Silverbard : La dernière interview remonte à la sortie de l'EP, peux-tu faire un résumé de tout ce qui s'est passé pour Shinray de cette date jusqu'à aujourd'hui avec la release party de votre premier album ?
Benjamin : Quand on a sorti l'EP, on avait une section rythmique qui était composée de 2 frangins, avec nous depuis un bon petit moment. Et suite à cet EP, on a voulu, avec le guitariste, passer à quelque chose de plus sérieux et on s'est séparé d'eux à ce moment-là car ils avaient plus d'activités à côté. C'est lors de tremplins faits par le passé (dont le tremplin de l'Isère qu'on a gagné) qu'on a rencontré nos futurs batteur et bassiste. Ils jouaient dans d'autres groupes et on avait apprécié leur jeu respectif à l'époque. Quand on leur a proposé de jouer avec nous, ils ont accepté. Le bassiste qui joue sur l'album est resté avec nous jusqu'à il y a 6 mois environ, et il est parti car son délire était plus le jazz. Stéphane nous a alors rejoints, qui était bassiste dans un autre groupe de la région et qui est un ami donc ça s'est passé sans problème. On a maintenant un line-up qui défend l'album.
Silverbard : C'est un line-up qui est donc plus stable pour le futur ou ça reste incertain ?
Benjamin : Ca dépend beaucoup de ce qui va se passer par la suite. Si notre album est amené à marcher, ça va stabiliser le line-up. Si ça ne mène nulle part, les gens risquent de se démotiver. A nous de faire marcher ça ! C'est la vie d'un groupe comme nous qui essayons de sortir de notre amateurisme, la motivation dépend de la réussite de groupe et vice-versa.
Silverbard : Comment s'est passée la composition de ce premier album ?
Benjamin : Ca fait un moment qu'on compose de nouveaux morceaux qu'on joue ensuite en concert. On en jouait de plus en plus mais on ne les avait jamais couchés sur disque. Sur les 12 titres de l'album, 2 étaient sur l'EP mais c'étaient les titres les plus marquants et systématiquement joués en live donc ça avait du sens de les remettre sur l'album. C'était aussi les titres les plus modernes contrairement aux autres chansons de l'EP plus ancrés dans nos débuts. C'était important pour nous de franchir ce cap de l'album, et honnêtement assez difficile car plus d'un groupe n'est jamais arrivé à ce stade. On s'en est rendu compte : c'est long, c'est compliqué, ça demande du courage et de la persévérance car il y a tellement de galères quand tu n'as aucun soutien de base, aucune structure ni aucun soutien financier… Il faut vraiment avoir la foi. On est passé par des moments vraiment durs, on a mis un an et demi à enregistrer cet album. Mais on est content d'y être arrivé et maintenant, on va tout faire pour le défendre et essayer d'élargir nos horizons. Pour la composition en soi, la plupart de l'écriture vient de moi. Ça vient comme ça, en général je trouve un riff, j'essaie de rajouter des passages autour puis de rassembler avec d'autres idées… J'apporte ensuite des compos qui sont quasiment des produits finis à mes musiciens. Chacun y rajoute alors sa patte et on arrange l'ensemble pour que ça vienne de tout le monde au final. Benoît m'épaule à la composition, c'est lui qui a écrit "Scarecrow" et on a co-signé deux autres morceaux. Il m'apporte des riffs qui ne me viendraient pas naturellement pour moi en tant que claviériste-chanteur.
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Silverbard : L'album est une auto-production. Comment pensez-vous faire la promotion au-delà de la release party de ce soir ? Allez-vous démarcher des labels ou des contacts ailleurs ?
Benjamin : Pour le moment, on vent l'album de mains en mains. On va aussi le mettre en ligne sur toutes les plateformes d'écoute ou d'achat comme iTunes, Spotify, etc… Après on démarchera les labels en toquant à la porte avec notre album et on verra ce que ça donne.
Silverbard : Comment tu vois la suite pour le groupe au niveau de l'évolution ? Est-ce que ça reste de l'amusement pour toi, ou tu veux aller vers quelque chose de plus sérieux ? Jusqu'où êtes-vous prêts à aller ?
Benjamin : Il faut être lucide, pour percer dans la musique aujourd'hui, c'est chaud, encore plus dans le metal et particulièrement dans le heavy qui est un style qui ne se porte pas très bien. Mon espoir, c'est que si ce qu'on fait est vraiment bien, vu comment le heavy est dans un état lamentable, il y a peut-être moyen de faire quelque chose. Je n'ai pas le recul nécessaire sur ma musique pour savoir si tous les gens vont apprécier… On a tous du boulot derrière, on compte le garder mais on ne se ferme pas de portes.
Silverbard : Sur les morceaux que j'ai pu entendre du nouvel album, j'ai vu que les influences avaient un peu varié. Qu'est-ce que tu dirais qui vous a influencé cette fois-ci ?
Benjamin : On nous dit souvent qu'il y a une touche un chouïa plus prog', ce qui n'est pas tout à fait faux mais pour moi ça reste majoritairement du heavy. Mes influences les plus marquées, c'est Iron Maiden ou Helloween même si on est fan de groupes comme Dream Theater ou Symphony X ou encore des groupes plus modernes comme Haken ou la vague djent… On n'essaie pas de se fermer à d'autres styles, le classique ou le jazz par exemple. C'est un des défauts du heavy de rester ancré dans ses codes et c'est je pense ce qui a en partie tué le genre. Mélanger les styles, c'est aussi ce qui déclenche l'accroche chez les gens car ça sonne nouveau, surtout dans le heavy et j'espère qu'on arrivera à se démarquer de cette manière.
Silverbard : Est-ce que vous voulez faire de l'aspect second degré, un peu déconne, avec l'imagerie cartoon qui va avec , votre marque de fabrique ? Ou c'est amené à s'effacer pour quelque chose de plus "sérieux" ?
Benjamin : Je pense qu'on va continuer à faire comme ça. L'aspect humoristique est d'une part pour se moquer de ce genre là qui est de part son imagerie parfois ridicule, avouons-le. Et d'autre part, le côté second degré est quelque chose que j'apprécie beaucoup dans les groupes comme Edguy, ou même Queen, et c'est aussi ce qui fait que les groupes se démarquent de la masse. Ce n'est pas faire de l'humour pour l'humour mais ajouter un côté fun à la musique et faire en sorte que nous comme le public s'éclations à écouter ce qu'on joue, car c'est un genre qui est has-been.
Silverbard : Et il faut préciser que souvent les musiques de jeux vidéos, je pense à Nobuo Uematsu, sont de très bonnes musiques, et "Duck Tales" dont vous faites la reprise également…
Benjamin : Evidemment, ce n'est pas parce que tu fais des trucs marrants que ça ne peut pas être bien pour autant. Le point critique c'est d'ailleurs qu'un truc marrant ne peut pas accrocher les gens si ce n'est pas bien fait! Autant mettre des musiques de jeux vidéos dans du metal peut paraître complètement déplacé, autant si c'est bien fait, c'est un super moyen de rendre hommage et d'enrichir ta musique. On ne se prive de rien, d'autant que comme tu l'as dit ce sont généralement de très bonnes musiques.
Silverbard : Question subsidiaire : est-ce votre album le plus heavy ?
Benjamin : C'est bien entendu notre album le plus heavy ! Dans notre carrière, on a fait beaucoup d'albums le plus heavy, mais celui-ci est encore plus heavy ! (rires)
Silverbard : Okay, et bien je te laisse conclure.
Benjamin : Tout d'abord merci à toi d'être venu au concert et de faire cette interview. J'espère que tu as apprécié ! De notre côté, j'espère que cet album trouvera son public, qu'on arrivera à toucher des gens et qu'on arrivera à faire quelque chose de ce projet ! Même si la situation de l'industrie musicale est catastrophique, j'ai envie d'y croire un peu. On s'est bien lancé dans le truc, on est bien soudés et on a tous envie que ça marche. Maintenant qu'on a l'album, on va essayer de s'en servir !