Mirrorthrone

Entretien avec Vladimir - 1ere partie - le 11 juin 2008

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Lucificum

Une interview de




Mirrorthrone_20080611

Il y a des choses bonnes que l'on a envie de garder pour soi, de ne pas partager et de se garder égoïstement, avec le sentiment de posséder une chose que peu de gens ont la chance de connaître. Et puis des fois, c'est l'inverse, on préfère annoncer à tous la bonne nouvelle, crier sur les toits son admiration ou son amour et partir en mission afin de diffuser l'objet de sa joie à tous les vents. C'est ici le cas avec le génial Gangrene (chronique ici), le dernier album du méconnu Mirrorthrone. Il était donc impératif de vous présenter Vladimir, celui par qui tout arrive dans Mirrorthrone...



Lucificum : Commençons par les questions un peu basiques : peux-tu présenter Mirrorthrone pour les lecteurs du site qui ne connaîtraient pas…?

Vladimir : En fait, il n’y a pas dix mille choses à dire. J’ai commencé ça à peu près en 2000, c’était un de mes projets supplémentaires qui venait s’ajouter à ma liste de projets solos…même si en fait à l’époque je n’en avais qu’un seul, Weeping Birth, projet plutôt black/death, assez violent. J’ai voulu entamer quelque chose d’un peu plus calme, j’ai donc commencé Mirrorthrone. Au début j’étais dans un trip un peu romantique, tant au niveau des textes que de la musique, j’ai fait quelques morceaux qui sont sortis en démo sur Red Stream, aux alentours de 2003. En 2006, j’ai fait l’album Carriers Of Dust qui était plus violent et au niveau des textes plus glauque. Et en 2008, Gangrene, qui est la suite de Carriers Of Dust puisque j’ai enregistré les deux albums en même temps mais j’en ai fait attendre un pas mal de temps sur mes disques durs avant de le mixer à nouveau.

Lucificum : Oui, il me semblait avoir vu sur ton site qu’il avait été composé en 2005, pourquoi tant de temps entre les deux ?

Vladimir : J’avais composé beaucoup de morceaux et je ne pouvais pas les sortir sur un seul album, ça aurait été un peu nul. Je voulais attendre quelque chose comme une année et puis j’ai été pris dans divers projets et ça a été difficile de me mettre à remixer, je n’avais pas tellement le temps. J’y ai passé énormément de temps, je n’étais jamais content du son de guitare, j’avais fait une prise qui ne me plaisait pas vraiment. Finalement, après avoir passé des semaines et des semaines à bosser dessus de temps en temps, j’ai fini par faire quelque chose qui me plaisait passablement. Je n’ai pas du tout d’impératifs avec Red Stream, je suis vraiment libre de faire ce que je veux, ils ne m’imposent rien…du coup quand je traîne, je traîne. C’est un peu le problème quand on n’a pas de délai, on peut laisser traîner le truc pratiquement toute sa vie.
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Lucificum : Je me rappelle avoir lu dans une interview que pour Carriers Of Dust, "A Scream To Express The Hate Of A Race" avait été un point de départ, y en a-t-il eu un pour Gangrene, ou bien tout a été composé à la même époque ?


Vladimir : Non, pas tout a fait. Je ne sais plus comment j’ai composé quel morceau, ni de quand exactement ils datent. Je peux juste dire que le dernier morceau, "So Frail" a été composé et enregistré en 2007, il fait donc un peu figure à part, c’est aussi pour cela que je l’ai mis en dernier mais pour le reste… je ne peux pas trop dire. "Dismay", le premier morceau de l’album, est un peu différent du reste, mais il n’y a pas vraiment de point de départ. C’est vraiment un melting pot.

Lucificum : Même si tout a été composé à la même époque, j’ai l’impression que Gangrene est légèrement moins violent que Carriers Of Dust, avec un chant clair qui prend plus de place, on y trouve aussi un peu de guitare acoustique…c’était une évolution ou une autre facette de Carriers Of Dust ?

Vladimir : C’est une bonne question, mais je ne sais pas si je peux vraiment y répondre. Je note aussi qu’il y a deux-trois passages un peu plus calmes, mais il me semble qu’il y a quand même pas mal de passages très brutaux, voire plus brutaux si on les isole. Je pense que l’album est un tout petit plus ouvert, et ça, ça doit probablement être quelque chose qui ressemble à une évolution. Je vais faire de plus en plus de choses diversifiées avec des passages de plus en plus calmes, et on pourra imaginer aussi d’autres passages de plus en plus violents, je ne sais pas encore. L’évolution de Mirrorthrone, c’est un peu la grande question. Je n’ai pas vraiment de nouvelles compositions, j’ai des bouts de riffs à droite à gauche, mais pas encore de morceaux complets. Si on peut essayer d’imaginer une évolution, c’est à partir de "So Frail" qui est un morceau beaucoup plus simple dans sa structure. Je ne sais pas du tout comment sera le prochain album, je ne pense pas refaire des morceaux de vingt minutes, ou pas beaucoup… mais en fait je n’en sais rien.

Lucificum : C’est vrai qu’on note sur "So Frail" – et un peu sur "Dismay" aussi – des sons légèrement electro… est-ce une chose qui sera intégrée à Mirrorthrone ?

Vladimir : Non, je ne pense pas. Je ne suis pas fan d’electro. Sur "Dismay", on le sent clairement, sur "So Frail", à part dans l’intro, je ne vois pas trop… mais je ne vais clairement pas aller par là. L’electro metal n’est pas un style qui m’attire… même si j’utilise des boites à rythmes, je ne suis pas fan du tout des trucs électroniques (rires).

Lucificum : Y a-t-il une thématique générale derrière Gangrene ?


Vladimir : Non, ce n’est pas un album concept, c’est sûr. On retrouve des préoccupations qui sont un peu dans tous mes textes et mes projets, ce coté un peu glauque… il y a ce morceau "Une Existence dont plus Personne ne Jouit" qui est un titre sur le suicide, avec cette atmosphère un peu plombée, un sentiment de ne pas être à sa place, c’est un peu la thématique que l’on retrouve partout. Même "So Frail", qui est censé être un texte un peu optimiste, et qui parle de sentiment un plus positif, s’appelle "So Frail" (ndlr : « si fragile »), et donc qui parle de fragilité…

PhotoLucificum : Comment se passe le processus d’écriture d’une chanson…tu pars du texte ou de la musique ?

Vladimir : C’est anarchique. C’est très émotionnel, comme composition. Je vais composer à un moment où j’ai besoin d’exprimer quelque chose et ça va sortir un peu tout seul. Il y a une tonalité qui va être celle de mon vécu au moment où je compose, et puis on va le retrouver dans l’atmosphère du morceau. Les textes seront en rapport et la musique devrait aller dans ce sens, ou en tous cas l’interprétation des vocaux. Sur "So Frail", il y a quand même un côté assez fragile dans les voix claires, ça n’est pas un morceau très agressif. C’est vraiment une écriture émotionnelle, pas du tout réfléchie ni mathématique, ça coule vraiment tout seul. Je compose un morceau un peu comme j’écrirais une lettre, c’est l’image que je donne en général car je trouve que c’est la meilleure. J’ai envie d’écrire à quelqu’un, de lui raconter une histoire, mais je ne sais pas comment. Et puis je la raconte en étant moi-même surpris de voir les choses s’écrire sur le papier.


Lucificum : Et comment décides-tu qu’un titre va être en anglais ou en français ? À quel moment cela vient ?


Vladimir : C’est vraiment une question à laquelle j’ai du mal à répondre…je n’en sais rien ! Quand je réfléchis à pourquoi j’écris un texte en francais plutôt qu’en anglais, je n’en sais rien. Avec Unholy Matrimony, mon projet black metal, en principe je privilégie le français, donc ça va tout seul, mais autrement je ne sais vraiment pas pourquoi à un moment donnée je décide d’écrire ça en français ou en anglais. En général j’écris la musique d’abord, ensuite les textes viennent, et c’est en entrant dans la musique que des mots viennent pour traduire certaines émotions et si le premier mot vient en anglais, je vais l’écrire en anglais, et si c’est du francais je continue sur le francais. Je n’ai vraiment aucun impératif.

Lucificum : Comptes-tu dans le futur utiliser d’autres langues, telles que l’allemand ?

Vladimir : Je maîtrise mal l’allemand…j’en ai utilisé un petit peu pour Weeping Birth, où il y a deux-trois passages chantés en allemand, mais ce ne sont vraiment que des morceaux de morceaux… je ne trouve pas ça forcément génial d’utiliser toutes les langues pour le fun. À la base, on chante en anglais parce qu’on écoute une musique généralement chantée en anglais, et peu importe le genre qu’on fait, on va en principe mettre un chanteur en anglais par souci de conformité avec la scène musicale. Mais j’écris personnellement mieux en francais qu’en anglais, je suis francophone de langue maternelle, j’ai donc switché sur le français.

Lucificum : On a parfois l’impression que tu as du mal à finir les chansons… as-tu cette sensation ?

Vladimir : En général, pas vraiment. Sur certains morceaux, je peux comprendre qu’on ait l’impression qu’il n’y ait pas forcément de fin, que ça soit un peu lancé comme ça…De toutes façons, c’est personnel comme sentiment, ce n’est pas quelque chose que l’on peut vraiment débattre. A priori je n’ai pas vraiment de problème à monter mes morceaux, je n’ai pas une structure classique, comme souvent dans le metal qui s’écarte des schémas que l’on trouve dans les morceaux pop… Mais bon, même si on prend des styles plutôt violents où tout est assez balisé avec des morceaux qui ne dépassent pas trois minutes, on sent une structure de morceau qui se retrouve un peu partout. Mirrorthrone, c’est tout le contraire, avec des titres de vingt minutes, ça part dans tous les sens…
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Lucificum : Tu te dis très inspiré de tes lectures philosophiques, peux-tu nous en parler un peu plus précisément… quels sont les thèmes, auteurs ou idées qui te sont chers ?


Vladimir : Là je suis en train de finir mes études de philosophie, je suis au bout de mon périple donc… peut-être que mes lectures philosophiques vont s’arrêter maintenant (rires). Personnellement, j’aime bien tout ce qui est phénoménologie, j’aime bien Husserl, Heidegger…ce genre de sensibilité là me parle pas mal. Mais je pense que la plupart des gens qui lisent mes textes et qui sont dans l’univers metal verront plutôt du Nietzsche, qui est forcément une influence… difficile de ne pas être influencé par lui dès qu’on fait un peu de philo et de metal en même temps ! Là, on touche vraiment à des auteurs qui me plaisent bien. Sinon, dans un registre qui n’a rien à voir, j’aime bien le soi-disant philosophe Pyrrhon (ndlr : philosophe sceptique d’origine grec, vers 300 av J.C.) qui n’a pas écrit une seule ligne puisqu’il n’y avait rien à écrire. J’aime bien cette pensée là, cette pensée antique.

Lucificum : Et comment fais-tu le lien entre la musique et ce côté philosophique de tes textes ?


Vladimir : Je ne sais pas s’il y a nécessairement un lien. S’il devait y en avoir un, ça serait vraiment ce côté émotionnel. J’ai un vécu intellectuel et émotionnel que je traduis en musique, car c’est pour moi un accès plus privilégié à certaines sphères, on a automatiquement envie de traduire certaines émotions par des mots et ces mots sont d’inspiration philosophique. Mais je ne prétends pas écrire de la philo avec Mirrorthrone.

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Lucificum : On sent tout de même que c’est baigné dans une culture qui est un peu différente de ce que l’on trouve habituellement dans le black metal…

Vladimir : Justement… je ne suis pas forcément très fan des textes qu’on y trouve habituellement.

Lucificum : Question dont je prédis un peu la réponse mais… verra-t-on un jour Mirrorthrone sur scène ?


Vladimir : (rires) Je n’en sais rien ! Ça va dépendre de beaucoup de choses. A priori, non, je ne ressens pas le besoin de me mettre en scène, je suis plutôt quelqu’un de l’ombre. J’aime bien préparer des choses et une fois qu’elles sont prêtes, on les sert et puis ça s’arrête là. Je n’aime pas la représentation, toutes ces attitudes de scène très codées, avec des exigences précises auxquelles il faut répondre… ça ne m’intéresse pas particulièrement. En plus de ça, j’aurais passablement de difficultés à recruter des musiciens par ici pour monter un line-up un peu solide. Des batteurs qui peuvent assumer Mirrorthrone…(rires), il ne doit pas y en avoir beaucoup ! Ou alors il faudrait simplifier, mais ça m’embêterait… peut être qu’un jour j’en aurais envie - on n'en sait rien, on se découvre des envies qu’on ne se serait pas imaginé - mais outre cela, il va peut-être y avoir des impératifs pour la promo, par exemple. Obligé de montrer un peu mon visage…

Lucificum : Et à l’heure actuelle, ce ne sont pas des choses dont tu as envie ?


Vladimir : Non, pas du tout. En plus, je ne vais jamais aux concerts, ça ne me plait pas particulièrement. J’aime écouter de la musique seul chez moi, tranquillement, ce sont pour moi les meilleures conditions plutôt qu’une salle pleine de gens en train de hurler. J’y vais de temps en temps, mais pas tellement pour voir du metal. Le dernier groupe que je suis allé voir c’était les Smashing Pumpkins qui repassaient en Suisse après des années de pause, mais je vais très rarement à des concerts.

Lucificum : On a la sensation que tu ne te sens pas spécialement concerné par la promotion de tes œuvres…


Vladimir : Je ne suis pas non plus du genre Hate Forest à rester dans mon coin et à ne vouloir parler à personne… mais j’ai un label américain, donc du coup ils font plutôt leur promo sur leur continent, et l’Europe ils ne connaissent pas tellement… j’avais fait un peu pression pour qu’avec Carriers Of Dust ils investissent un tout petit peu, ils ont donc mis un morceau sur le CD sampler de Metalian mais sans mes gémissements (rires), ils n’auraient jamais fait ça ! L’Europe, ils laissent tomber. Ils ont un bon réseau de distribution, donc si on veut trouver le CD, on le trouve, mais ils n’investissent pas tellement… hélas.



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