Mass Hysteria

Entretien avec Mouss, Yann, Nico, Stéphan & Raphaël - le 01 juin 2011

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Sebrouxx

Une interview de




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Mois de juin chargé pour les Mass Hysteria, au grand complet en ce 1er mercredi de juin. A quinze jours de la sortie de leur premier DVD live et du documentaire tant attendu qui leur est consacré, la tension n'est pour l'instant pas à l'ordre du jour. Dans une ambiance bien décontractée, autour de quelques bières Bio récupérées en quatrième vitesse à l'épicerie d'en face, les cinq membres du groupe de sont montrés aimables à souhait.  Une heure pour aborder le DVD, le documentaire, le Sonisphère, les potes de la scène française, l'entourage passé et le prochain album.

Sebrouxx : Messieurs, bonjour. On va abréger les présentations cette fois d’autant que sort un documentaire qui le fait très bien pour vous. C’est d’ailleurs, entre autres, ce qui nous amène ici : la sortie le 14 juin de votre premier DVD Live. Enfin, DVD seul, CD+DVD… etc Est-ce que vous ressentez les mêmes choses pour qu’à l’occasion de la sortie d’un nouvel album studio ou est-ce totalement différent ?

Yann (Heurtaux, guitare) : Pour moi, hein, c’est l’un des produits de toute ma carrière dont je suis le plus fier.  Un album, il faut que ce soit parfait. Là on s’est vraiment, comment dire, on s’est impliqué dans ce truc à fond. Le live, c’est très bien mais le docu, j’avais vraiment envie que ce soit chant-mé et c’est opération réussie ! Je suis vraiment très fier de ce produit, puis on a essayé de faire un beau packaging.

Raphaël (Mercier, batterie) : Mais je pense que tu as moins d’appréhension que lorsque tu sors de nouveaux morceaux. Pour un live, on connaît les titres, donc ceux qui vont l’acheter ne devraient pas être déçus. Je trouve qu’il y a même des versions qui sonnent mieux que sur les albums. Enfin je parle pour moi, hein ! C’est moins flippant de sortir ça que de sortir un nouvel album où tout le monde t’attend au tournant.

Stéphan (Jaquet, basse) : Ouais mais on nous attend aussi vachement au tournant. Regarde, on nous attend tellement sur scène. Il fallait donc que le niveau du live DVD soit à la hauteur de ce que les gens ont pu voir en concert et peuvent espérer revoir en DVD. Si, quand même, y a un peu de flippe !

Mouss (Kelaï, chant) : Et puis on s’est bien chié dessus le soir avant le début du concert, attends !

Nicolas (Sarrouy, guitare) : On n’avait pas le droit à l’erreur : c’était one-shot. Une captation. Un concert. Point barre.

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Sebrouxx : Et dans des conditions dantesques entre le mauvais temps et les problèmes logistiques qui en découlaient (NDLA: rappel des faits ici)!

Stephan : On ne savait même pas si on allait pouvoir partir.

Yann : Le soir même, jusqu’à minuit, on avait le tour-bus qui était garé Porte de Montreuil et on ne savait pas si on partirait. L’équipe de tournage a été bloquée cinq heures. A un moment donné, ils nous ont appelé pour nous dire : « Allez, on rentre! » Et en fait ils se sont arrêtés, ils ont dormi deux heures et ils sont repartis. Ils sont arrivés, ils n’ont presque pas dormi. On n’a pas pu faire les répêt’ des caméras parce que, pareil : dans la semaine, ils ont été bloqués. Tous ces trucs, les gens ne le savent pas mais au final le résultat est plutôt…

Raphaël (coupe) : … plutôt pas trop mal !

Sebrouxx : C’est une première manière de le vendre. Et comme vous n’avez, je cite, « jamais eu à vendre votre came chez Jacques Martin ou au Top 50 », je vous laisse quelques secondes pour trouver un slogan, un jingle pub radio, tout ce que vous voulez pour revendre le produit ! Allez brainstorming hystérique !

Raphaël : Heureusement que tu n’enregistres pas avec de la bande, hein…

Mouss : Tu veux quoi ?  Un slogan, une pub ? Tu sais c’est pas notre boulot

Sebrouxx : C’est bien pour cela que je vous le demande. Allez un petit effort. Tic-Tac-Tic-Tac…. (ad lib)

Yann : Comment décrire le DVD ?

Raphaël : Authentique ?

Stéphan : « Mass Hysteria / Tu ne tromperas pas »

Nico : OK. Toi, tu pourrais bosser à Carrefour.

Yann : Sans te trouver un slogan, je parlerais de sincérité, d’authenticité et de franchise. Et du fait qu’on soit là depuis tant d’années sans les gros média pour arriver à mettre ça en deux, trois mots.

Sebrouxx : J’abrège vos souffrances. Je vous propose le mien ?

Mouss : Ouais tiens !

Sebrouxx : Bon, à trois heures du matin, après un live à Bercy, et le visionnage de votre documentaire à deux reprise : « Hystérique / Hystorique : le 1er DVD à la Mass ! »

Mass : Ah ouais, pas mal effectivement. C’est bien, même ! Comme quoi, c’est un métier…

Sebrouxx : … et ce n’est pas le mien. Alors on va passer à autre chose maintenant que je me suis bien foutu la honte. On va commencer par le DVD qui comprend donc, le live de Toulouse en décembre dernier de la tournée Failles, le documentaire de 66 minutes…

Raphaël : 66 minutes pour être raccord avec un chaîne de télé, hein !

Sebrouxx : Ou 6-6-6, ze number of ce que tout le monde sait!

Raphaël : Ah ouais, tiens (rires)

Sebrouxx : Donc le live, le docu et deux bonus archives live de 1999 et 2007. Mettez-vous à la place du mec qui vient de l’acheter ou de le recevoir ? Il visionne le tout dans quel ordre, ou du moins il commence par quoi ?

Raphaël : Et bien il commence par le live.

Stéphan : On parle de ça à la base. Et c’est un groupe de musique. Donc tu prends la musique et ensuite tu prends l’histoire. Et donc après la zik, tu files voir le donc pour te dire : « C’est qui, ces mecs ? »

Yann : Oui, dans l’ordreil faut, je pense, regarder le live en premier.

Mouss : Après, ceux qui nous connaissent vraiment bien, qui nous ont déjà vu plusieurs fois en live, ils vont aller direct sur le documentaire. Ils vont se dire que le live, il est mortel, y’a pas de souci, comme d’hab’. Donc direct le docu. Même moi, ça m’a bluffé !

Raphaël : Y a des trucs, quand tu les revois, tu hallucines.

Mouss : Tu revois des interviews de dix avant, puis de dix ans après, tu dis exactement les mêmes choses avec la même conviction.

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Sebrouxx : D’ailleurs pourquoi ne pas avoir intégré le making-of de Failles -chronique ici- dans le corps même du documentaire et d’avoir décidé d’en faire un bonus à part ?

Yann : Il avait été fait avant, pendant justement l’enregistrement de Failles il y a deux ans. Ce n’était pas filmé avec les mêmes caméras.

Raphaël : L’histoire, c’est aussi que pour le documentaire, on a laissé Julien (NDLR : Metternich, réalisateur) faire ce qu’il voulait. On n’a pas vu une image, enfin moi je n’ai pas vu une image, avant de recevoir la copie.

Yann : Moi, j’ai vu le film hier.

Raphaël : On l’a laissé faire son film, son histoire, sa façon de voir Mass. On s’est occupé de la partie live, on a tout refait en studio…

Mass (rires)

Sebrouxx : Mouss auto-tune, le reste en overdubs ?

Raphaël (rires) : Non, y en a pas ! Et Julien, on l’a laisse faire son film, sa vision de Mass Hysteria. Je ne sais plus pourquoi je te disais ça ?!

Yann : Moi non plus (rires) !

Sebrouxx : Au fait de ne pas avoir intégrer la production de Failles dans le documentaire. Il n'appartient pas au quinze années de Furia?

Raphaël : Ah oui. C’est lui qui a choisi de le mettre à part.

Mouss : Mais tu as raison de le dire et de poser la question parce que, moi, ça m’a frustré. Il manque juste un petit truc sur la partie Failles.

Raphaël : C’est vrai que tu t’attends à la suite.

Yann : Je l’ai eu au téléphone et normalement il y avait dix minutes de plus, mais il n’a pas pu et il n’a pas eu le temps.

Raphaël : Et bien il y aura dix minutes de plus dans la version über-collector Blu-Ray !

Sebrouxx : … qui n’est pas prévue comme Mouss, Nico et Stéphan me l’avaient dit lors de notre dernier entretien. A moins qu’il y ai du nouveau de ce côté-là ?

Yann et Raphaël (à l’unisson) : Non, pas de Blu-ray pour l’instant.

Sebrouxx : Dommage. Vu que le DVD seul et le DVD+CD sont actuellement au même prix (NDLA : 15,99 euros dans toutes les bonnes crèmeries), on aurait bien pris le Blu-ray pour la même somme.

Raphaël : Tu charries un peu là !

Sebrouxx : Plus sérieusement, le documentaire se divise clairement entre plusieurs parties : le fun des débuts, l’apparente sérénité actuelle liée à l’expérience et le quart d’heure/vingt minutes plus intimiste, plus introspectif où vous revenez sur sur des moments galères tant concernant le groupe que concernant vos trajectoires individuelles. Etait-ce pénible en 2010/2011 de revenir sur ces moments, comment dirais-je, un peu pénibles, voire douloureux ?

Mouss (après un non collectif) : Non, dans le sens où l’on s’en est sorti de cette période.

Yann : On l’a vécue, on s’en rappelle même tous en rigolant.

Stéphan : Ce n’est pas quelque chose que l’on a enfouie de notre côté et on n’a pas profité de la caméra pour en parler. C’est des choses dont on a parlées, des choix musicaux qu’on a faits, des choix de tournée qu’on a faits qui se sont avérés ne pas être réellement les meilleurs.

Mouss : Ouais. On était un peu paumés, on s’est laissé aller. Mais y a pas de traumatisme de cette période-là. Comme te le dit Yann, on en reparle avec le sourire.

Sebrouxx : Vous êtes même, dans le documentaire, les premiers à hurler que vous n’avez pas besoin de psychiatre.

Mouss : On avait surtout besoin d’une auto-analyse.

Sebrouxx : Mass Hysteria ne s’est jamais offert les services d’un professionnel comme Metallica avec Some Kind of Monster. A 10 000 dollars la séance.

Raphaël : A ce prix-là, on n’aurait pas pu.

Sebrouxx : C’est sûr que même avec la Sécurité Sociale et une bonne mutuelle, ça ne va pas chercher bien loin. Toi, Nicolas qui n’était pas encore membre de Mass alors, comment as-tu perçu cette partie du documentaire et les éclairages des deux guitaristes qui t'ont précédé?

Nico : J’ai trouvé ça sincère. Dans le ton. Et intéressant parce qu’au début je ne savais pas. Pour résumer : honnête et juste. C’est bien de pouvoir se remettre en question, et de pouvoir le dire quand ça ne va pas.

Yann : Je le répète encore parce que je ne sais plus si on le dit vraiment dans le docu. Pour moi, la production de ce disque (NDLA : allusion à l’Album Noir) y est pour beaucoup car s’il avait été hyper puissant, ça aurait marché. Les enregistrements étaient hyper bons.

Mouss : Moi, je ne suis pas allé au mix. Y en a deux/trois qui y sont allés. Mais quand t’es dedans, t’es plus objectif, t’écoutes le truc, tu te dis : « Ouais, ouais ! C’est cool ! » Mais en fait tu ne sais plus trop. Je recevais les trucs chez moi, et je me disais : « Ca ne sonne pas. » Et on me disait :« Ouais, c’est du .mp3… »

Stéphan : …et au final, .mp3 ou pas, c’est de la merde.

Mouss : Au final le son, quand tu le mets sur une boîte, bein… C’est arrivé je ne sais plus où. Tu avais Marilyn Manson, puis derrière t’as cet Album Noir qui passe avec je ne sais plus quel morceau. Et le son -vas-y- il descend de 10 db. Un truc de ouf. Maintenant je connais plein de gens, des potes qui m’en ont parlé et attendaient tous le Mass. C’est Steeve de Zuul FX qui m’en a parlé. Il l’avait acheté et l’avait mis dans le camion… et ça a fait peur à tout le monde. (rire général). Bein, ouais : y avait pas de son.

Yann : Puis les gens ont mal compris. Ils pensaient qu’on voulait faire de la pop pour …(hésite)

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Sebrouxx : Passer sur les grandes radios, capter de plus gros médias.

Yann : Ouais. Alors qu’on s’était juste planté de producteur.

Raphaël (lève le doigt) : Moi, si je peux juste…

Sebrouxx : Super polis, les mecs de Mass.

Raphaël : Ce que je voulais dire par rapport à ce que je dis dans le documentaire quand je balance que je ne veux plus rien jouer de cet album. Maintenant, je l’ai réécouté et en fait il est très bien cet album. J’aurai presque envie d’en rejouer. J’ai même envie d’en rejouer au moins quatre morceaux. Mais en voyant le documentaire… En général, tu sais, quand tu enregistres un album, quand l’album il est fait,  quand tu pars en tournée, l’album, je ne l’écoute plus. Je ne l’écoute pas. J’ai pas envie me lever le matin et de me dire : « Tiens, je vais écouter mon groupe. »

Stéphan : L’album, tu l’écoutes une fois que tu l’as reçu, une fois qu’il est masterisé. Après, tu pars sur la route.

Raphaël : Et là, j’ai réécouté tout Mass. Et je me dis : « C’est bien. Tu peux écouter ça chez toi maintenant ! C’est comme un vrai groupe. »

Sebrouxx : Un vrai groupe avec un vrai public même -hum- si vous l’évoquez étrangement à un moment dans le documentaire. Moment qui met un peu mal à l'aise, si vous permettez, quand vous sortez de scène et que vous trouvez que ce n’est plus le public agité de Mass… mais celui de Muse.

Mouss: C’est pendant cette tournée Europe 2. Ouais, j’ai dérushé un peu. Il y avait du monde, hein, sauf pendant la première date. Le reste de la tournée, ouais, je crois que c’était une bonne tournée.

Raphaël (à Mouss et Yann) : L’image où vous sortez de scène, c’est à Lyon.

Mouss : Non, Marseille.

Raphaël : Ouais, Marseille. Il y a 300 personnes qui ne sont pas du tout dedans. Alors que l’année d’avant, dans la même salle, on avait fait 1200.  Enfin plutôt trois ans avant (NDLA : pour la tournée De Cercle en Cercle).

Mouss : Ouais, c’est là. C’est que là, ce n’était plus notre notre public. Les fous qui étaient là trois ans avant, sur cette tournée-là, ils n’étaient pas là. Mais sur les deux derniers albums, ils sont clairement revenus.

Sebrouxx : Chapeau de l’avoir sorti car la plupart des groupes, et des réalisateurs, ne l’auraient pas sorti. D’autant que sur et pour un premier documentaire, c’est un peu casse-gueule.

Yann : Ouais.

Sebrouxx : Imagine le mec devant sa télé qui a répondu présent à cette date, payé pour cette tournée, il se demande pour qui vous vous êtes pris.

Stéphan : Mate l’affiche. Europe 2 est marqué deux fois plus gros que Mass Hysteria. Je suis un fan de Mass Hysteria, j’en ai rien à foutre d’Europe 2. 

Yann : Et même quand on a fait l’Olympia, y avait marqué: « Europe 2 - Campus Tour. » Je crois qu’on a gueulé pour qu’il y ait le noms des groupes. Mais bon, au fait, ça existe plus cette radio ?

Sebrouxx : C’est devenu Virgin Radio, je crois.

Stéphan : Soyons honnêtes. Je pense que par rapport à tout ce qu’on avait construit avant, tout ce qu’on avait vécu avant, tout ce qu’on avait véhiculé et alimenté de la scène, et avec un album qui était limite pop, et en plus on débarque avec Europe 2. Ca faisait trop. Trop.

Mouss : Europe 2, faut le dire, on l’a fait à l’époque pour faire plaisir à la maison de disques, à Wagram. On avait notre ancien tourneur qui était des rockers -Radical Production- et qui nous dit : « Les gars, vous êtes en train de vous planter. » Et nous, on se disait qu’on avait jamais écouté notre maison de disques et que là, on allait les écouter. On ne savait pas ce que ça pouvait donner. Et ils (NDLA : Radical Prod, donc) avaient raison.

Raphaël : Putain, ouais !

Mouss : Du coup, on a grillé plein de grosses villes avec cette affiche. En plus on jouait, quoi, à peine une heure?!
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Sebrouxx : Comme en configuration gros festival classique, en fait…

Mouss : Et y a des gens par rapport au prix de l’entrée, par rapport à l’affiche par rapport à nous, par rapport à l’afficheur, par rapport à tout ça, qui se sont dit : « Ah là non, c’est pas possible. Ca ne rentre plus dans mes cases. »

Sebrouxx : Nico, en tant que spectateur, tu as assisté à une date de cette tournée.

Nico : (pas de réponse, ne semble pas être sûr de son coup).

Sebrouxx : Est-ce une époque qui a conduit à des changements côté du line-up, où vous avez eu le sentiment d’avoir un peu pris la grosse tête ou du moins d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre ?

Mouss : Non, tu sais, on voulait juste essayer.

Sebrouxx : C’est juste de l’expérimentation.

Stéphan : On n’est pas arrivé avec les mèches sur le côté. (arrêt et silence général). On n’a pas trahi notre musique pour aller sur Europe 2. C’est Europe 2 qui nous a proposé de venir avec l’album qui était déjà fait. On ne s’est pas moulé sur un prototype, un style de musique pour participer à ce festival. C’est juste que…

Raphaël : ...qu’on est trompé ! 

Mouss : Puis c’était pas simplement pour vendre parce que ça ne nous a rien rapporté de plus, surtout pas niveau argent. Et niveau image, c’était désastreux.

Stéphan : On a fait des premières parties d’Evanescence dans le style. On va voir le public qui ne serait pas amené à nous voir et à venir nous voir si on joue dans leur ville. On a proposé et on a fait des premières parties. Pour moi, ça, c’est constructif. Europe 2, c’était pas du tout constructif. Y a des moments, tu te dis que tu vas jouer avec Evanescence alors qu'il n'y a que des enfants, ou quasiment des enfants qui viennent avec leurs parents. Oui, mais tu vas leur proposer TA musique parce qu’ils ne seraient jamais venus tous seuls. Et encore moins des enfants de 14 ans. Là, ça va : t’es venu proposer TA musique. Ca, c’est carrément autre chose. Moi, je trouve que c’est beaucoup plus bénéfique pour nous d’aller faire ce genre d’expériences que d’aller sur ce festival dont on va arrêter de parler.

Sebrouxx : D’autant que ce serait bien d’en arriver aux moments les plus fun du documentaire, à commencer par cette générosité un peu candide, gentil bad-boy de vos débuts. L’archive interview MCM est excellente. Franchement et pour un premier doc, est-ce émouvant de se revoir 15 ans avant ?

Mouss : Ah ouais. 

Sebrouxx : Les premières promos, comme celle de MCM justement, était-ce difficile à l’époque.

Mouss : Non, tu vois. On était là avec notre fraîcheur, notre candeur, un peu les défauts de notre jeunesse.

Yann : On avait peut-être presque envie de parler de trop de trucs alors qu’on avait rien à dire. Entre guillemets “peut-être.”

Raphaël : On était peut-être plus maladroits que maintenant. Mais c’était sincère.

Stéphan : Des fois, y’en avait un qui parle et quand tu vois le regard des collègues derrière…

Raphaël : Après tu sais, il y a des mecs qui ont des conseillers en communication. On nous en a parlé à l’époque, mais non.

Sebrouxx : Si c’est pour perdre en spontanéité, il n'y a pas grand monde dans votre fanbase qui va y croire. Et si vous commenciez à avoir une image publique trop différente de celle que vous offrez live, idem : c’est vite casse-gueule.

Raphaël : Exactement.

Photo_masshysteria_2011_5_378h_300w Yann : Je me rappelle que Wagram voulait nous faire faire ça pour un making-of. Comme dans les making-of de film : « Oh là, là, ce mec, le réalisateur du film est extraordinaire. »

Stéphan : Et même Patricia (NDLA : Bonnetaud, ancienne responsable du label Yelen Musiques, désormais en charge de Ladilafé Productions) le voulait à l’époque. Si, si, si, si !

Mouss : A la limite, tu fais ça si tu vas sur des gros trucs télévisés.

Yann : Genre tu vas chez Ruquier. Vaut mieux être blindé.

Mouss : Et encore, tu prends des cours pour connaître des codes, des interviews télé grand public. Pour parler peu mais dire les choses bien, quitte à préparer l’interview. On ne prépare jamais les interviews. Mais ouais, pourquoi pas une fois ou deux sur de gros trucs. Peut-être. Et encore.


Sebrouxx : D’autant que beaucoup de personnes ont l’idée (fausse selon moi, mais ce n’est que mon opinion, pas parole d’Evangile) que tu es le leader naturel de Mass. Tu en as conscience ? Parce que le documentaire montre honnêtement le contraire.

Mouss : C’est une idée fausse.

Raphaël (reprenant une tagline du sketch des Inconnus, “Negra Bouchebeat”) : « Y’a pas d’leader hein, c’est un état d’esprit. »

Sebrouxx : Je l’attendais celle-là, hein. Vachement beaucoup même.

Mouss : S’il y avait un leader dans Mass Hysteria, le seul qui a changé, c’est Nico. C’est le guitariste. Maintenant s’il y avait un leader dans Mass, je crois qu’aujourd’hui il ne resterait plus de leader et les autres auraient été changés depuis longtemps. On ne marche pas du tout comme ça. C’est toujours un déchirement, et ça a toujours été un déchirement de se séparer d’un membre.

Yann : Chacun a un gros rôle, je pense. Maintenant je me vois mal faire Mass sans Mouss parce que sur scène, on le voit constamment. Je regardais le documentaire et je me faisais la réflexion : à notre premier gros concert à Rennes (NDLA : Aux Transmusicales de 1996), j’avais l’impression qu’il était aux Eurockéennes.

Raphaël : C’est clair, ça le fait net.

Yann : Il avait déjà ce truc. Tu avais l’impression qu’il faisait des concerts depuis dix ans. C’était fou. C’était incroyable. On a tous un rôle hyper important dans le groupe.

Mouss : Mais je vais te dire pourquoi : je faisais carrément dans mon froc avant cette date-là ! Et avec Erwan, le guitariste à l’époque, on avait joué la veille des Transmusicales en secret dans le bar…

Stéphan : A la radio, là ?

Mouss : Non, non même pas. C'était après ça. On avait fait un concert à la Trinquette la veille. Si, si si, si. Vous ne vous rappelez pas de ça ? Pascal (NDLA : Jeannet, ancien responsable des Machines du groupe) avait dit :« Si, faut le faire ». Et moi, je lui disais : « Mais non parce que la programmation des Transmusicales va nous déchirer. » Vous ne vous rappelez pas de ça ?

Raphaël : Je me rappelle d’avoir fait deux fois la Trinquette.

Mouss : Et moi, je me disais avant de rentrer sur scène : « T’as fait comment hier pendant que t’étais sur scène ? Tu sautais partout ! Fais pareil Fais Pareil ! Fais comme si t’étais dans le bar ce soir : c’est ça que les gens sont venus voir! Va pas te changer parce que y a vingt fois plus de monde que la veille dans un bar ! »

Stéphan : Ca faisait bizarre parce que sur scène, ton pote, il était vachement plus loin que d’habitude. C'était plus la salle rikiki comme celle où tu joues quand tu répètes. Même des fois beaucoup plus petit que l’espace où tu répètes. Et là, ton copain, il est loooooin ! Et moi, c’est le premier truc qui me revient. Mais ils sont loin mes copains, il sont loiiin.

Raphaël : Moi, c’était l’enfer parce que ce n’était pas des ear-monitors (NDLA : écouteurs intra-auriculaires faisant office de retours de scène personnalisés) ! C’était des gros casques à la place qui t’isolait complètement : tu n’entendais que ton clic et les machines. Du coup, je ne savais pas ce que faisaient les autres. On lançait les séquences et il ne fallait pas que ça plante.

Mouss : Puis on jouait en premier.

Yann : Ouais, ouais, on ouvrait.

Raphaël : Y avait ensuite Screaming Trees avec un certain Joshua Homme à la guitare ce soir-là…

Mouss : A l’époque.

Raphaël : Et ouais, déjà à la guitare.

Sebrouxx : Pour en revenir au DVD, un autre sujet n’est pas en revanche pas trop abordé. Je vais allusion à la facette politique, aux textes contestataires qui ont aussi construit votre réputation. Etait-ce un domaine que vous ne souhaitiez pas de toute façon pas voir abordé ? A mon humble avis, il en aurait été tout autrement si vous aviez sorti votre documentaire il y a dix ans.

Mouss : Oui, oui. On est engagé comme n’importe quel -j’espère- citoyen qui va voter parce qu’il a le droit de vote.  Y a des gens qui sont morts pour ce droit de vote. Pour moi, le respect, c’est d’aller voter même si tu votes blanc. C’est un peu la base de notre truc. Et après, on est engagé parce qu’on n'est pas aveugle à ce qui se passe autour de nous. On a des gens proches de nous qui sont dans la merde, qui sont dans la mouise, qui sont surendettés, qui ont des crédits de ouf. Et t’en as qui triment, de petit boulot en petit boulot. Après, on a d’autres potes qui sont beaucoup plus aisés, qui sont blindés de thune. Mais on est comme ça parce que c’est notre quotidien. On sait ce que c’est d’être dans la merde, de voir des gens dans la merde et on est au courant de l’état socio-économique de France. On est conscient mais on n’en fait pas un drapeau. On ne fera pas une pochette dans le genre. On ne fait pas du rock militant. Pas du tout. C’est juste que dans nos paroles des fois transpirent une idée, une envie, un avis, un point de vue politique ou sur l état général de la politique. Ou sur un événement bien particulier. Quand on ne se bat pas manu militari, enfin on s’est battu manu militari avec un député dans le sud.

Yann : Mais je ne crois pas qu’on soit autant engagé que ce que les gens pensent.

Sebrouxx : Et le documentaire en atteste à sa manière.

Yann : On n’a pas l’engagement d’un No One ( NDLA : le groupe No One is Innocent, pour ceux qui dorment derrière) par exemple.

Raphaël : Et plus le temps passe…

Stéphan : Je pense qu’on ne fait pas de la musique pour balancer ce genre de trucs.

Yann : Puis, pas envie de faire la morale tout simplement !

Stéphan : Maintenant il y a assez d’informations pour que chacun se tienne au courant personnellement. L’info, effectivement, il faut qu’elle soit relayée par ton entourage. Comment te dire ? J’aime bien Marianne (NDLA : hebdomadaire politico-cultuel fondé par Jean-François Kahn et Maurice Szafran.) Mais Marianne, je le lis chez moi pas quand je suis à un concert. J’ai pas envie de me taper un groupe de rock qui me chante les articles de Marianne, et le résumé de la semaine des catastrophes dans le monde.

Raphaël (en mode slogan) : « Et si t’as envie de flipper / Allume i-Télé. » Non mais, c’est vrai. Tu mattes ça, tous les jours et t’as pas besoin en plus de te le taper pendant un concert.

Sebrouxx : Ou sur un documentaire.
 

Mouss : On est plus engagé sur l’éveil des gens, dans le sens qu’ils aient le déclic de ce qui se passe et d’agir en fonction. Je ne sais pas : intégrer une asso, faire quelque chose ta vie qui t’offre une dimension supplémentaire par rapport au lambda.

Stéphan : On fait ça à notre échelle personnelle.

Mouss : Ce côté engagé fait partie de nous, on en est conscient. Mais Mass Hysteria ne sert pas à ça. On n’est pas là pour faire du prêchi-prêcha. On peut intégrer ça mais c’est juste UNE donnée. C’est pas ce qui fait Mass Hysteria.

Sebrouxx : Par contre, côté politique des Majors, là sur le documentaire, vous n’hésitez pas à coller la double-ration. Y en a quelques-uns qui, s’ils voient votre DVD, vont sûrement se dire : « Ah ouais, j’ai fait ça avec Mass ! »”

Raphaël : Je peux te dire qu’il n’y a pas tout  en plus ! Moi, je me rappelle bien l’épisode EMI, bien en détails.

Mouss : Ce qui n’a pas été dit sur EMI, concernant le mec qui voulait qu’on lui fasse douze morceaux qui sonnent comme “Respect (to the Dancefloor)”. Douze rock disco qu’il voulait. Nous, on lui dit : « Non, non, nous, on est intègre. On fera jamais ça ! » Le mec, il te dit : « Oooh, les gars, c’est quoi aujourd’hui l’intégrité ? » Mais vraiment. Il te dit que l’intégrité, ça ne sert à rien : si tu veux vendre des disques, l’intégrité, c’est pas ça qui va t’aider. Du coup, tout le monde s’est écrasé et il ne restait plus que nos managers qui parlaient et il était presque midi. On s’est dit : « Bon, il va nous inviter au resto. »

Raphaël : On pensait qu’on allait bien bouffer aussi.

Yann : On est sorti du bureau pour aller au resto et c’était une pizzeria.

Mouss : Le Directeur Artistique nous travaillait depuis six mois, il était dégoûté : il savait qu’il nous aurait pas. Le D.A.,  il était cool. S’il y avait eu que lui… Je me souvient du gars : Didier Vilain.

Raphaël : Non, François. François Vilain.

Sebrouxx : François Vilain si tu nous écoutes…

Raphaël : Si tu es encore là…

Mouss : ...merci d’avoir cru en nous, toi !

Raphaël : Son boss, c’était juste la caricature du mec que tu veux pas rencontrer la première fois que tu vas dans une maison de disques. Quand t’es dans ton coin, tu te dis : « Ouais, je ne ferai jamais, je ne ferai jamais ça. »  Et là, t’as le mec qui arrive, qui te sort ça. Vraiment, c’est vraiment comme ça !

Mouss : Là on savait que c’était sûr : c’était pas là-bas qu’on allait aller. Ou alors si on y allait… en fait y a pas d’alternative. Soit tu y vas pour baisser ton froc, soit t’y vas pas. Mais c’était rigolo. Et moi, j’avais en tête le morceau des Sex Pistols, “EMI” (NDLA : dernier morceau de l’album Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols). Je me disais quand même que putain, ça écorche un peu. Rien pour ça, c’était pas possible. EMI, à la base, ça ne faisait pas plaisir. Mais il fallait quand même y aller.
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Sebrouxx : Dans le doc, les Sex Pistols n’interviennent pas mais en revanche quelques copains/amis/confrères/collègues/ex-membres du groupe et de son entourage sont passés dire un mot. On ne va pas tous les citer mais étiez-vous au courant de leur présence ou avez-vous seulement découvert à la première vision du DVD ?

Yann : Ouais, on avait donné une liste.

Raphaël: Mais on ne savait pas ce qu’ils allaient dire.  

Mouss : Ce sont des personnes que, pour certaines, on n’a même pas revues depuis. Donc on ne savait pas ce qu’ils allaient dire sur nous. Mais on voulait, on désirait qu’ils viennent répondre à certaines questions s’ils avaient envie.

Sebrouxx : Leur présence donne aussi un éclairage un peu historique dans le sens où des formations comme No One Is Innoncent ou Lofofora ont commencé soit en même temps que vous, soit un peu avant.

Mouss : On a voulu qu’ils y soient parce qu’ils nous ont donné un coup de pouce. Ils étaient déjà en place. Ils avaient déjà le droit et le privilège d’inviter des groupes en première partie.

Yann : Ce sont deux groupes qui nous ont invité et on a tenu à ce qui y soient. On s’apprécie, on s’estime, on passe de bons moments.

Raphaël : D’ailleurs je crois que Reuno qui était à la dernière date à la Maroquinerie était vraiment content d’être là.

Mouss : Oui, y a ça aussi comme cette date à la Maroquinerie où on a voulu réunir tout le monde Reuno des Lofo, Kémar des No One, Black Bomb A, toute cette scène où l’on se suit depuis dix ans. On va aux mêmes festivals, on se suit, on s’apprécie vraiment. Je comprends comme tu dis (NDLA : à Raphaël) que Reuno était content de venir, parce que sur une dernière, y a comme une sorte de célébration du fait que t’es encore là. Et cette scène-là, qu’on représente avec Lofo et tous les groupes qu’on a cités, est encore là. Il y a une histoire qui se pérennise, on va dire. Ca fait quinze ans qu’on se connaît maintenant avec ces gens-là.

Sebrouxx : Et en dehors de cette scène-là, il y a aussi Stéphane Buriez (NDLA : chanteur-guitariste de Loudblast, un des groupes pionniers du Trash français) qui intervient.

Yann : J’ai un autographe de lui, datant de quand j’avais 14 ans. J’étais fan de Loudblast. Et un jour, on jouait à Dunkerque et on me dit : « Yann, y’a un mec qui veut te voir. »  Et là, je vois Buriez, j’étais super fan de lui. Il vient me voir et me dit : « Mec, je suis fan de ton groupe. Ca tue ! » En gros, c’est le monde à l’envers mais on s’est connu comme ça. Après, il y a  eu quelques soirées, on est devenu amis, on n’a jamais lâché l’affaire.

Raphaël : J’ai encore eu un message hier.

Yann : On joue au Sonisphère le 9 juillet. Je suis fier de jouer avec Metallica mais je suis d’autant plus fier de jouer avec Loudblast.

Raphaël : D’autant que leur dernier album, c’est vraiment grand.

Sebrouxx : En parlant de musiciens extérieurs, le documentaire montre l’espace de quelques instants une affiche sur laquelle apparaît pêle-mêle les noms de Mass Hysteria, la Ruda Salska. Jusqu’ici tout va bien…

Raphaël : Oui.

Sebrouxx : I Muvrini, Cesaria Evora, Barbara Hendricks et… James Brown. C’est encore jouable une telle affiche en 2011 ?

Raphaël : Je pense que d’un côté , il y a quelque chose d’hyper positif avec le Hellfest : on a enfin un festival purement Metal. Mais du coup, il n’y a plus de Metal dans les autres festivals. Je ne sais pas si tu as remarqué. Bon, y a Motörhead aux Eurockéennes. Il y a le Furia Fest Sound avec Converge et Apocalyptica.

Mouss : Mais les grosses têtes d’affiche, elles sont au Hellfest.

Raphaël : Et là, ce sera au Hellfest et au Sonisphère et pas autre part !

Sebrouxx : Quel est l’artiste le plus improbable auquel le nom du groupe a été associé sur une affiche de concert ou de festival ?

Mouss : Les Forbans !

Photo_masshysteria_2011_7_398h_300w Raphaël et Yann : Quoi ?

Mouss : Ouais, vous vous souvenez pas ? Ils jouaient après bous mais sur une autre scène.

Stéphan : Après, sur les affiches des festivals, ça dure deux/trois jours et t’as des trucs, ça joue le dimanche après-midi, c’est gratuit, open pour tout le monde. Je suis sûr qu’on a joué avec Yvette Horner. Enfin, pas loin en tout cas !

Yann : On a partagé l’affiche avec Ben Harper aux Eurockéennes et là, c’est pas l’artiste improbable.

Raphaël : C’est beau de voir Ben Harper danser sur le côté de la scène en nous regardant avec son percussionniste.

Stéphan : On a quand même joué entre Joe Cocker et Louise Attaque.


Raphaël : Aussi.

Mouss : Ouais respect. C’est pas mal quand même. Les personnes au premier rang étaient nombreuses…

Stéphan : … et les journalistes pas là !

Nico : Joey Starr et Justice aussi (NDLA : Aux Vieilles Charrues en 2007.)

Sebrouxx : En essayant de me remettre au milieu des années 90, dans ma jolie province, il est vrai que deux groupes nous faisaient bouger sans trop de problème. C’était l’époque où la Mano Negra venait juste de cesser ses activités…

Raphaël : …c’est vrai pour la Mano.

Sebrouxx : Ces deux groupes, c’était Mass Hysteria et Noir Désir. Tu aimais le rock au sens large du terme? Tu voulais consommer français et sortir fatigué de la salle? Uu étais sûr de ton coup. Et Ce sans manquer de respect aux autres, on est d’accord. Combien de mecs par ailleurs fan de Metal, de AC/DC, Maiden, Guns n’Roses, faisaient le déplacement pour Mass et Noir Dez’ sans se poser de question !

Stéphan : C’est plus aussi par rapport à la brutalité de notre son musique, de notre son.

Sebrouxx : Une question de groove aussi vous concernant, je pense. Il y avait toute la mouvance Rage Against The Machine, Red Hot Chili Peppers que la France a pris en pleine poire, certes un peu tardivement.

Stéphan : Oui, mais nous, on faisait trop de bruit.

Mouss : Attends. Je bloque pour Noir Désir. Bertrand Cantat, moi, je le trouve énorme. Et même le guitariste, j’oublie son nom à chaque fois…

Sebrouxx : Serge Teyssot-Gay.

Mouss : Je veux dire, Noir Dez' sur scène, ils n’avait pas besoin de deux guitaristes et des machines pour être rentre-dedans, rock. Je ne sais pas moi, le morceau Tostaky, c’est l’un des morceaux les plus violents, les plus intelligents du rock français. Mais vraiment ! Moi, ça me met une claque. C’est du rock vif, du rock à vif.

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Sebrouxx : Je remets le couvert, rétrospectivement, en me fiant à mes souvenirs, en repensant à ces longues discussions de potes d’avant-concert, d’après-concert. Vous tourniez avec Le Bien-être et la Paix, puis Contraddiction et De Cercle en Cercle. Noir Désir avec 666.667 Club et ensuite Des visages, des figures. Et nous on prenait plusieurs beignes par an, mais assurées avec le billet d’entrée. Et même si ça vous semble galvaudé, on prenait avec vous une beigne au même niveau que celle nous collait Noir Désir dans un autre registre.

Stéphan : Tu sais, nous, on a essayé d’intégrer un son américain. Eux, ils restaient dans leur truc.

Sebrouxx : Je te parle juste en tant que spectateur, pas du tout en termes de production.

Raphaël : Je me souviens d’articles, de référendum en 2001. Noir Désir, un. Et Mass Hysteria arrivait souvent deuxième. Tu sais, dans des classements de live de l’année. Mais merci, vraiment, c’est un beau compliment.

Mouss : Carrément. Je suis fana ! J’arrête là.

Raphaël (à Mouss) : Tu ne vas pas en dormir de la nuit !

Sebrouxx : Et justemet pour passsr au Live au Bikini, avez-vous un sentiment particulier à vous voir jouer, juste après avoir vous êtres vus dans le documentaire ?

Raphaël : Moi, je fais surtout attention à comment ça joue.

Yann : Je pense que sur ce live, on s’est plus impliqué mais on bouge plus d’habitude. D’ailleurs Julien (NDLA : le réalisateur) nous a dit qu’on n’avait pas bougé comme d’habitude. Mais bon, là, mec, t’es enregistré. Moi, si je fais des toupies comme d’habitude… On l’a fait quand même .

Nico : Puis c’est pas toujours possible de bien jouer quand tu bouges autant.

Sebrouxx : C’est aussi pour ça, Nico, que tu m’avait dit lors de notre dernière rencontre que tu ne voulais pas de caméra sur la guitare.Par crainte de planter quelques parties en raison du poids du dispositif.

Nico : Exactement.

Yann : Moi, à la base, je ne suis pas du tout fan de live vidéo. Mais là, celui-là, je l’ai quand même regardé.

Stéphan : Et moi, je déteste me regarder.

Sebrouxx : Stéphan, tu as un peu le sentiment de l’acteur qui ne voit jamais les films dans lesquels il joue.


Stéphan : C’est ça.

Sebrouxx : C’est l’image que l’on se renvoie ou tout simplement le fait de se dire : « Ouais, c’est bon, je connais mon rôle et je sais comment ça s’est tourné » ?

Stéphan : Les rares fois, où l’on se regarde, tu sais, bein on ne se regarde pas spécialement. C’est juste pour parler rapidement entre nous ou avec le gars de la lumière. On se filme en début de tournée, on l’a déjà fait de se regarder le soir après le concert dans une chambre d’hôtel. Hop, tu discutes avec le lighteux. Mais c’est pareil que là en DVD. En début de tournée, c’est juste une caméra en plan fixe, et jamais de grso plans sur nos gueules. Mais là de se voir aussi précisément, ça m’a fait vraiment flippé de la même façon qu’aux Eurockéennes. On allait faire des interviews, je traverse le terrain et on allait jouer. Enfin, c’était encore Burning Spear sur scène.

Mouss : Concert énorme en plus.

Stéphan : Ouais concert énorme, de folie. Donc j’arrête, je regarde le concert et là, je vois le bassiste qui se débrouille pas mal quand même. Et là, gros plan sur ses doigts en train de groover, avec le terrain qui vibrait. Et je me suis dit : « Ils vont pas me faire ça à moi quand même, hein ? Pas avec les écrans géants avec mes doigts en gros plan ? Ca va pas toi ? Sinon je vais me tourner ! » C’est gigantesque quand tu vois des trucs comme ça. C’est gigantesque.

Yann : En même temps, on a passé une époque entre Contraddiction et De Cercle en Cercle où on se regardait assez souvent pour le déplacement sur scène. Et je me rappelle qu’on avait fait un gros travail là-dessus et on ne l’a plus jamais refait parce qu’il ne fait pas non plus que ça devienne un chorégraphie. Mais c’était plus pour le déplacement sur scène parce que des fois on va tous être d’un côté, le reste de la scène fait vide. Ou si on ne bouge pas ensemble, y a moyen d’être plus percutants. Donc on a vraiment cherché ces petits ajustements pour être plus percutants.

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Sebrouxx : En parlant d’ajustement n’aviez-vous pas envisagé de faire, à l’occasion de cette date toulousaine, de proposer au public de composer en aval la setlist comme vous l’avez proposé lors de la dernière date à la Maroquinerie en avril ?


Raphaël (aux autres) : On ne l’avait jamais celle-là avant, non ?

Les autres : Comme à la Maroqu’, non !

Raphaël : Ca a été filmé, mais pas en entier.

Nico : C’est dommage d’ailleurs.

Yann : Julien, il était en plein documentaire, il a filmé tous les featurings. Mais il avait déjà de quoi faire, sinon il l’aurait ajouté dans le DVD.

Raphaël : La Maroquinerie, y a quand même des gens qui sont partis avant la fin parce que c’était juste intenable. On crevait de chaud. J’ai un pote qu’a tourné de l’œil, carrément.

Mouss : J’étais dans un état de fatigue à la fin

Stéphan : Ouais mais près de 2h30…

Raphaël : Surtout sans ventilation . Et il y avait eu la veille à Vauréal où il avait aussi fait très chaud.

Sebrouxx : Et le live est aussi disponible sur CD amputé de deux titres faute de place sur le disque, à savoir “P-4” et “Killing The Hype.” Comment avez-vous procédé pour sélectionner les deux morceaux à l’écart ?

Yann : Tout simplement sur “P-4”, on finit dans le public et y a quasiment plus de musique. A l’image, ça passe mais sur CD, le mec, il ne va pas pas comprendre. Et tout simplement “Killing The Hype”, c’est en regardant ce qui avait été le mieux joué ce soir-là.

Stéphan : Le “P-4”, si tu le mets dans la chaîne mais que t’as pas l’image, ça ne correspond pas à grand chose.

Nico : On aurait pu tricher : on l’a refait à la fin.

Stéphan : Ouais, c’est vrai : on l’a refait  à la fin…

Raphaël : … mais on a gardé la version punk.

Sebrouxx : Et comme on en parlait juste au début, cette fois, c’est votre second CD live. En êtes-vous plus satisfaits que du premier qui était plus contractuel qu’autre chose ?
Yann : On ne pensait pas qu’il sortirait celui-là.


Stéphan : On savait à peine qu’on était enregistré. Et entre l’enregistrer et le sortir, pour nous, il y avait une marge. On se disait :  « Fais tourner les bandes et on verra après! »

Yann : Je pensais qu’on mettrait simplement quelques titres de ce live en bonus du disque Contraddiction. C’est plus comme ça qu’on le voyait à l’époque. Mais pas sortir un live

Stéphan : T’en connais beaucoup, toi, des groupes qui sortent un live juste après avoir sorti leur premier album, franchement ?

Sebrouxx : Pour rester sur les sorties live, votre phoographe officiel, Eric Canto s’apprête à sortir un recueil de clichés réalisés tout au long de la tournée Failles. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur lui et nous rappeler les circonstances de votre affaire, d’autant qu’il a signé l’arwork du CD et du DVD ?

Yann : Moi, je suis un peu celui qui est à cheval sur l’image. Enfin on l’est tous un peu. Il faut savoir qu’avant Eric, on bossait avec Laurent Seroussi (NDLA : photographe-graphiste parisien qui a aussi œuvré pour No One Is Innocent, -M-, NTM…) Il faut savoir qu’il ést de plus en plus cher et de moins en moins accessible. Quand on a dû travaillé pour Failles, j’avais déjà cette idée de portrait et j’en avais parlé à Laurent Seroussi. Laurent me dit : « Ouais, mais fais-moi le casting. » Je me suis dit : « Houlà, ça va pas être simple de faire ça avec lui. » Et j’avais déjà vu le travail de Canto. Je passe un coup de fil à Eric qui est un vrai fan de rock. Laurent aussi. Mais Eric c’est un gros passionné de rock français et un fan de Mass. Quand je l’ai eu au téléphone, il me sort : « Mec, si tu me demandes de faire un truc pour Mass putain… » Ca m'a surpris, son attitude. On s’est rencontré à Paris, on a bouffé ensemble et de là est partie notre collaboration. Il nous a suivi…

Sebrouxx : Sur combien de dates ?

Yann : Plein de fois. Il est venu en tour-bus avec nous. Dès qu’on jouait un peu dans le Sud, près de chez lui, il est venu. Il a fait des trucs de deux/trois jours. Il a shooté tellement de trucs qu’à un moment donné que moi, je l’ai appelé pour lui demander si ça ne le brancherait pas de faire Mass Hysteria par Eric Canto. Je ne savais pas comment ça aboutirait ce trucs-là, sûrement un livre. Et moi qui suis un vrai passionné de photos, voir un bouquin de photo de Mass, de luxe… Eric m’a dit :  « OK. » On en a parlé à notre manager et on est parti là-dessus.

Stéphan : Tu sais, c’est le format deux fois A4, panoramique, avec des photos en Haute-Définition. C’est dingue et impressionnant.

Yann : Puis maintenant où tout est presque dématérialisé à commencer par les CD, t’es obligé de sortir de belles choses, à commencer par les pochettes d’album.

Sebrouxx : Et les livrets aussi.

Yann : Il faut qu’un CD reste un objet culturel, au-delà de la musique. Faire un livre de photos, c’était aussi l’idée de sortir un objet culturel. Et puis parce que Canto, c’est vraiment un très bon photographe. Et ce livre ne sera disponible que sur notre site web (NDLA : en précommande à l’adresse suivante http://masshysteria.bigcartel.com, à partir du 6 Juin, pour un envoi le 27 Juin).

Raphaël : Et ça conclut bien a tournée et toute la période Failles.

Stéphan : Puis c’est vraiment de la photo très Haute-Définition, ce qu’on doit faire de mieux aujourd’hui.

Sebrouxx : Il est bien équipé, le Monsieur, pour l’avoir croisé dans les pits à quelques reprises. Il y a un autre “ami” de Mass qui figure au sein du DVD. Vous me coupez si vous ne voulez pas ou plus en parler. Je fais allusion au Député-Maire de Denain, Patrick Roy, décédé il y a quelques semaines maintenant.

Mouss : Non, y a pas de problème. Au contraire même.

Sebrouxx : Il figure dans les remerciements. Je souhaitais savoir si vous n’aviez pas songé à insérer, dans le documentaire ou avec les archives live, cette fameuse vidéo extraite des Metallurgicales où il monte sur scène pour jouer “Furia” avec vous ?

Mouss : Tu sais, Patrick Roy, c’est lui qui est venu vers nous.

Stéphan : Tu nous parlais tout à l’heure de notre engagement. Il est là aussi. On a rencontré une personne d’un parti politique qui correspond plutôt à nos affinités.

Yann : Et puis, lui, il nous a rencontré pour la musique. Lui, c’était un passionné de musique. A table, il nous a sorti ce jour-là que son rêve, c’était de monter sur scène. Il l’avait déjà fait. Mais monter sur scène, avec un groupe de metal, je suis content de lui avoir permis ça.

Stéphan : Je l’avais déjà vu avec Ange sur scène. Je suis aussi content de lui avoir permis ça.

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Sebrouxx : Donc cette vidéo, elle est disponible sur le Net, elle y reste et c’est très bien ainsi.

Mouss : Je lui avait dit de venir faire “Furia” à la Maroqu’. Et il m’avait dit :  « Si j'y vais, ce sera ma plus grande revanche. » Et il n’est pas venu. On savait à ce moment-là qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. C’est clair que si le DVD n’avait pas été près avant, on le lui aurait dédicacé. (silence). Enfin on n’a pas besoin de ça pour lui rendre hommage.

Sebrouxx : Plus "réjouissant" si vous permettez et vraiment, je coupe cette partie si vous le souhaitez.

Mouss : Non, non, au contraire.

Sebrouxx : Passons d’un festival à un autre, en l’occurrence des Metallurgicales au prochain Sonisphere. Déjà, est-ce finalement la dernière date de la tournée Failles ou une date à part ?

Raphaël : Ca devait être la Maroquinerie et on nous a proposé ça.

Yann : On a commencé à tourner avec Metallica (NDLA : aux Arènes de Nîmes le 7 juillet 2009, avec M.O.P.A en première partie également) et on à l’opportunité de la finir avec eux.

Sebrouxx : OK, donc vraiment, ce n’est pas une date à part. C’est une date de Failles à part entière, sur probablement la plus grosse scène que vous ayez foulée depuis le début de votre carrière, non ?

Mouss : Oh non, la plus grosse scène, c’est les Vieilles Charrues.

Sebrouxx : Ah oui, c’est plus conséquent que le prochain Sonisphere France ?

Mouss : Ouais, tiens, ils s’attendent à combien ?

Yann : Je crois que c’est 40000 par soir.

Sebrouxx : Et connaissez-vous déjà votre horaire de passage ?

Raphaël : Ca, c’est la grosse inconnue. Honnêtement, je ne peux pas dire encore.

Sebrouxx : Avez-vous prévu quelques surprises pour l’occasion ? Une reprise ? Un “Seek and Destroy” en entier cette fois, pas un simple extrait comme sur la version live de “L’Archipel des Pensées” ?

Raphaël : Je pense qu’on ne va pas en avoir le temps. D’autant qu’on aura pas joué depuis la Maroquinerie.

Mouss : Y aura pas de bla-bla mais on n’y va pas pour jouer aux osselets. On y va pour quarante minutes plein-pot.

Sebrouxx : Imaginez-vous en tant que spectateur de ce Sonisphère avec cette affiche. Si vous devez faire le déplacement pour un seul et unique groupe, lequel serait-ce ?

Raphaël : Slayer et Metallica.

Stéphan : Slayer. Et Loudblast.

Raphaël : Ah bon, pas Dream Theater ?

Sebrouxx : Dis pas de mal de Dream Theater, tu aurais pu être leur prochain batteur. Nico, à ton tour pour TON groupe du Sonsiphere ?


Nico : Gojira. Loudblast.

Mouss : Gojira.

Sebrouxx : Et toi Jehanne (NDLA : Responsable entre autres des relations presse du label at(Home), en charge de Mass Hysteria) ?

Jehanne : Je dirais Mass Hysteria.

Le groupe (rire général) : Voilààààààà !

Sebrouxx : Et toi, Yann ?

Yann : Loudblast et Metallica.

Sebrouxx : Dernière question. Imaginez-vous en 2026. Mass Hysteria fête ses 30 ans de carrière. Il sort d’une tournée internationale de plusieurs années. Pour ce faire, le groupe sort un documentaire, le second de sa carrière après celui paru en 2011. Vous les voyez comment, les Mass, dans quinze ans ?

Raphaël (rires) : Oh putain, mec. Ca va me faire quel âge ? Dans les 55 ans ! Putain, ce serait beau mais remarque, ca passe vite quinze ans.

Mouss : Je ne sais pas: avec un détachement total. Si on le fait, ce sera vraiment pour s’amuser. Avec une cane.

Sebrouxx : Regarde tous les Glenn Hugues, David Coverdale. Ca va, ils ne font pas encore de la peine, non ?

Yann : Regarde aussi les Metallica et les Slayer : ils ont entre 45 et 50 ans. Ils font encore le truc. Quand je vois un concert de Metallica, ça va quand même.

Raphaël : Pareil pour Steven Tyler et Aerosmith. Et Angus, de AC/DC, à 56 ans sur scène. Et Lemmy !

Mouss : Angus, c’est le meilleur exemple. Même Brian Johnson. Mais pour revenir à ta question, j’ai jamais pensé à ça mais ça peut être amusant.

Sebrouxx : Je vous laisse le mot de la fin pour les lecteurs des Eternels. Un prochain album, une autre anecdote, un coup de cœur, un coup de gueule, un scoop, un truc à vendre : sujet libre. Et merci encore de votre accueil.

Yann : L’anecdote, c’est qu’on a une réunion après pour aborder tout ça. J’espère vraiment que ce DVD va causer aux gens et surtout à ceux qui ont lâché Mass Hysteria à un moment donné. Qu’ils y jettent un œil.

Mouss : Et avant les élections de 2012, un petit album de Mass Hysteria. On va s’y mettre cet été… d’où la réunion post-interview. Mais merci à toi vraiment. Et merci pour les bières !


Crédits photos & Images: Music I'd Like to Film / At(h)ome / masshysteria.com / Creeping / SnRx

Merci à Jehanne et au  label AT(h)OME
Merci à l'épicerie NAMO BIO



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