RuboubartacsimeuS : Vu la proximité de l’évènement, commençons par l’actualité du groupe, donc d’où vient cette idée de faire l’Olympia ?
Vincent : Pour présenter les 20 ans du groupe avec panache ! L’idée est venue ensuite d’immortaliser cet événement sur un DVD. Dans cette salle mythique qu’est l’Olympia, il fallait marquer le coup !
RuboubartacsimeuS :Comment vous appréhendez le fait de faire l’Olympia (ce qui est plutôt rare pour un groupe de metal français) et en plus d’y tourner un DVD ?
Vincent : Avec sérénité… C’est une date spéciale mais qui reste une date qui s’intègre dans un grosse tournée française / européenne. Oui, c’est rare pour un groupe de metal français, raison de plus de fêter nos 20 ans là-bas !
RuboubartacsimeuS : A quelques jours de la date fatidique, cela semble quasi complet. Est-ce pour vous une sorte de défi, d’essayer de montrer qu’un groupe de metal français peux remplir sur son nom cette salle mythique ?
Vincent : Ça n’est pas vraiment un défi…mais en quelque sorte un challenge et une belle opportunité de sortir le rock / metal des idées préconçues face à notre musique.
RuboubartacsimeuS : Bossez-vous avec la même équipe de tournage que pour le DVD realisé au Bikini ?
Vincent : Oui tout à fait, en étroite collaboration avec cette équipe, mais en poussant un peu plus loin le concept par rapport au précédent DVD du Bikini.
RuboubartacsimeuS : L’appréhension est-elle la même qu’avant le concert au Bikini, puisque vous êtes dans les mêmes conditions, à savoir un soir unique pour enregistrer ? Le droit à l’erreur est donc limité ? Où le fait que ce soit l’Olympia décuple les angoisses ?
Vincent : On va travailler en amont en faisant une résidence, tout l’aspect technique et scénographique sera rôdé, après le live restera toujours aussi furieux ! Il n’y a pas d’angoisse particulière, car on prépare cette date pour se donner à fond, et sur scène, ça dépotera à partir où on mettra le volume à fond !
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RuboubartacsimeuS : Est-ce qu’à quelques jours de l’échéance, vous ressentez les mêmes sensations que lorsque vous prépariez la première partie de Metallica, lors de votre passage au Sonisphere ou encore au Hellfest ? Ou est-ce encore pire avec la pression du tournage en « one-shot » ?
Vincent : Avec une carrière de 20 ans (sans prétention aucune) on se prépare avec la tournée française (une quarantaine de dates à ce jour) pour accueillir et assurer cette date comme il se doit.
RuboubartacsimeuS : Pour les 20 ans du groupe, allez-vous jouez des morceaux de chacun des albums (notamment les albums un peu oubliés) afin de bien balayer toutes les périodes de la carrière de Mass ?
Vincent : Ah ça, ça reste une surprise ! Il faudra être présent pour découvrir la setlist ainsi que toutes les autres surprises que nous préparons ! |
RuboubartacsimeuS : Qu’est ce qui vous pousse a refaire un nouveau DVD, si peu de temps après celui tourné au Bikini ?
Vincent : Pour immortaliser ce concert anniversaire…Sans forcément avoir prémédité le truc. 20 ans c’est quelque chose pour un groupe, et c’était une belle opportunité de faire ça à l’Olympia.
RuboubartacsimeuS : Je sais que cela avait été compliqué de convaincre votre précédent label de faire un live. Est-ce que ça a été aussi difficile avec Verycords, votre nouvelle structure ?
Vincent : En aucun cas, car nous avançons en terme de famille, et Verycords a voulu s’associer et appuyer notre envie de marquer le coup pour nos 20 ans !
RuboubartacsimeuS : Dans le live du Bikini, il y avait un documentaire fort intéressant sur l’histoire et la vie du groupe dont vous semblez très fiers, à quoi peut-on s’attendre avec ce nouveau live ?
Vincent : On ne veut rien révéler pour l’instant, on va tout filmer, on va laisser passer le concert et on verra ensuite. On a déjà pas mal de matière pour illustrer les 20 ans.
RuboubartacsimeuS : MH a connu comme beaucoup de groupes des changements au niveau de son line up, mais bizarrement on a l’impression que cela a systématiquement renforcé le groupe et que ce qui pouvait être une faiblesse s’est transformé en force avec l’apport de sang neuf mais surtout en renforçant l’unité du groupe et l’entité Mass Hysteria. Avez-vous une recette magique pour trouver « la bonne personne » ?
Vincent : Tout se passe à l’humain. Me concernant, j’avais déjà rencontré Mass Hysteria lors de la tournée de l’album noir, et nous nous étions très bien entendu à l’ époque, d’où l’appel quelques années plus tard pour les rejoindre comme bassiste.
RuboubartacsimeuS : C’est vrai que la force de Mass c’est son assurance et son niveau sur scène, et c’est qui semble être quelque part la marque de fabrique et la vitrine du groupe. Comment vous expliquez cette image de groupe de scène ?
Vincent : C’est beaucoup de travail, et de répétitions, et une forte envie de jouer, de fouler la scène, et de rencontrer notre public !
RuboubartacsimeuS : Ce qui me frappe, c’est votre capacité à retourner un public qui au départ est plutôt frileux à votre égard ; j’en veux pour preuve la première partie de Metallica à Nîmes ou dans les tribunes et sur les forums des Mets, certains ne donnaient pas cher de votre peau, et à un degré moindre au Sonisphere. Dans ces moments-là, comment gérez-vous cette forme « d’adversité » ?
Vincent : C’est justement là où on peut parler de challenge, de tout donner sur scène pour acquérir un nouveau public, et démontrer de quoi on est capable. |
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RuboubartacsimeuS : Quelles sont les différentes sensations, émotions que procurent la création et la sortie d’un album et une tournée avec de belles affiches comme l’Olympia ?
Vincent : C’est grisant de pouvoir parcourir la France, de jouer autant de gens, et d’être rémunéré pour ça ! c’est donné à peu de gens, ça ne s’achète pas. C’est une joie extrême tout simplement.
RuboubartacsimeuS : Depuis l’album Une somme de détails, on a l’impression que chaque nouveau disque est encore plus noir, puissant et lourd que son prédécesseur, avec ce coté metal très assumé et abouti, tout en étant la suite logique de son prédécesseur. Est-ce que c’est quelque chose de conscient ou non ?
Vincent : C’est à chaque fois une évolution, aussi bien pour le son que pour la composition, rien n’est prémédité, même si on veut à chaque fois passer une étape.
RuboubartacsimeuS : Est-ce que cette évolution va continuer dans ce sens ? Sous-entendu, avez-vous déjà pensez à la suite, à l’album suivant ?
Vincent : On va profiter d’une belle dynamique, Yann a au moins 300 riffs dans son téléphone ! Et on a une envie folle de retourner en studio, pour donner un successeur à l’Armée des ombres.
RuboubartacsimeuS : De même sur les textes, l’évolution est perceptible depuis les débuts de Mass où les textes étaient plus « positifs à bloc », et aujourd’hui avec cette noirceur qui gagne du terrain dans la bouche de Mouss. Cela colle parfaitement à la fois à la musique actuelle du groupe, mais aussi à l’époque. Est-ce que c’est quelque chose de programmé dès le début du processus de création où est-ce que c’est quelque chose qui s’installe en fonction de l’actualité ?
Mouss : C’est quelque chose qui s’installe en fonction de l’actualité oui, et surtout du fait que l’on grandisse, on vieillisse, et je pense que je suis plus attentif en profondeur à la politique actuelle.
RuboubartacsimeuS: Depuis vingt ans, le milieu de la musique à bien changé (baisse des ventes de disques, téléchargement, interview par mail, difficultés pour les groupes à sortir, difficultés pour les groupes à trouver des dates…), de l’intérieur, quels regards portez-vous sur ces évolutions, et qu’est ce que cela a changé pour vous ?
Vincent : Oui irrémédiablement par rapport aux ventes de disques, mais le nerf de la guerre, c’est la scène surtout pour un groupe de rock, et tant qu’on aura la possibilité de nous produire sur scène, c’est tout ce qui importe, c’est ce qui fait un groupe de rock !
RuboubartacsimeuS : Vous portez une attention et un soin particulier à l’artwork de vos albums (au passage celui de L’armée des ombres est magnifique), en travaillant avec des artistes de renom. Est-ce aujourd’hui une nécessité pour continuer à vendre des disques ou un plaisir du groupe afin de faire quelque chose de beau esthétiquement ?
Vincent : Ça reste un plaisir du groupe d’associer visuel et musique, pour qu’il y ait une homogénéité entre le fond et la forme.
RuboubartacsimeuS : Un autre élément nouveau à appréhender pour les groupes, ceux sont les réseaux sociaux. Comment gérer vous ces nouveaux moyens de communiquer où tout à chacun peut laisser son avis sur le moindre élément de la vie du groupe (cf. le départ de Stephan), sans forcément avoir tous les éléments ?
Vincent : Nous utilisons les réseaux sociaux avec parcimonie, on n’hésite pas à laisser les gens donner leurs avis, mais tout en gardant une certaine objectivité sur nous-même et notre musique.
RuboubartacsimeuS : Vous faites beaucoup d’efforts sur toute la partie merchandising, avec de nombreux modèles de fringues, des affiches, planche de skate... Quel est votre objectif dans cette démarche ? C’est de constituer une véritable « Armée des ombres » ?…
Vincent : En effet ! Que chacun puisse, au même titre que le groupe, de se retrouver dans une famille, en portant nos couleurs, notre « armée des ombres » à nous !
RuboubartacsimeuS : Pendant qu’on parle chiffon, pas trop nostalgiques des locks pour certains ?
Vincent : Non, le temps des locks est révolu !
Mouss : Pas du tout, ça faisait partie d’une époque pour ma part, j’en avais un peu marre, et ça ne reflétait plus vraiment ce que j’étais, et les dreads faisaient parties de mon jeu de scène, et je voulais évoluer, et voir comment je me débrouillais sans mes locks, sans artifices capillaires !
RuboubartacsimeuS : Si vous deviez garder trois grands moments de ces 20 ans de Mass, quels seraient-ils ?
Mouss : 1-La signature du premier album en 1996, chez Sony, près de l’Arc de Triomphe et de la Tour Eiffel, c’était magique, Paris By Night, on venait de signer, bouteille de champagne à la main et on avait l’impression de dominer Paris. Nous qui venions de nos petites caves de province, on pouvait se dire « on a fait du chemin ! »
2- L’enregistrement de Contraddictions et De cercle en cercle, avec le grand producteur Mr Colin Richardson. C’était en quelque sorte une formation accélérée de ce que doit être un groupe de metal : savoir bien jouer au métronome, et tout donner !
3- Une somme de détails en 2007, qui marque le renouveau, la renaissance de Mass Hysteria, après une petite traversée de désert.
RuboubartacsimeuS : Et les trois pires souvenirs ?
Vincent : 1-En 2000, fracture des ligaments croisés jambe droite
2- En 2005, fracture des ligaments croisés jambe gauche
3- En 2012, fracture du ménisque jambe gauche
Sinon, que du bonheur !
RuboubartacsimeuS : 20 ans après vous occupez plus que jamais le devant de l’affiche, tout comme certains groupes français qui ont démarré à peu près en même temps que vous comme Lofofora, No One Is Innocent. Finalement le rock n’roll n’est vraiment pas mort ?
Vincent : Même sans Mass Hysteria, le rock n' roll est loin de mourir, tant qu’il y aura un public pour venir aux concerts et découvrir des groupes.
RuboubartacsimeuS : A propos de musique, si vous aviez la possibilité de faire découvrir au public quelques groupes, quels seraient ils ?
Vincent : Hangman’s Chair, Bukowski, Vera Cruz, The Arrs…Ce sont des groupes déjà connu dans le microcosme hardcore, mais qui méritent d’être amplement écoutés !
RuboubartacsimeuS : Sinon, pour les 30 ans, vous avez déjà des idées pour marquer les esprits ?
Vincent : Faire un groupe avec ma mère !
Mouss : Faire mieux que Mick Jagger ! Mais ça va être dur ! Merci à toi !