ptilouis : Au niveau de ta voix, comment travailles-tu ?
Julien : Pour la technique pure je travaille un petit peu tous les jours. J’ai des exercices avec un coach qui s’appelle Cécile Bonardi avec qui j’ai beaucoup travaillé sur l’ouverture, le soutien… Après, c’est beaucoup une question d’interprétation des morceaux, c’est-à-dire, c’est un petit peu comme à la guitare pour moi quand tu commences à jouer un riff c’est là que le travail commence vraiment, car en gros cela pose la question de «
Qu’est-ce que ta note veut dire ? ». Tu vois ce que je veux dire ? C’est vraiment ton interprétation qui prime.
Ptilouis : Peux-tu me parler un petit peu du concept de l’album ? J’ai l’impression qu’il est assez personnel et si je ne me trompe pas, cela parle de la mort, non ?
Julien : Ça parle de la mort, mais ça peut très bien être lié à la vie aussi. Disons que c’était des questions que je me posais autour de ça. C’était un sujet qui me travaillait un petit peu par des expériences personnelles et, en fait, j’ai plus vu ça comme un voyage. Et je me suis dit pour me rassurer : «
Ouais, si la mort devait être un voyage qu’est-ce que ça pourrait être ? » avec mon interprétation en tout cas. Je suis très influencé aussi par tout ce qui est expérience cinématographique comme
2001 l’Odyssée de l’Espace où tu as ta propre interprétation. D’ailleurs, j’ai vraiment travaillé les textes pour qu’ils soient compréhensibles, mais interprétables. Ce qui est intéressant, c’est que les auditeurs comprennent le concept, mais ne voient pas forcément les mêmes images que moi et je ne voulais justement pas qu’ils aient forcément la même interprétation.
Ptilouis : Tu l’as créé quand l’album ?
Julien : J’ai commencé à l’écrire en 2009 et disons que sa période de création s’étend de 2009 à 2011. On a commencé à l’enregistrer, à le produire en 2011. Mais on s’est dit qu’on voulait prendre le temps de le faire à notre manière, c’est-à-dire, qu’on n’est pas forcément allé dans un studio. On est allé dans une maison en Normandie, j’ai écrit des textes en Afrique pendant un voyage. On a fait les batteries dans un studio à Montreuil. J’ai fait les voix chez moi. Et, ça rejoint l’idée du voyage de l’album, c’est un album qui a été fait dans différents endroits. Du coup, l’album a été masterisé fin 2013, ça a pris du temps, mais on voulait se faire plaisir avant tout.
Ptilouis : Au niveau des influences, tu m’as parlé de la SF. D’ailleurs, c’est ce qu’on voit sur la pochette de l’album.
Julien : C’est un petit clin d’œil à 2001.
Ptilouis : Ouais. Et au niveau des influences musicales qu’est-ce qu’on peut voir ? Porcupine Tree notamment ?
Julien : J’ai écouté du Porcupine Tree à un moment, je crois que c’était de
Light Bulb Sun jusqu’à
In Absentia. Après j’ai décroché quand ils sont passés dans le metal, ça m’a un peu moins parlé. Pour mes influences, j’écoute vraiment beaucoup de choses et quand j’écrivais j’écoutais énormément
Mezzanine de Massive Attack, mais aussi
Melancolia and The Infinite des Smashing Pumpkins, un double album. Voilà, pour le rock mes influences viennent plus des années 90 dans des groupes plus américains.
Ptilouis : OK. En juin, tu as eu des chroniques. J’imagine que cela a été assez étonnant d’avoir des avis aussi positifs.
Julien : C’était un peu bizarre. On ne savait même pas à la base si on allait faire un album et encore moins si on allait faire des concerts derrière. J’essaye de pas trop prêter attention à ça. Mon kiff c’est juste de faire de la musique, après si les gens aiment tant mieux, s’ils n’aiment pas tant pis. Mais c’est vrai que c’est assez surprenant. J’ai eu des bons retours, ça fait plaisir car c’était un gros travail.
Ptilouis : Et le prochain album alors ?
Julien : Cette fois j’essaye de m’émanciper un petit peu du côté solo. J’ai envie de tenter l’expérience, de faire ça plus en groupe, même si j’amène les idées principales vu que je suis à l’initiative du projet. Mais avec les musiciens que j’ai aujourd’hui, on a une vraie complicité. On a pas mal d’influences en commun du coup on essaye de travailler plus en équipe.
Ptilouis : Et ce sera dans la même veine ?
Julien : Non, je pense que ce sera différent. Je ne peux pas en dire plus. Il y a un morceau qui est en train de voir le jour. Il est différent, mais ce n’est pas incohérent avec le premier album.
Ptilouis : Ouais d’accord. Donc, parlons un peu des prestations live. Il me semble que ça commence juste à se mettre en place.
Julien : On a fait des petites dates à Paris (
ndla : et dernièrement la première partie d’Arena et le festival Prog’Résiste en Belgique), mais c’était vraiment pour se chauffer car la musique n’a pas été facile à mettre en place pour le live parce qu’on ne peut pas être 15 sur scènes avec les claviers etc. Donc on a pris parti de faire sonner ça sous une forme un peu plus brute et plus rock. On a fait pas mal de petites dates comme à l’Opéra Bastille à Paris ou au Buzz. Mais c’est vachement dur de représenter une musique assez vaste et longue dans des endroits qui sont un petit peu plus punk. Du coup, on essaye de privilégier le fait d'en faire un peu moins, mais d’avoir un contact qui nous permette de donner aux gens une vision qui nous est propre.
Ptilouis : Comment s’est passé le recrutement des musiciens ?
Julien : Ça a été compliqué. En fait, j’ai besoin que ça se passe humainement bien et par exemple à la batterie, il y a eu quatre batteurs avant celui que nous avons maintenant. Ils étaient tous très bien, mais humainement, on se voyait pas forcément, partir ne serait-ce que 48h ensemble, parce que les personnalités ne s’accordaient pas forcément. Donc j’ai préféré prendre le temps pour créer quelque chose de solide et donc là mon batteur c’est Simon Lemonier et ça se passe très bien. Donc oui, l’idée c’est de prendre du plaisir ensemble, qu’il se passe une synergie.
Ptilouis : D’ailleurs, ce n’est pas un peu compliqué de reprendre des morceaux qui te sont personnellement assez important ?
Julien : Au fur et à mesure, l’interprétation diffère. C’est ça qui est intéressant. Il y a pas mal d’arrangements, même si on sort pas trop du format qui est sur l’album. Ça a été compliqué à mettre en place, principalement parce qu’il y a beaucoup de liaisons entre les parties et on est encore en train de travailler ça aujourd’hui. Je pense qu’on a pas encore la forme définitive de ce qu’on voudrait donner, mais ça vient.
Ptilouis : Et mettre en place des illustrations, style SF, pour imager ta musique en live ?
Julien : J’aime bien la SF en fait, mon parrain est un metteur en scène français. Du coup, j’étais aussi très bercé dans le milieu du cinéma depuis tout petit. Et c’est lui qui m’a fait découvrir plein de films quand j’étais gamin et j’aime beaucoup la SF, pas tout, mais j’adore l’esthétique des films des années fin 70 début 80 comme
Blade Runner ou
Alien premier du nom.