Silverbard : Est-ce que vous auriez pensé en 2003, date à laquelle est sorti votre premier album The Nameless Disease, obtenir le succès que vous avez eu en France et à l'étranger ?
Nicolas : Très sincèrement non, pas du tout. Le groupe a été monté en 1997 et on ne savait rien faire à l'époque. On savait à peine jouer de la guitare et on a tout appris de la musique sur le tas. On s'est donc énormément investi pour ce premier album et quand il est sorti, on ne savait vraiment pas du tout ce qui allait se passer et quel accueil il allait recevoir. Un premier EP intitulé
The Blossom était sorti en 2000 et comptait 4 titres dont deux ont été publiés sur
The Nameless Disease ensuite. Ce midi CD avait reçu un très bon accueil, mais ça restait un premier jet et ça ne pouvait préjuger en rien de ce que l'album allait rendre. Donc forcément, on a été très surpris de l'accueil qui a été réservé à ce premier album n'ayant reçu quasiment que de bonnes chroniques. Et on a aussi eu la chance de sortir cet album chez Season Of Mist et avoir un label derrière soi, c'est toujours agréable pour un tas de raisons.
Silverbard : The Nameless Disease est bien souvent l'album préféré des fans, mais de par son histoire, il rappelle également beaucoup de souvenirs douloureux pour tous les membres du groupes. J'imagine que cette tournée anniversaire ne s'est pas fait sans hésitations… Comment ça s'est passé ?
Nicolas : Il y a un côté particulier effectivement avec cette tournée. On voulait fêter les 10 ans de
The Nameless Disease et c'était le maître mot…. Mais effectivement cet album est spécial puisque quand il est sorti, il racontait une histoire qui est celle de notre batteur décédé. Il avait à l'époque participé à la composition des morceaux. C'est une manière aussi pour nous de…
(marque un blanc) Je ne sais pas comment dire ça, mais de faire sortir toute la rage qu'on avait en nous suite à son décès qu'on n'a pas pu empêcher. C'était la raison de ce concept album et quoiqu'il en soit, il a aujourd'hui encore une saveur particulière… C'est vraiment un album qui représente quelque chose de très fort. Les deux albums suivants sont musicalement assez proches mais ils n'ont pas ce concept unique. Dans
The Perpetual Motion, il y a plusieurs mini-concepts qu'on a fusionné et dans
The Water Fields, il n'y en a pas puisque c'est une succession de chansons. Alors que
Nameless est un bloc…
Silverbard : J'ai entendu dire que vous ne vouliez pas vous prononcer sur long terme et une possible reformation, ni évoquer un prochain album…
Nicolas : Tout à fait. Pour l'instant, à vrai dire, on n'en a aucune idée. On ne sait pas du tout, on a fait ces dates-là pour se faire plaisir et fêter les 10 ans de
Nameless. Après on verra. On va déjà voir ce qui se passe là, ce n'est pas à l'ordre du jour en tout cas. On se fait plaisir et on prend ce qu'il y a.
Silverbard : Au niveau de cette tournée, la date du Hellfest était votre première. C'était un passage obligé pour vous ? Comment ça s'est fait ?
Nicolas : Au départ, il ne devait y avoir qu'une seule date, c'était au Divan du Monde à Paris. De fil en aiguille, on a contacté notre ancien tour manager, qui maintenant a une grosse boîte de prod'. On lui a dit qu'on voulait faire une date à Paris et on lui a demandé si c'était possible. Il nous a répondu au téléphone que oui ça pourrait se faire. Mais en fait il a commencé à mijoter et puis nous a proposé de faire plusieurs dates, puis le Hellfest !
(rires) Et de fil en aiguille, on s'est retrouvé avec une quinzaine de dates, dont le Helfest et le Motocultor. Et bien sûr, ça nous fait très plaisir.
Silverbard : Vous aviez participé au Hellfest 2008. As-tu un mot sur le festival et son évolution ?
Nicolas : C'est particulier parce que je n'étais pas là au Hellfest 2008. J'ai quitté le groupe en 2006 et c'est Gilles qui m'a remplacé au poste de guitariste. Par contre j'avais fait l'ancienne version, le Fury Fest au Mans en 2005… Le Hellfest a grossi énormément, c'est devenu quelque chose de gigantesque. Forcément, c'est très bien que ça se passe en France car il fallait ça quand même. On avait des festivals moyens mais pas d'énorme festival comme celui-ci. De plus, ça donne des opportunités aux groupes français de pouvoir jouer, chose qui ne serait pas forcément évidente à l'étranger, que ce soit en Belgique ou en Allemagne. Ca continue à grossir mais tant mieux !
Silverbard : Quel bilan tu dresserais de tous les albums, de tout ce qui a été fait 10 ans après le premier album ?
Nicolas : Il y a une chose qui est certaine, c'est qu'on a absolument aucun regret par rapport à ce qu'on a pu faire. Ca peut arriver, ça arrive même souvent que des artistes disent «
J'ai fait ça à une époque mais… ». Nous, on ne regrette absolument rien, pas la moindre note de ce qu'on a pu sortir. On a vécu des choses magnifiques et personnellement, je suis toujours très fier de ce qu'on a fait. A chaque fois que je réécoute un album, c'est un plaisir. On a beaucoup travaillé à l'époque, mais en réécoutant je sais pourquoi.
Silverbard : A ce propos, on vous a fait souvent pointer que le groupe était passé à côté de son destin en splittant prématurément. Est-ce que tu es d'accord avec ça ?
Nicolas : Je ne sais pas. Peut-être, c'est difficile de répondre. Le groupe était dans une phase montante dans tous les cas mais il y a eu tout un tas de mésententes même si je n'étais plus dans le groupe - c'est ce que Manuel m'a rapporté. On est resté très proches même après mon départ. Et après le split du groupe, il ne s'est pas passé une semaine sans que je l'ai au téléphone. C'est aussi ce qui a permis une reformation assez facile. Les raisons du split sont diverses. Les mésententes étaient sur l'approche musicale de l'album suivant mais aussi une fatigue à concilier le groupe avec les vies de famille de chacun. Il y avait une sorte de lassitude aussi, que les choses n'aient pas bougé comme on l'aurait espéré après le troisième album… Maintenant, est-ce qu'on a raté quelque chose ? Je ne sais pas. Est-ce qu'au bout d'un moment, on n'aurait pas eu une certaine lassitude de composition aussi ?
Silverbard : Pourtant, vous veniez de faire la première partie d'Opeth…
Nicolas : Oui, première partie d'Opeth sur la tournée
Damnation, de Katatonia, de Paradise Lost sur la tournée
Symbol Of Life… C'est vrai que c'était un rêve de gosse, c'était fabuleux. Tous les groupes qu'on a écouté et on se retrouvait à jouer devant eux, c'était super ! On a vécu pleins de choses mais même ça… Le quatrième album était un éternel sujet de débat. Il y a eu trop de choses qui ont fait qu'on a préféré ne pas donner suite.
Silverbard : Si on quitte un peu le sujet du groupe, qu'est-ce que tu écoutes en ce moment ? Des découvertes récentes ?
Nicolas : Ben justement ton T-shirt me rappelle que j'ai découvert il y a quelques mois un groupe norvégien qui s'appelle Leprous et que j'aime énormément, en particulier leur album
Bilateral. Sinon en ce moment, j'écoute beaucoup les Beatles que j'ai toujours écouté et que j'écouterai toujours je crois ! J'ai eu la chance de me faire offrir pour mon anniversaire le coffret de l'intégrale même si j'avais déjà tous les albums, je redécouvre ainsi et c'est toujours un plaisir !
Silverbard : Merci à toi pour l'interview, je te laisse conclure.
Nicolas : Merci beaucoup, ça a été un immense plaisir pour nous de revenir. Et après tant d'années d'absence, recommencer par le Hellfest, dans ces conditions-là en plus… Sincèrement, on est gâté ! Les gens ne sont pas partis, ils ne nous ont pas oublié et quand on est arrivé sur scène, ils étaient déjà tous là. On se doutait qu'il y aurait un peu de monde, mais on ne pensait pas remplir la tente. C'était phénoménal comme accueil !