Riverside

Entretien avec Piotr Grudziñski (guitare) - le 14 mai 2009

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Blackmore

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Cosmic Camel Clash

Une interview de




Riverside_20090514

Anno Domini HD de Riverside (chronique ici) semble bien parti pour être un des albums référentiels en termes de metal progressif cette année. L'interview par téléphone avec le leader Mariuzs Duda était calée, mais surprise c'est le guitariste Piotr Grudziñski qui nous appela, s'excusant presque par avance de ne pas avoir grand-chose à dire. Modestie exacerbée, peut-être... car l'entretien qui suit prouve le contraire.


Cosmic Camel Clash : Vos trois premiers albums s’inscrivaient dans un concept, la Reality Dream Trilogy. Le fait qu’Anno Domini HD ne s’inscrive pas dans ce concept vous a-t-il donné plus de liberté en tant que musiciens ?

Piotr Grudziñski : Bien sûr, et nous recherchions ce genre de liberté. La trilogie a apporté beaucoup de succès au groupe, grâce à elle nous sommes devenus connus au-delà de la Pologne, voire même en-dehors de l’Europe. Mais d’un autre côté cette trilogie nous a apporté une certaine sécurité au niveau musical, et les trois albums en question ont beaucoup de points communs. Nous voulions consciemment ne pas prendre de risque et nous inscrire dans cette vague progressive. Mais maintenant que la trilogie est achevée, nous nous sommes dit qu’il était temps de jouer les choses différemment, de changer de point de vue et de nous exprimer différemment. C’est pour ça que cet album est ce qu’il est, en particulier son côté beaucoup plus rock.

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Cosmic Camel Clash : C’est effectivement votre album le plus heavy... et ça colle parfaitement avec votre musique. Est-ce une dimension que vous souhaitez pousser encore plus à l’avenir, ou bien doit-on s’attendre à un retour au calme à un moment donné ?

Piotr Grudziñski : Je ne sais pas pour l’instant. Nous sommes en pleine promotion de Anno Domini HD et il est effectivement notre album le plus violent. Mais je ne sais pas du tout ce qui adviendra à l’avenir, et en fait nous ne voulons pas vraiment y penser pour le moment. Nous ne voulons pas penser à la prochaine étape. Je pense qu’il est bon pour un groupe de rester imprévisible, et même avec Riverside nous avions sorti l’EP Voices In My Head qui était très différent de ce qu’on peut entendre dans la Trilogie. C’était plus electro et atmosphérique, par exemple... et comme nous aimons aussi cet aspect de la musique, il se peut que notre prochain album soit plus électronique, ou alors nous introduirons des éléments symphoniques ! Je ne sais pas, et le fait est que cette fois-ci nous voulions montrer notre face rock. Nous avons des racines métal et nous écoutons du rock et du métal très souvent, même si ce n’est pas forcément autant que par le passé. De plus durant la tournée avec Dream Theater nous avons joué aux Monsters of Rock, et nous nous sommes retrouvés à partager la scène avec des groupes comme Slayer, Motörhead, Mastodon... Face aux metalheads du public nous avons essayé de jouer d’une manière aussi heavy que possible, mais nous avions peu de chansons heavy à jouer. La plupart de nos titres étaient assez soft, donc nous nous sommes dits qu’il serait cool d’avoir des chansons plus brutales à jouer dans ce genre de circonstances. En plus nous sommes vraiment des métalleux ! Le batteur Piotr en particulier est un énorme fan, y compris de black et de death. Du coup c’est naturel pour moi de jouer ce genre de choses : les gens se sont habitués au côté soft de Riverside, et c’est aussi pour ça que nous voulions mettre un autre type d’humeur en avant. Nous avons voulu faire quelque chose de plus brutal, mais qui reste quand même du Riverside... et je pense que nous y sommes vraiment arrivés. On peut reconnaître sans problème le groupe en écoutant les chansons.

Cosmic Camel Clash : La scène métal prog est saturée depuis longtemps, avec énormément de groupes qui réutilisent les mêmes gimmicks musicaux à la Dream Theater. Votre dernier album ne tombe pas dans ce piège... est-ce parce que vous avez conscience de cet état de fait ? Avez-vous voulu éviter ce piège ?

Piotr Grudziñski : Comme beaucoup de musiciens je pense, ce qui me vient en premier est qu’il y a déjà un Dream Theater... donc si un groupe décide consciemment de faire la même chose ça n’a aucun sens à mes yeux. En tant que musicien, si on veut créer quelque chose il faut être original ou au moins essayer. De ce point de vue, j’espère que les groupes-clones de Dream Theater qui existent n’ont pas conscience qu’ils sont des clones. Avec Riverside, nous essayons de tracer notre propre voie... mais même si nous avons le sentiment d’avoir écrit un morceau original à nos yeux, on trouvera toujours des gens pour comparer ce que nous faisons à Porcupine Tree par exemple. C’est aussi le fait du besoin des gens de comparer les choses entre elles. Donc en ce qui me concerne, je peux juste dire que nous essayons vraiment d’être originaux et qu’à nos oreilles notre musique est différente de celle des autres groupes de progressif. Mais j’ai aussi conscience que nous sommes les moins bien placés pour affirmer ce genre de chose, en particulier par rapport aux gens qui écrivent les critiques.
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Cosmic Camel Clash : Beaucoup de gens ont critiqué Dream Theater car ils ont l’impression que le groupe a cessé d’évoluer musicalement à un moment donné. Penses-tu que c’est lié au métal prog, que c’est un genre où il est facile d’atteindre ses limites ? Est-ce que c’est quelque chose qui vous effraie ?

Piotr Grudziñski : Je ne pense pas que c’est un problème propre au rock progressif, je pense que c’est un problème propre à tous les musiciens voire à tous les artistes. Il y a toujours un moment où on est plus doué dans ce qu’on fait , il y a toujours un moment où on l’est moins... vu qu’on parle de Dream Theater, je pense que ce groupe a arrêté de faire e la musique à un moment donné. Ils en sont arrivé au stade où ils ne font qu’exposer leurs capacités techniques. Ce sont tous d’incroyables musiciens et les gens adorent les voir live à cause de ça, mais personnellement j’ai arrêté d’écouter Dream Theater car je n’arrive plus à trouver de choses intéressantes dans leur musique. Il n’y a pas de mélodies qui me parlent, comme il y en avait dans Images & Words et Awake qui sont à mon sens de très grands albums. Je ne retrouve plus ce genre d’émotion dans le Dream Theater actuel, donc j’ai arrêté d’écouter les albums. Je ne sais pas ce qu’ils ont en tête quand ils écrivent de nouveaux albums, j’imagine qu’ils pensent composer de la grande musique, et quelque part c’est le cas d’un point de vue technique. Mais j’ai croisé beaucoup de monde qui aiment beaucoup Dream Theater en tant que groupe mais ne supportent pas leurs dernières compos. Elles se ressemblent toutes, elles sont très rapides et dépourvues de mélodie. Peut-être qu’avec Riverside nous atteindrons également un point où nous n’arriverons plus à être créatifs et où nous nous mettrons à tourner en rond. Je ne sais pas... mais j’espère que ça ne nous arrivera pas pendant les quelques années à venir.

PhotoCosmic Camel Clash : Sur le titre "Egoist Hedonist", on trouve une section cuivres totalement inattendue. Où avez-vous pêché cette idée ?

Piotr Grudziñski : (rires) Toutes nos chansons sont écrites dans notre salle de répète, nous essayons de ne rien écrire en studio ou presque. Une fois nous étions en train de travailler sur cette chanson, nous improvisions... et notre claviériste s’est mis à jouer avec un son de trombone. Ça nous a fait rire car nous sommes fans de la vieille série télévisée Les Rues de San-Francisco, et que ce son de clavier nous faisait sonner comme un groupe des seventies. Puis nous nous sommes demandés si nous ne pouvions pas carrément faire appel à un vrai joueur de trombone plutôt que d’utiliser un synthé... et une chose en entraînant une autre, nous avons fini par faire appel à toute une section de cuivres. C’est juste venu comme ça, suite à une jam, c’est le fruit de notre plaisir à faire de la musique.


Cosmic Camel Clash : Vous avez changé de studio et de producteur. Pourquoi donc ?

Piotr Grudziñski : Pour commencer, le fait de changer de studio et d’ingé son allait de pair avec le fait que nous avions décidé de prendre une approche différente pour ce nouvel album. Quand on travaille trop longtemps avec les mêmes personnes, on finit par remarquer qu’ils ont leur propre manière de travailler. Du coup même si on essaye de faire les choses autrement le résultat finit par sonner invariablement comme ce qu’on avait fait auparavant. Donc si on veut vraiment changer sa musique, il faut tout changer... y compris de studio et d’ingé-son. Le changement dans notre son est par exemple purement le fait du changement de producteur, car de notre côté nous avons joué sur les mêmes instruments et les mêmes amplis que les albums précédents. Mais les ingé-sons ont toujours leur propre recette pour enregistrer le son, untel utilise tel ou tel préampli, tel ou tel micro, et au final leur « patte » est toujours très présente. Donc vue notre intention c'était une étape indispensable.

Cosmic Camel Clash : L’album donne l’impression d’avoir été pensé dans les moindres détails, il dégage une forte impression de perfectionnisme. A-t-il été particulièrement dur à mettre en boîte ?

Piotr Grudziñski : Je ne sais pas... comme la plupart des musiciens j’imagine, j’ai toujours eu l’impression, album après album, que nous n’avions pas eu assez de temps pour pouvoir faire les choses aussi bien que nous l’aurions voulu. Heureusement cette fois-ci nous avons eu beaucoup plus de temps, nous avons pu planifier en détail la totalité des sessions d’enregistrement, et par conséquent nous avons vraiment pu faire 99% de ce que nous avions prévu. Donc... je ne sais pas (rires) ! Nous pouvons être très organisés parfois (pas tout le temps), mais il y a toujours des choses qui font que ce que tu avais prévu part en vrille. Par exemple nous avons dû boucler l’album précédent Rapid Eye Movement beaucoup plus vite que prévu car la tournée avec Dream Theater arrivait et que nous voulions absolument la faire. Du coup beaucoup de choses n’ont pas été faites comme prévu car il fallait boucler l’album en vitesse. Nous n’avons pas eu ce genre de contrainte avec le dernier, mais on peut toujours se dire que si nous avions disposé d’une semaine de plus nous aurions fait bien mieux ! Mais bon, nous sommes très contents du résultat tel qu’il est.

Cosmic Camel Clash : Est-ce que la musique d’Indukti a eu une quelconque influence sur la vôtre ?

Piotr Grudziñski : (froid) Non.

Cosmic Camel Clash : Je demande juste ça parce que je sais que les deux groupes sont proches, et...

Piotr Grudziñski : (me coupant) Ils jouent un style de musique différent du nôtre, que j’aime bien... mais que je n’adore pas non plus. Je peux écouter trois ou quatre de leurs chansons, mais ensuite ça devient trop pour moi car leur manière de jouer et leur son me donne mal au crâne. Je ne peux donc pas les écouter plus que ça, et je pense qu’ils sont très différents de Riverside.
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Cosmic Camel Clash : Vous êtes signés chez Inside Out depuis un petit moment, et c’est un des plus gros labels de prog. Est-ce que ça a changé votre quotidien, par exemple est-ce que vous avez pu devenir professionnels et lâcher vos boulots ?

Piotr Grudziñski : Ça fait quatre ou cinq ans que nous sommes chez eux, donc bien sûr beaucoup de choses ont changé depuis. Je ne sais pas si avoir un contrat avec ce type de label suffit pour qu’on puisse se définir en tant que musicien pro. Bien sûr nous ne jouons pas une musique commerciale donc nos revenus n’ont bien sûr rien à voir avec ceux d’une pop star. Il nous fallait de toutes façons quitter nos emplois, car si tu veux promouvoir ta musique et partir en tournée tu as besoin de plus de vingt-six jours de vacances dans l’année... et en Pologne c’est ce à quoi a droit un travailleur. Pendant deux ans nous avons gardé nos boulots tout en jouant de la musique, et la totalité de ces vingt-six jours a été employée à donner des concerts. Du coup nous n’avions plus de temps libre du tout. Il a fallu prendre une décision... tous les membres du groupe prennent leur engagement très au sérieux, tout le monde voulait continuer, donc il fallait bien faire un choix. Notre batteur et notre claviériste n’ayant pas de boulot fixe, c’est surtout Mariusz (Duda, basse et chant) et moi qui avons dû nous décider. Être un musicien en Pologne est assez risqué, on ne sait de quoi l’avenir sera fait... mais je pense que nous avons pris la bonne décision. Nous ne gagnons pas beaucoup d’argent mais nous réussissons à vivre, et faire quelque chose dont nous avons toujours rêvé, être un peu plus qu’une personne ordinaire... chaque jour est différent. Un jour on est en Allemagne, un autre on est aux USA, un autre on est en studio en train d’enregistrer un nouveau disque... c’est quelque chose à vivre.


Crédit photos : Inside Out


Questions : Blackmore
Traduction / transcription : CCC


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