Belzaran : Mut est très différent de la musique habituelle de Code. D’où est venue l’envie de faire quelque chose de différent ?
Aort (guitare): Nous avons toujours fait ce qui nous paraissait juste… et c’était le moment où un grand changement était nécessaire afin de garder de l'intérêt pour nous. C’était le moment de jeter la logique par la fenêtre et de suivre nos instincts. Et c’est ainsi que l’album a émergé.
Belzaran : Malgré le changement de direction de cet album, le groupe est facilement reconnaissable. Comment pourriez-vous définir les éléments « permanents » de votre musique ?
Aort : Je pense que cela vient du fait que tout vient des mêmes individus et que nous avons notre propre et unique façon de jouer et d’appréhender la musique. Baisser le son, ralentir la musique, lâcher le growl… Et c’est toujours nous malgré tout ça. Personnellement, j’ai toujours essayé d’élargir mon horizon musical, mais je suis un musicien autodidacte et j’ai ma propre façon de jouer. Il y a certaines façons de faire que mes mains utilisent naturellement et j’utilise les mêmes habitudes depuis le premier jour. Si bien que j’imagine que ça transparaît dans ce que je fais.
Belzaran : Était-ce une étape logique de venir à une musique plus rock ?
Aort : C’était probablement une chose très illogique. Mais c’était un changement d’approche plutôt qu’une entrée délibérée dans un style spécifique. En fait, nous ne nous sommes pas vraiment demandé quel genre d’album nous avions fait avant de l’avoir terminé. Nous avons seulement fait le meilleur album possible. Où il se situe dans le grand schéma des choses, nous laissons le soin aux autres de le décider.
Belzaran : Quelles ont été les influences qui vous ont inspirés sur cet album ?
Aort : C’était un album très introspectif. Nous avons sciemment essayé de nous libérer des influences et des conventions des genres. La dernière des choses à laquelle nous pensions était les artistes dont nous aurions pu vouloir nous inspirer. À cet égard, c’est l’album le plus honnête que nous avons créé et il a vraiment été fait avec un liberté artistique totale.
Belzaran : Ce changement sera-t-il durable ou un retour au black metal est déjà planifié ?
Aort : De la même façon que nous nous sommes libérés des conventions et des influences, nous nous sommes assurés que cela n’impacterait pas notre future direction musicale, si tant est qu’il y en ait une. Actuellement, nous n’avons pas de plan pour du nouveau matériel, donc cela ne nous préoccupe vraiment pas. Nous nous sentons pleinement libérés et un retour en arrière artificiel en direction du black metal ou vers autre chose n’est pas programmé actuellement.
Belzaran : Quelles ont été les difficultés à composer un album si différent ?
Aort : Personnellement parlant, c’était très naturel de composer cet album. Je ne m’inquiétais pas des albums passés ou de ce que les gens espéraient entendre de nous. C’était donc libérateur d’approcher l’écriture avec une page blanche devant moi. Je pense que le plus gros changement était que je devais ajuster ma façon de jouer de la guitare , car j’avais rarement joué avec une distorsion si réduite. Alors j’ai intrinsèquement changé ma façon de jouer et d’écrire. Les riffs, une fois terminés, se sont retrouvés focalisés essentiellement sur des arpèges et sur des jeux polyrythmiques puisque le filet sécurisant du sustain (tenue de la note) n’était plus là.
Belzaran : Le chant est un élément très important de cet album, avec beaucoup de variations. Pourquoi ce choix ?
Aort : Wacian fait ce qui lui vient naturellement quand il réagit à la musique. Cela n’a jamais été une décision consciente de laisser tomber les voix agressives ou de varier l’ensemble. Nous avons beaucoup de chance que Wacian soit un chanteur extrêmement doué, capable de s’adapter à la musique et d’ajouter des dimensions supplémentaires aux compositions qui ne les avaient pas à l’origine. Je pense que c’est certainement la star de cet album.
Belzaran : Comment allez-vous gérer le changement de style pour les concerts ? Allez-vous adapter vos morceaux pour la scène ?
Aort : Nous avons seulement commencé à répéter avec les nouvelle compos et c’est un défi ! Mais le potentiel est là. Notre projet initial était de jouer l’album entièrement et puis de nous concentrer sur les anciennes chansons après ça. Nous aurions ainsi un changement de fond à faire. C’est certainement un sacré travail, mais c’est un défi intéressant. Et c’est sympa de devoir envisager ma configuration de scène à partir de zéro après quinze ans à tourner sur la même config ou presque.
Belzaran : Comment est accueilli l’album par les fans ? Certains doivent être perturbés, non ?
Aort : Certains seront bien sûr perturbés et certains n’aimeront pas ce que nous avons fait. Mais nous avons assez de retours positifs pour que ce soit considéré comme un succès pour nous au niveau du public. C’était déjà un succès personnel pour nous comme nous étions tellement amoureux de ce que nous avions créé, mais il est bien entendu plaisant d’entendre que d’autres l’apprécie aussi. Nous avons appris il y a longtemps qu’essayer de plaire aux gens musicalement parlant est une tâche infructueuse et nous avons cessé de nous en préoccuper.
Belzaran : C’est la fin de l’interview. Autre chose à ajouter ?
Aort : Merci d’avoir pris le temps de nous poser ces questions. Merci aux lecteurs de prendre le temps de nous découvrir et nous vous invitons à visiter notre page facebook (
www.facebook.com/codeblackmetal) pour suivre toutes nos dernières news. Salut !