Silverbard : Pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs du webzine qui vous connaissent sûrement encore peu ?
Antoine : On s'appelle Regarde Les Hommes Tomber et on vient de sortir notre premier album. Le groupe est un peu difficile à situer puisqu'on oscille entre plusieurs scènes. Certains disent qu'on fait du sludge, même si je ne partage pas vraiment cet avis. D'autres disent qu'on fait du black metal mais c'est difficile d'affirmer ça aussi… On a plutôt un concept, qui est de mêler une musique sombre et pesante.
J.J. : On essaie de développer quelque chose de cohérent entre l'imagerie, la musique et les textes. Au-delà du style musical, on essaie de créer une ambiance et une atmosphère particulière tout autour de la musique.
Silverbard : Vous êtes signés sur Les Acteurs de l'Ombre, très bon label en ce qui me concerne puisque récemment j'ai découvert coup sur coup The Great Old Ones et vous-mêmes et ça a été deux coups de cœur. Comment le contact s'est opéré ? Est-ce plutôt eux qui sont venus vers vous ou le contraire ?
J.J. : C'est plutôt le label qui est venu vers nous…
Antoine : Ca s'est passé très simplement en fait. On a eu de la chance que Gérald, le boss des Acteurs de l'Ombre, se soit récemment installé sur Nantes et a commencé à fréquenter les concerts locaux. Comme je suis assez présent sur la scène locale, je le connaissais bien de vue. Et deux semaines avant notre premier concert, je lui envoie un mail en présentant le groupe et joignant deux morceaux qui venaient d'être enregistrés pour l'occasion. Je lui précise que personne ne nous connaît et voilà. Il me répond de suite en me disant qu'il aime beaucoup ce qu'on fait. Puis il est venu au concert et c'est génial car il a adoré. Et coup sur coup, il nous a dit qu'il voulait nous avoir sur son label…
J.J. : C'était en première partie de Wolves In The Throne Room au Ferailleur !
Antoine : Donc il était là et il a essayé de nous vendre sa structure. Moi, je suis un gros fan de metal donc je savais déjà depuis longtemps que quand il avait des groupes sur son label, ces groupes étaient présents. Par exemple, Pensées Noctures, je les avais vus partout ! Donc je me suis dit: «
Attends, ce gars s'intéresse à nous, on vient juste de sortir quelque chose, c'est le meilleur deal qu'on puisse avoir ! ». Et en plus au début, il pensait qu'on n'était pas convaincus ! Donc je lui ai dit : «
Non mais attends Gérald, carrément ! On veut bosser avec toi ! ». Et quand on voit tout le travail qu'il a accompli en à peine un an, c'est faramineux, incroyable !
J.J. : Honnêtement, si on nous avait dit, il n'y a même pas un an, voire 6 mois qu'on serait sur la scène du Hellfest et du Motocultor et qu'on ferait la première partie d'Enslaved ! On ne t'aurait pas cru, c'est vraiment allé vite !
Silverbard : Oui pour Enslaved aussi, c'était un désistement de dernière minute ?
J.J. : Oui comme le Hellfest !
Romain : C'est souvent des coups de dernière minute en fait, ce sont des belles opportunités ! On est assez chanceux, c'est vrai !
(rires)
Antoine : On a eu de la chance de sortir un album qui a pu plaire, d'être soutenu par un label, surtout par Gérald mais aussi tous les autres… tous les Acteurs de l'Ombre
(sourire), qui ont fait un super boulot et qui ont pu diffuser à chaque fois, qui glissent un CD, qui disent quelque chose… Gérald nous avait dit : «
Les gars, je ne vous promet rien, c'est vous qui allez faire le boulot ! ». Donc oui, on a eu beaucoup de chance !
Silverbard : C'est vrai que je me demandais quand je pourrais vous voir en live et c'est la veille de partir à Clisson que j'apprends que vous êtes ajouté à l'affiche du Hellfest !
Antoine : Oui voilà, il y a un groupe qui a annulé sur la Valley et on a fait appel à nous il y a deux semaines… On a un peu halluciné !
(rires) Par contre, on nous a bien dit que c'était secret, on ne pouvait pas diffuser l'information jusqu'à trois jours avant le Hellfest, donc on a dû attendre qu'ils le fassent. C'était contraignant mais d'un autre côté, on a pu faire de la com' dans notre entourage comme des bourrins. Et puis, il n'y a pas à se plaindre, l'opportunité est géniale ! Encore une fois ça s'est fait très simplement et on a cette chance d'évoluer dans la région nantaise… Ils savaient qu'on était là et disponibles.
Silverbard : Et puis je pense que les gens qui sont venus voir The Great Old Ones, viendront voir Regarde Les Hommes Tomber. Vous êtes sur le même label et c'est à peu près le même public…
Romain : Oui exactement, on ne jouera pas sur la même scène mais c'est clair qu'il y a des passerelles !
Silverbard : La première fois que j'ai écouté votre album, j'ai tout de suite pensé à Amenra. Je ne sais pas si c'est une grosse influence pour vous, c'est vrai qu'ils sont plus catalogué sludge au départ tandis que vos racines me semblent plus black metal… Mais je trouve que les deux genres ont tendance à se rejoindre.
Romain : Oui, on a tous beaucoup d'influences, Amenra en fait partie. Après c'est Jean-Jérôme qui a composé tous les morceaux de l'album…
J.J. : Quand j'ai composé les morceaux, honnêtement je n'ai pas pensé à Amenra, c'est sorti comme ça…
Antoine : Mais ça dépend des morceaux. Il est clair que sur toutes les parties rythmiques scandées sur une corde, il y a un gimmick qu'on utilise et qui peut y faire écho. Mais dans les mélodies et les ambiances, on essaie d'être porté plutôt sur un univers. C'est la raison pour laquelle on ne diffuse aucune photo promo où on ne voit nos visages.
J.J. : Ce qui nous importe, c'est que l'auditeur se fie à l'artwork et à la musique avant tout. C'est aussi la démarche que j'ai eu quand j'ai composé, créer un univers sombre et torturé. Donc forcément, on se rapproche des groupes qui ont la même démarche… Comme Amenra, quoique ça reste très froid. Au moment de la composition, j'écoutais beaucoup Neurosis, Cult Of Luna et Emperor.
Silverbard : Je reviens que cette mise en retrait volontaire de vos personnalités au profit de la musique. Ca n'a donc rien à voir avec une démarche de black metal underground ?
J.J. : (rires) Non, on n'est pas des misanthropes ni des autistes enfermés dans leur délire. On est juste des fans de musique et c'est ça qui est important pour nous.
Antoine : Il y a quand même une attitude à avoir sur scène. On ne voulait pas être le genre de groupe qui va jouer des morceaux tristes et sombres et sortir derrière une blague au public pour déconner. C'est un truc que je déteste et on voulait avoir quelque chose de cohérent.
Romain : Tout cet aspect communication s'est fait très naturellement. C'est lié à la musique et à ce qu'on ressent quand on joue, on n'est pas forcément dans un état euphorique, il y a quelque chose qui se passe aussi… Forcément, ça influence nos faits et gestes pendant le show.
Silverbard : Oui je verrai demain du coup, mais je pensais que ça serait comme Amenra – peut-être pas le délire du chanteur qui fait dos au public – mais tout le monde qui regarde ses pompes et il n'y a pas un mot entre les morceaux…
Antoine : Ca risque d'être ça !
(sourire) On ne sait pas comment ça va se passer demain car d'habitude, il n'y a pas d'échange avec le public et ça se fait très naturellement, tout le monde se tait. Avant de sortir notre album et faire notre premier concert, on a passé 6 mois à répéter au fond d'un jardin dans un endroit délabré, dans le noir, sans se parler… On bossait les morceaux chez nous et quand on arrivait en répèt, on ne faisait que jouer sans faire de pause. Et on a décidé de garder cette attutude pour le concert… Sauf que d'habitude, on joue quasiment dans le noir, avec des gros sroboscopes et beaucoup de fumée…
J.J. : Et là, ça va être spécial car c'est la première fois qu'on va jouer sur une scène dehors en plein jour… à visage découvert !
(rires)
Silverbard : Quels sont vos objectifs actuels ? Vous souhaitez plutôt tourner au maximum, peut-être déjà embrayer sur la composition d'un nouvel album ou gagner à l'international ?
J.J. : C'est clairement tourner au maximum parce que l'album est sorti il y a 3 mois. On est toujours en phase de promo, se faire connaître, avoir de la visibilité et de la notoriété.
Antoine : On sait qu'on sera attendu sur le second album donc on veut bien travailler ça.
Romain : Surtout là, on veut se faire plaisir en live, c'est une expérience qu'on adore !
Silverbard : On arrive au terme de l'interview, je vous laisse le mot de la fin.
J.J. : Merci de nous avoir interviewé ! On est super content d'être là, même si on est un peu une roue de secours pour ce Hellfest, c'est à nous de prouver qu'on a notre place ici !
Antoine : Oui j'ai vu que le nom avait tourné, pas mal de gens connaissent, ça fait plaisir ! Alors que l'album est sorti il y a 3 mois et ça fait environ 1 an qu'on est sorti de notre cave !
(rires) C'est super cool !