Hail Spirit Noir

Entretien avec Theo Liratzakis (chant et guitare) - le 14 juin 2012

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Winter

Une interview de




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Non contents d'explorer des terrains avant-garde avec leur autre groupe Transcending Bizarre?, les musiciens grecs Theo et Haris ont décidé d'aller un peu plus loin encore dans l'originalité et ont créé Hail Spirit Noir. Pneuma, permier album du projet, mêle brillamment une musique prog-rock totalement inspirée de la scène des années 70 avec des vocaux typiquement black metal. Il était tentant d'en savoir un peu plus sur ce groupe sortant vraiment des sentiers battus, et Theo a gentiment pris le temps de répondre à quelques questions. Bienvenue dans le monde de l'Esprit Noir !

Winter : Salut, quelques mots pour présenter Hail Spirit Noir aux personnes qui ne vous connaissent pas ?

Theo : Salut et merci pour l’opportunité que vous nous donnez de nous faire connaître. Hail Spirit Noir est né il y a un an en Grèce, quand Harris a eu, au départ, une vision sur la création d’une musique qui irait bien avec un film d’horreur des 70s et qui combinerait le prog rock des 70s avec du black metal, sans pour autant savoir comment il allait réaliser l’idée. Après avoir construit la base de quelques titres, il a présenté son projet à Dim et à moi-même. Nous avons été très enthousiastes parce que dès que nous avons écouté les chansons, nous avons su que nous étions devant quelque chose de spécial.

Winter :  Vous êtes tous les deux members de Transcending Bizarre?. Considérez-vous HSN comme un side project ou est-ce un vrai groupe ?

Theo : C’est un vrai groupe et en aucun cas un side project. Nous sommes actuellement en train de recruter des membres pour former un line-up qui nous permette de jouer sur scène. Il est vrai qu’avec TB? nous n’avons pas été très actifs en ce qui concerne les performances live mais il s’agit d’un autre type de musique. Celle de HSN est plus adaptée à des shows live que ce que joue TB?, je crois.

Winter :   Etes-vous des fans de prog depuis longtemps ou est-ce un nouveau monde pour vous ?

Theo : Que ce soit Harris ou moi, nous sommes des amateurs de prog depuis pas mal de temps. Je pense que ça se voit assez nettement sur les albums de TB? également, notamment sur le dernier,  et la manière dont sont intégrés les guitares acoustiques et les leads. Mais avec HSN nous avons incorporé le prog des 70s, tout en sachant que ces groupes ne semblent pas vieilir.  C’est incroyable comme une musique créée il y a presque 50 ans continue à avoir autant d’impact sur les nouveaux auditeurs. Le premier album de prog rock que j’ai vraisemblablement acheté est 2112 de Rush ou bien Foxtrot de Genesis et c’est à partir de là que j’ai découvert des groupes comme Gentle Giant, ELP, Kansas et bien sûr King Crimson qui a été une influence énorme. Je dois admettre que je me suis mis à Pink Floyd assez tard, hehe. Et je dois également dire que l’un  de mes groupes « all time favorites » est Marillion. Je pourrais les écouter indéfiniment, ils peuvent passer d’une musique donnant une sensation de claustrophobie à quelque chose de doux en passant par des passages exaltants, le tout dans la même chanson. L’un des albums préférés de Haris est Reflections de Manos Hadjidakis, album qui est en fait le point de départ de HSN, aussi bizarre que cela puisse paraître. Ce qui était nouveau pour nous était de composer avec ce point de départ en tête. Dans nos autres groupes l’élément métal est tout puissant et c’est bien ainsi. Mais HSN doit être différent, ce qui est à la fois un challenge et un plaisir.

Winter :  Est-ce que Hail Spirit Noit vous permet d’utiliser des idées qui ne vont pas pour Transcending Bizarre? ?

Theo : Oui. Ceci dit, c’est un entité totalement distincte de TB? et ce n’est pas un endroit où on recase les idées qui n’ont pas pu être utilisées avec TB?. HSN est un autre moyen d’expression. Avec Pneuma, les éléments psychédéliques sont plus prononcés à tous les niveaux, que ce soient les guitares enregistrées en analogique ou bien les vocaux et les claviers, également adaptés au contexte. Tout est plus dépouillé sans être pour autant facile d’accès. HSN nous a permis de combiner des genres très différents a priori et créer quelque chose de nouveau, tout en gardant nos propres influences très caractéristiques.

Winter :  Je trouve que HSN n’explore pas seulement le prog rock des 70s (Van der Graaf Generator, Emerson, Lake and Palmer,…) mais prend également quelques idées du côté des débuts de la scène gothique. Quand j’écoute Pneuma, cela me rappelle des groupes comme Virgin Prunes ou Shadow Project. Et-ce un accident (dois-je arrêter les drogues ;) ) ?

Theo : Haha, si tu es capable de me dire quel jour on est et compter sans machine à calculer, je ne vois pas pourquoi tu devrais arrêter. Sinon, je vois pourquoi quelques beats de batterie et quelques parties de guitare te font penser à la scène gothique. L’atmosphère de certaines parties également. Je pense que c’est assez évident sur "Against the Curse, We Dream", mais cela fait partie des influences de Haris, pas des miennes. Quelques groupes comme Fields of the Nephilim ou quelques chansons de Sisters of Mercy mis à part, je n’ai jamais vraiment accroché. Ceci dit, les Bauhaus étaient vraiment impressionnants et j’ai vraiment apprécié le retour de Peter Murphy. Tu me conseilles une drogue en particulier pour les groupes gothiques ? Ca pourrait m’aider à les apprécier, haha.
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Winter :  Quelques groupes que tu voudrais mentionner comme des influences majeures ?

Theo : Comme je l’ai dit précédemment, le point de départ a été, pour Haris, l’album Reflections de Hadjidakis. Je dois dire que King Crimson et Pink Floyd ont énormément influencé ce travail, tout comme la dissonance et le venin de groupes tels que Abigor et Dodheimsgard. Je sais que les gens attendent vraiment que je cite Opeth mais c’est une coïncidence. Heritage  est à tout point de vue un grand album. Sigh et leur approche fourre-tout de la musique a aussi été une influence. Les Doors aussi. On peut s’en rendre compte à nos claviers, hehe.

Winter :  Pneuma semble être un groupe très « visuel », qui pourrait parfaitement servir de BO pour un thriller des 70s (un « giallo » par exemple). Aimeriez-vous créer pour une BO ?

Theo : Tu as complètement raison en ce qui concerne les films d’horreur. C’était un de nos buts. Créer une musique qui irait avec ce genre de films. Un des choses que j’aime de ces films, c’est le mal planant, omniprésent, qu’ils décrivent. Nous avons voulu ce genre d’atmosphère oppressante et sombre pour l’album. Nous avons essayé de faire en sorte que l’auditeur ait dans sa tête des images qui retranscrivent l’histoire que nous contons. Maintenant, Haris et moi aimons tous les deux Danny Elfman, ce qui est assez évident dans la musique de Bizarre, mais une BO c’est tout de même un processus différent. Ce serait un super challenge si on nous en donnait effectivement l’opportunité, mais cela devrait être un film sanglant, sinistre et maléfique qui ne laisse absolument aucun espoir au spectateur. S’il y avait une version 70s du film espagnol « Darkness », j’aimerais vraiment que nous nous chargions de la musique.


Winter :  Etant donné que vous faites partie de la scène extrême grecque, vous sentez-vous proches de « patriarches » comme Rotting Christ, Necromantia, etc., même si leur univers musical semble être bien différent de celui de HSN ?

Theo : Je ne peux pas dire qu’ils aient vraiment été une influence mais nous avons le respect le plus sincère pour eux, tout particulièrement pour RC et Sakis. L’éthique professionnelle dont il a fait preuve et les sacrifices qu’il a dû faire pour maintenir le groupe en vie sont une vraie leçon de comment gérer un groupe pour tous ceux qui ont envie de commencer quelque chose et de voir leur projet grandir au-delà du stade « oh, mes amis connaissent mon groupe et disent que je suis trop fort ». Heureusement, les choses vont mieux que ce soit en termes de qualité ou en termes de professionnalisme.

Winter :  Pneuma est véritablement un album de prog, il ne contient pas que quelques parties prog marginales, comme c’est parfois le cas avec les groupes de « prog metal ». Ceci dit, il contient des vocaux typiquement black metal et même des blast-beats. Cela peut convenir aux fans de métal les plus ouverts d’esprit mais… penses-tu que cela peut également séduire des fans de prog ? Quel feed-back as-tu reçu jusqu’à présent ? Sais-tu quel est le profil des gens qui ont apprécié l’album ?

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Theo : Le terme prog, au début, se référait à des groupes qui faisaient quelque chose de nouveau et original. Le prog se basait en général sur un haut niveau de musicalité, mais au fil du temps, c’est l’aspect technique qui a prévalu. Cela ne veut pas dire que je n’apprécie pas ce type de groupes. J’adore Watchtower et les gars de Canvas Solaris sont simplement incroyables, même  quand ils jouaient du death metal. Nous n’avons pas écrit une musique étrange par envie d’être juste étranges, tout comme nous n’avons pas ressenti le besoin de shredder sur cet album. Nous laissons les chansons se former et quand une partie technique est requise, nous ne la refusons pas. Mais c’est bien l’écriture des morceaux qui a été notre objectif principal. Je pense que nous avons réussi à rassembler tous ces éléments en un tout cohérent et appréciable. Je ne crois pas que cet album puisse plaire uniquement à des auditeurs ouverts d’esprit. Jusqu’à présent, le feedback que nous avons reçu indique que l’album peut être aimé ou détesté para n’importe qui. Par chance, il n’y a pas de moyen terme, ce qui en général signifie l’indifférence. Peut-être que les fans de black metal sont plus ouvert à cette sorte de musique du fait des récentes percées prog de Nachtmystium ou Angst Skvadron (RIP). Curieusement, les fans de prog rechignent plus au changement et n’aiment pas qu’on modifie leur genre. Mais je ne peux pas dire que j’ai vu un profil type chez nos auditeurs. Il y a peut-être ceux qui apprécient le plus tout ce qui est avant-garde, etc. Je devrais analyser un peu plus les stats de Last FM, tu ne crois pas ?

Winter :  Il semble que, dans le but de créer une atmosphère « black », un nombre croissant de groupes n’utilisent pas la violence musicale du black ou death metal traditionnels. Des groupes comme Ghost ou Ancient VVisdom paraissent trouver des manières alternatives pour être « evil », en revenant à la musique des 70s et des 80s. As-tu également cette sensation que quelque chose est en train de changer ?

Theo :  Je déteste utiliser le mot maturité mais c’est peut-être bien le mot qui convient. Je n’en suis pas complètement sûr, ceci dit. Je pense que cela a à voir avec le fait que, dû à l’égocentrisme et l’auto-complaisance ambiants, le prog a été proscrit à la fin des 90s et au début des années 2000. De la même manière que le metal traditionnel et le rock étaient bannis à cette époque, et si une personne jouait ce genre de musique, il était automatiquement considéré comme un ringard et un troglodyte. Nous sommes donc arrivés à une situation de radicalisation musicale. Mais je pense que nous sommes maintenant saturés d’extrêmisme musical et les gens ont commencé à redécouvrir et apprécier la scène prog-rock des 70s. Ce qui est peut-être en train de changer est le fait que les groupes commencent à mettre du sens dans leur musique au lieu de créer des murs de sons dur à distinguer, qui ne servent aucun objectif. Il y a des groupes qui font ça bien, mais on peur les compter sur les doigts de la main. Ghost est un bon exemple, tout comme The Devil’s Blood ou Jex Thoth. Quant à Ancient VVisdom, eh bien… je n’arrive pas à accrocher, ni à les prendre au sérieux. Ils ressemblent trop à Nickelback. En même temps, ils ont l’air d’être à fond, donc je ne sais pas trop quoi penser. Ce qui est sûr, c’est que je n’arrive pas à les prendre au sérieux.

Winter :  Apprécies-tu également le metal traditionnel ? As-tu des groupes préférés ? Aimes-tu les groupes de « prog metal » comme Opeth ou Dream Theater ?

Theo : J’aime vraiment le power metal US. Des groupes comme Sanctuary, Helstar, Jag Panzer, Riot, Crimson Glory et ok je vais m’arrêter parce que si je commence, je ne peux pas m’arrêter…  Sinon, je ne vois pas Opeth comme un groupe de prog metal traditionnel. Ils ont évolué à chaque sortie mais ils ont toujours maintenu leur côté extrême. Jusqu’au dernier album en tout cas, mais on ne peur pas les qualifier de traditionnel. En ce qui concerne Dream Theater, j’ai perdu le fil après Train of Thought. Queensryche fait partie de mes groupes prog préférés, A Promised Land étant mon album favori. Symhpony X est un autre super groupe de metal traditionnel et leur album V est un vrai chef-d’œuvre. Je suis également un fan de la scène neo-prog, tout spécialement de groupes comme Arena. Il y a un paquet de trucs à découvrir dans ce genre.

Winter :  Envisagez-vous de jouez sur scène avec HSN ou est-ce juste un projet studio ?

Theo : Comme je l’ai dit avant, nous essayons de composer un line-up. Nous n’en sommes qu’au début, mais nous nous assurerons que l’Esprit Noir puisse fouler les scènes. Nous cherchons également des créneaux qui nous conviennent sur plusieurs tournées. Nous avons vraiment envie de jouer ces titres live. Je pense que cela va être une super expérience.

Winter :  Avez-vous des croyances spirituelles? HSN est-il un moyen de faire passer un message ?

Theo : Haris est athée jusqu’à la moëlle et un grand fan de Richard Dawkins. Je suis également un fan de Dawkins, mais je crois plus en l’individualisme. Ce n’est pas exactement comme être athée mais c’en est assez proche. Nous pensons tous les deux qu’il est ridicule de mettre ton futur entre les mains d’une religion sans aucun effort de ta part. Avec HSN nous n’avons cependant pas l’intention de prédiquer quoi que ce soit. Il n’y a pas de message caché entre les lignes. Il s’agit surtout de notre observation de la dualité entre l’esprit humain et la manière avec laquelle, même si certaines choses peuvent commencer avec des intentions louables, l’homme cherche toujours à satisfaire ses propres besoins, ce qui n’est pas condamnable en soi. Mais le problème est qu’il le fait sans se soucier du fait qu’il puisse blesser et influencer les gens autour de lui. Cette espèce d’égoïsme et de ténèbres constantes dans l’âme humaine est l’esprit noir. Nous le décrivons à travers de petites histoires comme celle de "Haire Pneuma Skoteino" qui est assez personnelle.
Merci beaucoup pour cette interview. Cherchez dans tous les recoins et les ombres de votre cerveau l’esprit noir. C’est là qu’il réside.
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